95 fois sur 100...
Qu’on le taise ou qu’on le confesse, on n’est pas tous amateurs de vieux flacons…
Outre le titre éponyme d’une magnifique chanson de Georges Brassens, cette statistique s’applique surtout pour moi lorsque j’ouvre une vieille bouteille de vin. 95 fois sur 100, je suis déçu. Pas que je m’emmerde en buvant, non. Mais très souvent quand même, je suis déçu par rapports à mes espérances…
Pour découvrir un vin, l’achat par trois bouteilles est une bonne habitude. On goûte la première bouteille après quelques semaines de repos dans la cave. Six mois plus tard, on ouvre la seconde avec des amis pour leur montrer à quel point il est bon mais comme on est gourmand, on attaque la troisième et on n’en as déjà plus. Bref, c’est uniquement valable dans une phase de découverte et le vin n’a pas le temps de vieillir.
Quand on souhaite encaver un vin que l’on aime, l’idéal est d’en prendre un carton de 6 ou 12 bouteilles, pour chaque millésime. Comme ça, on peut en profiter lorsqu’il est relativement jeune, sur le fruit, puis le savourer à son apogée, en général entre 5 et 8 ans pour les vins rouges et entre 2 et 4 ans pour les vins blancs secs, et enfin en laisser vieillir quelques exemplaires. Comme les millésimes puissants atteignent leur apogée après les millésimes plus faibles, cela laisse une combinaison de dégustation intéressante. Mais cela risque fort de limiter le nombre de références présentes dans la cave. En effet, 100 vins différents, dans 10 millésimes, ça fait 1 000 bouteilles… Encore faut-il pouvoir les stocker.
On commence à rencontrer des problèmes dès lors que l’on affirme, souvent d’un ton péremptoire : « Moi, j’aime les vins vieux !! ». Pour boire des vieux millésimes, il faut avoir beaucoup de patience. Ou alors il faut les acheter déjà vieux. Et des vieux vins, ça veut dire souvent des vins plus rares. Or comme ce qui est rare est souvent cher, ça veut dire également des vins plus onéreux, voire beaucoup plus onéreux. Et là, on rencontre la question non seulement économique (est-il intéressant de payer ce vin si cher juste parce qu’il a l’âge de ma belle-mère ?), mais aussi la question de la qualité de la conservation de ce vieux flacon tout au long de son histoire (ne risque-t-il pas aussi d’avoir la même acidité et la même amertume que ma belle-mère ?). Il est impossible de tracer l’historique de conservation d’un vieux flacon. Entre celui ayant connu un seul propriétaire dont la cave présente des qualités de stockage idéales (12°C et 80% d’humidité) et celui ayant connu 10 propriétaires et 5 ventes aux enchères, le résultat en terme de plaisir sera aux antipodes. Et je ne parle même pas des qualités de vieillissement intrinsèques de chaque vin et de chaque millésime qui sont loin d’être homogènes. Bien que l’on ne soit pas à l’abri d’une bonne surprise, boire de très vieux vins tient souvent plus du snobisme intellectuel que d’une réelle valeur ajoutée gustative.
En conclusion, boire des très vieux vins s’apparente plus pour moi à une sorte de roulette russe de la dégustation qu’à une garantie immuable de vivre un instant de grâce et de plaisir divin.
Pour ceux qui décideront cependant de faire vieillir longtemps leurs meilleurs flacons, ces réflexions s’appliquent bien entendus aux amateurs équipés d’une bonne cave ou d’une armoire de stockage. Pour ceux qui stockent le vin sur le balcon, sous l’escalier ou dans le garage, vous avez perdu votre temps à lire cet article. Vos vieux vins seront probablement une déception avant même d’être vieux. Je sais, c’est confus, mais je me comprends…
Dans les starting-blocks pour un nouveau projet
8 ansSi je comprends bien, il ne faut pas stocker sa belle mère sur un balcon, sous un escalier ou au garage ?.... mais où vais je pouvoir la mettre... Merci pour ces chroniques décalées !
Chef de cabine principale chez Air France
8 ansLa femme s'emmerde en B......!