#73 Il vaut mieux s'occuper du changement avant qu'il s'occupe de vous !

#73 Il vaut mieux s'occuper du changement avant qu'il s'occupe de vous !

Bonjour à toutes et tous,

Vous trouverez cette semaine les articles suivants :

  • Elon Musk ou l'idéal desséchant des temps modernes
  • L’IA, un moteur fragile alimenté par une chaîne de valeur interdépendante
  • 10 000 000 futurs de l’IA en synthèse
  • Cela s’accélère encore …
  • Quelques statistiques qui illustrent notre monde
  • Malgré tout, n'oublions pas de rêver


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Bonne lecture et n'hésitez pas à me faire part de vos suggestions dont des sujets à traiter.

A la semaine prochaine.

Stéphane


Métamorphoses à l’ère de l’Intelligence Artificielle est en commande

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Elon Musk ou l'idéal desséchant des temps modernes

La fascination contemporaine pour Elon Musk, ce magnat de la technologie qui oscille entre visionnaire, sauveur autoproclamé de l'humanité et "seigneur" de Mars, illustre parfaitement la substitution progressive des valeurs fondamentales du collectif par le culte de la réussite individuelle. Mais cette réussite a quel coût ? Si Elon Musk est incontestablement lié à des innovations technologiques majeures et à des entreprises florissantes (au passage, il n’en est jamais le fondateur et sans l’aide de l’Etat américain qu’il pourfend aujourd’hui, il n’en serai pas là), il incarne également une érosion éthique que nous perpétuons voir vénérons quotidiennement en tant que société.

Dans notre admiration à peine voilée pour Elon Musk, nous négligeons les multiples zones d'ombre derrière les vitrines éclatantes de Tesla, SpaceX et X (anciennement Twitter). Ses déclarations publiques, souvent provocatrices, politiques, conspirationnistes et parfois révisionnistes, amplifient les discours polarisants tout en flattant des idéologies extrêmes. Sur le plan managérial, sa brutalité laisse une empreinte visible : licenciements massifs, absence de considérations humaines et une indifférence marquée vis-à-vis des responsabilités sociétales. Pourtant, nous persistons à nous accrocher à son récit héroïque de conquête. Nous dérivons sur X désormais transformé en arène pour la désinformation et les discours haineux. Nous applaudissons les prouesses de SpaceX tout en oubliant commodément qu'il exploite des rêves interstellaires pour éclipser les problèmes cruciaux de notre planète et que le taux de blessure du personnel est très supérieur aux autres acteurs. Bien sûr, c’est un moindre mal pour la survie de notre espèce dans l’espace …

Le problème central n’est pas cette personne mais notre complaisance collective. Nous continuons d'acheter des produits Tesla, d'utiliser X, et d'encenser sa vision, malgré ses multiples détournements des valeurs sociétales et il en va de même pour de nombreuses autres marques comme Shein par exemple. Ce faisant, nous renforçons un modèle de réussite axé exclusivement sur la performance individuelle et le prestige en sacrifiant les aspirations collectives. Dans le passé, nos rêves collectifs étaient portés par des causes nobles comme les droits civiques, la justice sociale, la durabilité planétaire, ... Aujourd'hui, nous nous résignons à une vision centrée sur l'enrichissement individuel et l'autocongratulation.

Elon Musk incarne une utopie individualiste : quitter la Terre, accumuler des richesses, et régner par la technologie. Mais ces aspirations bénéficient-elles à l'humanité dans son ensemble ? Certainement pas à ceux qui souffrent des conséquences de ses choix politiques et environnementaux. Ce futur réservé à une élite laisse peu de place à l'humain et encore moins à la solidarité. En favorisant ce paradigme, nous détournons le regard des fractures sociétales croissantes. Nous permettons à des égos de prévaloir sur des visions partagées ce qui ouvre la voie à un avenir dominé par les intérêts individuels plutôt que par des objectifs communs et in fine à une dictature techno de grandes entreprises comme le dénonçait le mouvement cyberpunk.

Nous devons abandonner cette posture de spectateurs passifs en tout cas ceux et celles qui n’adhérent pas à cette promesse de futur. Réaffirmons nos valeurs fondamentales : justice, dignité humaine, et éthique. Cela passe par un refus actif des modèles qui nous aliéneraient davantage. Bravo à Ouest France, à The Guardian et à tous ceux qui passent à l’acte. Certes, Elon Musk apporte des idées audacieuses et intéressantes. Mais des idées déconnectées de l’humanité ne peuvent que conduire à un vide sociétal. Si nous restons silencieux, nous serons complices d’un avenir déshumanisé et fragmenté. Ne scrollons plus, n’achetons plus, n’admirons plus sans recul. Construisons plutôt ensemble un futur digne d’être partagé pour nos descendants.


L’IA, un moteur fragile alimenté par une chaîne de valeur interdépendante

L’IA exerce une influence croissante sur l’économie mondiale en particulier en bouleversant les secteurs traditionnels, en redéfinissant les contours de l’innovation et surtout nos modèles sociétaux. Une étude de PwC prévoit que cette révolution pourrait injecter jusqu’à 15 700 milliards de dollars dans le PIB mondial d’ici 2030. Mais au-delà de ces projections mirobolantes, l’IA repose sur une infrastructure complexe et interdépendante. Son développement n’est ni autonome ni invulnérable. Derrière chaque algorithme performant se cache une chaîne de valeur fragile, composée de ressources critiques, de compétences spécialisées, de technologies stratégiques et de conditions géopolitiques instables. Une perturbation dans un seul maillon peut entraîner des répercussions à l’échelle mondiale. Comprendre ces dépendances est essentiel pour anticiper et atténuer les crises potentielles. Voici les sept plus importantes (l’environnement et l’impact sociétal ne sont pas présents car ils sont des conséquences et non des dépendances à court termes) :

Ressources minières et terres rares : le fonctionnement des infrastructures IA, des supercalculateurs aux data centers, repose sur des métaux rares comme le néodyme et le praséodyme, qui sont essentiels à la fabrication des aimants permanents des moteurs et des systèmes de refroidissement. Aujourd’hui, 80 à 90 % du raffinage mondial de quasi toutes les terres rares est réalisé en Chine (AIE, 2021). D’autres matériaux comme le cobalt qui est utilisé dans les batteries haute performance proviennent majoritairement de la République Démocratique du Congo (plus de 70 % des approvisionnements mondiaux, selon l’USGS). Des éléments indispensables à la fabrication des semi-conducteurs tels que le gallium et le germanium font l’objet de restrictions croissantes, en particulier dans le contexte des rivalités sino-américaines. Cette concentration géographique est une vulnérabilité forte face aux tensions géopolitiques ou aux perturbations de l’offre.

Infrastructures de fabrication de semi-conducteurs : la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) exerce une forte influence avec une emprise sur 56 % du marché mondial de la fonderie de semi-conducteurs. Ce leadership technologique positionne Taïwan comme un point central dans l’écosystème de production des semi-conducteurs et donc de l’IA mais aussi pour des secteurs comme l’automobile, l’électronique grand public, et les infrastructures de télécommunications. Cette dépendance mondiale envers TSMC est une vulnérabilité structurelle dans les chaînes d’approvisionnement. Toute perturbation dans cette région, qu’il s’agisse d’une sécheresse prolongée, d’un conflit géopolitique, ou d’une crise énergétique, pourrait entraîner des conséquences systémiques majeures. L’hyperconcentration géographique de cette industrie stratégique challenge la sécurité économique et technologique du reste du monde. Face à ces risques, des gouvernements comme ceux des États-Unis et de l’Union européenne, ainsi que des entreprises privées, tentent de diversifier les sources de production. Les initiatives incluent la construction de nouvelles infrastructures industrielles locales qui coûtent très chères et longues à mettre en place, le soutien à la recherche et développement dans les semi-conducteurs, et la promotion de partenariats stratégiques. La non dépendance n’arrivera pas rapidement.

Capacité de calcul et centres de données : l'entraînement de modèles d'IA de grande envergure (ceux d’OpenAI, Google, Meta xAI, …) mobilise des infrastructures de calcul massives et toujours plus importantes. Les centres de données qui hébergent ces modèles dépendent fortement d'une alimentation électrique continue, stable et économiquement accessible. Ces centres sont souvent situés dans des régions géographiques spécifiques où l'énergie est à faible coût. Ils ont néanmoins sensibles aux fluctuations des prix de l'énergie et aux perturbations des infrastructures. En 2024, les centres de données consommaient environ 0,5 % de la production électrique mondiale et cela va rapidement progresser. Les grands acteurs vont tenter de s’affranchir du marché de l’énergie en sécurisant leur approvisionnement en devenant directement ou indirectement des énergéticiens et le nucléaire a la côte comme l’ont montré Microsoft et Google.

Régulations et politiques publiques : les cadres réglementaires jouent un rôle déterminant dans l'évolution du secteur de l'IA. En Europe, des règlements tels que l’IA Act et le Digital Act imposent des normes strictes en matière de gestion et d'utilisation des données personnelles. Cela oblige les entreprises à des ajustements et mêmes à ne pas lancer certains services en contradiction avec ces règlements. À l'échelle internationale, des mesures telles que les restrictions américaines sur l'exportation de technologies avancées, notamment les puces de haute performance, freinent les avancées technologiques de certains pays. Par ailleurs, l'introduction de réglementations environnementales exigeant une réduction des émissions de carbone impose aux acteurs de l'IA d'intégrer des pratiques durables dans leurs processus. Evidemment, l’élection de Donald Trump et la sur puissance de son conseiller Elon Musk auront un impact fort sur ce qu’il sera possible de faire dans le futur.

Talents et compétences : la demande croissante pour des spécialistes hautement qualifiés (comme les ingénieurs en intelligence artificielle et les experts en semi-conducteurs) a exacerbé la concurrence entre entreprises. Les salaires offerts dans ce domaine atteignent des niveaux très élevés. Celai avantage les grandes multinationales au détriment des petites structures et des écosystèmes émergents. Cette pénurie de talents freine parfois l'innovation, prolonge les délais de recherche et développement, et contribue à renforcer les disparités entre les différents acteurs du secteur.

Dépendance aux logiciels et écosystèmes numériques : les outils logiciels et les plateformes numériques sont au cœur de l'écosystème de l'IA. Des frameworks tels que TensorFlow ou PyTorch, ainsi que les services de cloud computing proposés par AWS, Google Cloud et Azure, concentrent une grande partie des capacités technologiques dans les mains de quelques entreprises ultra dominantes. Cette centralisation augmente les risques de dépendance des utilisateurs vis-à-vis de ces plateformes et limite la diversité des alternatives. Ces entreprises ont un quasi monopole et ont les moyens d’orienter l’ensemble du marché selon leur bon vouloir.

Dépendance géopolitique et logistique globale : les récents événements mondiaux, notamment la pandémie de Covid-19, le conflit en Ukraine et les tensions sino-américaines, ont montré la fragilité des chaînes d'approvisionnement globales. Ces perturbations affectent particulièrement les composants critiques pour l'IA tels que les semi-conducteurs dont la production et la distribution peuvent être gravement entravées par des embargos, des sanctions ou des interruptions logistiques. Ces enjeux géopolitiques renforcent l'urgence de diversifier les sources d'approvisionnement, de développer des capacités de production locales et de renforcer la résilience des chaînes logistiques mondiales pour limiter les risques associés à ces dépendances.


Ces dépendances ne fonctionnent pas de manière isolée mais en interdépendance totale. Elles forment un écosystème global particulièrement fragile. Par exemple, une sécheresse à Taïwan pourrait ralentir la production de TSMC ce qui augmentera les prix des semi-conducteurs et limitera l’accès aux GPU nécessaires au déploiement de l’IA. Par ricochet, cela ralentirait la recherche et développement dans le domaine de l’IA sauf pour les plus fortunés qui ont d’ailleurs déjà des écosystèmes. De même, les restrictions américaines sur l’exportation de puces à forte capacité vers la Chine pourraient pousser cette dernière à limiter l’approvisionnement en terres rares et …


Des terres rares aux puces NVIDIA
Pour fabriquer un GPU NVIDIA, il existe de nombreuses dépendances : extraction des terres rares, transport jusqu’aux usines de raffinage en Chine, raffinage, transport des matières premières dont les produits raffinés à Taiwan dans les usines de TSMC (dépendance aux ressources humaines, à l’eau et à l’énergie), transport vers les assembleurs, assemblage, transport vers le client final.


Et demain ?

En 2025, plusieurs scénarios critiques pourraient se concrétiser. Elles concernent essentiellement des vulnérabilités systémiques au sein des chaînes de valeur technologiques et des dynamiques géopolitiques.

  • La rivalité stratégique entre les deux superpuissances pourrait exacerber les restrictions sur l’accès aux semi-conducteurs de pointe. La Chine va continuer à investir pour développer son propre écosystème. Elle fera de plus en plus de dumping pour récupérer les meilleurs ingénieurs de TSMC. Les Etats-Unis de Trump et d’Elon Musk réagiront même si ce dernier est toujours très indulgeant vis à vis de ce pays du fait de la forte dépendance de Tesla à ce marché (fabrication et vente). La résilience des écosystèmes technologiques serait très challengée.
  • L’industrie taïwanaise des semi-conducteurs pourrait être gravement impactée par des épisodes de stress hydrique ce qui entraînera des perturbations majeures dans la chaîne d’approvisionnement mondiale.
  • La demande croissante en experts dans des domaines tels que l’intelligence artificielle et la microélectronique pourrait entraîner des goulots d'étranglement dans les efforts de recherche et développement. Il y aura une sur enchère internationale pour les meilleurs.
  • L’intensification des tensions géopolitiques pourrait entraîner une augmentation des cyberattaques (réalisées de plus en plus par de l’IA) ciblant les infrastructures critiques avec pour conséquences de fortes perturbations des écosystèmes numériques mondiaux.
  • Une volatilité accrue des marchés financiers du fait des conflits géopolitiques ou des incertitudes économiques pourrait limiter les investissements dans les technologies émergentes ce qui consolidera encore la domination des grands acteurs.

À l’horizon 2030, en dépit des initiatives visant à renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement, des vulnérabilités structurelles subsisteront :

  • Les efforts déployés par des initiatives telles que le CHIPS Act aux États-Unis ou l’European Chips Act ne suffiront pas à réduire la dépendance des économies occidentales à la Chine pour le traitement de métaux essentiels à la production technologique.
  • Les tensions géopolitiques persistantes combinées à l’intensification des catastrophes climatiques prévues par le GIEC risquent d’accroître la fragmentation des réseaux mondiaux.
  • Dans ce contexte, le développement technologique devra s’adapter à des environnements instables en limitant l’accès à des ressources stratégiques et en freinant la progression des technologies émergentes.
  • Les écarts dans l’adoption des technologies telles que l’IA et l’informatique quantique entre les régions du monde accentuera les inégalités économiques et géopolitiques. Il en sera de même pour la population dans de nombreux pays.
  • L’insuffisance des investissements dans les infrastructures de transport et d’énergie pourrait nuire à l’efficacité des chaînes d’approvisionnement et donc limiter la compétitivité industrielle.
  • L’accès limité aux ressources naturelles critiques pourrait exacerber les tensions entre États et conduiront à de nombreux conflits.

En 2050, le panorama technologique et géopolitique sera profondément influencé par des interactions complexes entre avancées technologiques, changements climatiques et dynamiques internationales :

  • Des innovations telles que les ordinateurs quantiques et les matériaux bidimensionnels (2D) ouvriront de nouvelles perspectives mais ne supprimeront pas les interdépendances systémiques entre les acteurs mondiaux.
  • Une augmentation des températures de +2 °C à +3 °C affectera directement les infrastructures de production et de logistique. Cela accentuera les vulnérabilités existantes dans les chaînes d’approvisionnement critiques.
  • Les dépendances actuelles non traitées pourraient devenir des sources de conflit autour des ressources naturelles, de l’accès aux technologies et du contrôle des infrastructures stratégiques. Certains Etats seront en faillite et abandonneront leur pouvoir régalien.
  • Les avancées en IA et en robotique auront redéfini le marché de l’emploi, entraînant des bouleversements socio-économiques massifs et exigeant de nouvelles approches éducatives et législatives.
  • La généralisation des technologies basées sur l’IA et les énergies renouvelables pourrait modifier les paradigmes économiques mondiaux, favorisant certains acteurs tout en marginalisant d’autres. Le modèle économique que nous connaissons ne fonctionnera plus sauf à avoir des systèmes de castes partout. Aurons-nous le courage d’adopter un nouveau modèle ?
  • La destruction continue des écosystèmes pourrait amplifier les crises sanitaires et environnementales avec toutes ces conséquences.


L’intelligence artificielle est à la fois une opportunité, une menace (non abordée dans cette article) et une responsabilité. Sa dépendance à une chaîne de valeur fragile nous impose d’investir dans des stratégies résilientes : diversification des approvisionnements, promotion des talents locaux, partages, pas de monopoles, innovation technologique et régulation équilibrée. Construire un écosystème IA robuste et durable est essentiel pour transformer cette force technologique en levier de prospérité globale, plutôt qu’en une faiblesse exposée aux aléas du monde et de quelques individus. Agir maintenant, c’est choisir un futur où l’IA sera un moteur de progrès pour l’humanité et non un colosse aux pieds d’argile doté de nombreux pouvoirs du côté obscur de la Force.


10 000 000 futurs de l’IA en synthèse

Comme l’IA dispose d’un pouvoir transformateur gigantesque de nos sociétés, je me suis intéressé à ces futurs possibles à 5 ans. J’ai simulé 10 millions de trajectoires à partir de 13 facteurs de dépendance stratégiques. Chacun est évalué sur cinq niveaux d'évolution : forte baisse, baisse, stabilité, augmentation et forte augmentation. Les facteurs incluent notamment la régulation, l'accès à l'énergie, les matières premières, la stabilité financière, les tensions géopolitiques, la disponibilité des puces, … ainsi que des dimensions sociétales et technologiques. Ces variables ont été intégrées dans un modèle combinatoire. Cette approche systémique capture les interdépendances et non-linéarités propres aux évolutions complexes des systèmes socio-techniques. L'objectif de cette analyse n'était pas uniquement de dresser un panorama des futurs possibles mais surtout d'identifier des bifurcations critiques, des points de bascule et des leviers stratégiques. Six scénarios dominants ont émergé après convergence des résultats. Ils représentant les trajectoires plausibles de l'IA sur un horizon de cinq ans et leur taille est proportionnelle à leur probabilité de survenance. Une seule certitude, il est impossible de prévoir ce qui se passera.

Déclin énergétique et technologique : une érosion progressive

Dans ce scénario, la raréfaction des ressources énergétiques et technologiques freine drastiquement le développement de l'IA. Les régulations restrictives combinées à l’augmentation des coûts réduisent les opportunités d’innovation. Les technologies basées sur l'IA deviennent de plus en plus rares et coûtent cher à maintenir.

“un centre médical en Afrique subsaharienne tente de prolonger la durée de vie d'une IA médicale obsolète à l'aide de pièces recyclées”.

Stagnation généralisée : l'immobilisme comme norme

Dans ce futur, les innovations sont figées et la société s'adapte à une stabilité forcée. L’IA reste au niveau actuel ou un peu meilleur incapable de progresser significativement. Les centres de recherche se transforment en archives ou musées, tandis que l'activité économique se recentre sur des pratiques traditionnelles.

“Dans une ville moyenne d'Europe, un laboratoire anciennement consacré à l'IA est transformé en espace culturel où des discussions sur les perspectives manquées remplacent les brainstormings en réalité augmentée.”

Progrès sélectif : un développement fragmenté

Certaines industries comme la santé ou l'énergie renouvelable enregistrent des avancées significatives grâce à l'IA, tandis que d'autres stagnent. Les inégalités sectorielles se creusent et créent un paysage économique inégal.

“Une clinique utilise une IA de pointe pour diagnostiquer des maladies rares, mais les écoles rurales restent privées de tout accès à ces outils”.

Révolution technologique : un bond exponentiel

Des percées dans les technologies de puces et l'infrastructure cloud déclenchent une croissance exponentielle de l'IA. Les innovations se multiplient et transforment les secteurs industriels partout sur la planète avec des conséquences sur nos modèles sociaux du fait de l’impact sur l’emploi et de la domination sans partage de quelques sociétés et/ou Etats.

“Une start-up sud-américaine coordonne des flottes de drones pour reforester des zones dévastées en un temps record”.

Stagnation avec progression technologique : un équilibre fragile

La plupart des secteurs stagnent mais des avancées technologiques localisées permettent à l'IA de progresser dans des niches clés. L’éducation, par exemple, bénéficie de plateformes IA sophistiquées pour les cours en ligne, mais la santé ou l’agriculture demeurent largement sous-exploitiées par ces technologies. Les tensions sociétales augmentent entre ceux qui bénéficient de ces progrès et ceux qui en sont exclus.

Progrès global et stable : une harmonie collaborative

Le développement de l'IA est guidé par des politiques éthiques solides et une coopération internationale accrue. Les avancées bénéficient à une large majorité. Cela réduit les inégalités tout en soutenant la durabilité écologique.

“Un entrepreneur africain lance une plateforme IA open-source pour résoudre des problèmes locaux. Il est financé par des investisseurs mondiaux. Les citoyens participent activement à la conception de ces technologies ce qui renforcent leur acceptabilité et leur impact.


Je pense connaître votre préféré mais il est comme les autres improbable. Ces six scénarios offrent un cadre conceptuel pour comprendre les dynamiques complexes à venir. L’IA, en tant que technologie transformative, ne décide pas seule de son avenir. Ses trajectoires seront influencées par nos choix politiques, économiques et sociétaux. En identifiant les bifurcations critiques et en favorisant une gouvernance adaptative, il est possible de maximiser les opportunités tout en minimisant les risques. Il nous appartient de transformer ces scénarios en réalités souhaitables et ce n’est absolument pas le cas aujourd’hui !


Cela s’accélère encore …

Amazon lance Nova, sa famille de modèles d'IA générative

Amazon a dévoilé Nova, qui est une nouvelle gamme de modèles d'intelligence artificielle générative. Ces modèles, initialement développés pour un usage interne, sont désormais accessibles via le service Bedrock d'Amazon. La famille Nova comprend six modèles distincts :

  • Nova Micro : axé sur la génération de texte, offrant des réponses rapides et économiques.
  • Nova Lite : modèle multimodal capable de traiter du texte, des images et des vidéos à moindre coût.
  • Nova Pro : équilibre entre précision, rapidité et coût pour diverses tâches multimodales.
  • Nova Premier : le modèle le plus avancé, destiné aux travaux complexes et à l'entraînement de modèles personnalisés, disponible au premier trimestre de l'année prochaine.
  • Nova Canva : spécialisé dans la génération d'images.
  • Nova Reel : dédié à la création de vidéos.

Amazon prévoit également de développer des modèles supplémentaires notamment pour la conversion de la voix et la gestion de multiples types d'entrées et de sorties. Il ne manque plus qu’Apple et Nvidia et le marché occidental sera complet.

Elon Musk étend le supercalculateur Colossus

Elon Musk, via sa start-up xAI, prévoit d'augmenter la capacité de son supercalculateur Colossus à plus d'un million de GPU … Colossus est déjà le plus grand supercalculateur mondial. Il a été construit en seulement trois mois et comprend actuellement plus de 100 000 GPU Nvidia. Ce projet vise à surpasser des concurrents tels que Google, OpenAI et Anthropic.

Google DeepMind présente Genie 2, un modèle génératif de mondes interactifs

DeepMind (filiale de Google dédiée à l'IA) a introduit Genie 2. Il s’agit d’un modèle capable de générer des mondes 3D interactifs à partir de simples descriptions textuelles ou d'images. Entraîné sur un vaste ensemble de données vidéo, Genie 2 peut simuler des environnements virtuels complexes, incluant des interactions d'objets, des animations sophistiquées de personnages et des dynamiques physiques. Vertigineux pour la création de jeux vidéo et d'environnements virtuels immersifs.

Runway repousse les limites avec une IA transformant les pensées en vidéos

Runway a développé une IA capable de transformer des images en vidéos en les reliant de manière interactive. Chaque image représente une étape d'un voyage visuel et les transitions entre elles forment une narration fluide où chaque élément s'intègre naturellement à l'ensemble. Cette technologie simplifie le processus de création vidéo et au passage elle élimine le besoin de storyboards rigides et de logiciels complexes.

Alibaba lance une IA rivalisant avec OpenAI o1

Alibaba a dévoilé QwQ-32B-Preview qui un modèle d'intelligence artificielle open source conçu pour le raisonnement mathématique et la programmation. Ce modèle se positionne comme un concurrent direct des modèles o1 d'OpenAI. Il offre des performances comparables, voire supérieures, dans certains domaines. Et oui, il n’y a pas que les américains …



Quelques statistiques qui illustrent notre monde


Malgré tout, n’oublions pas de rêver !


Bonnes métamorphoses et à la semaine prochaine.

Stéphane




Henry Binabout

Notre plan d'action prioritaire consiste à mettre de l'huile dans les rouages et se décline par la création de passerelles entre les structures et les institutions.

1 mois

Je te trouve un contrat et je prends 10% ça te va ?

Henry Binabout

Notre plan d'action prioritaire consiste à mettre de l'huile dans les rouages et se décline par la création de passerelles entre les structures et les institutions.

1 mois

Excellent travail Stéphane.

Richard POIRIER

Manager de transition - Direction Financière & Direction des opérations - ESN, industrie, services, associatif

1 mois

"Si chacun dépend seulement de soi et ne vaut qu'en soi et pour soi, il n'y a pas lieu de se soucier de l'ordre universel des choses et de la vie humaine" J. Jaurès

Dominique Seau

DG - DGA / Administrateur / Textile / Grande Consommation / Ergonomie / ESS

1 mois

“Le vrai génie sans coeur est un non-sens. Car ni intelligence élevée, ni imagination, ni toutes deux ensemble ne font le génie. Amour ! Amour ! Amour ! Voilà l'âme du génie.” Wolfgang Amadeus Mozart

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