Abattoirs et déni de la réalité
Peu de gens osent parler des abattoirs car ce qui s'y passe est souvent méconnu. Au vrai, nous ne voulons rien savoir tant est lourd le face à face avec le déni de la réalité. Les événements récents prouvent l'étendue du drame vécu par les animaux de consommation. Ils soulignent aussi l'importance de penser le puissant processus politique, financier et idéologique qui soutient l'alimentation carnée.
Les faits
Le 24 février dernier, l’abattoir certifié bio du Vigan fermait à titre conservatoire et le procureur de la République ouvrait une enquête pour sévices graves. Une vidéo révélait la violence dont sont victimes les animaux : moutons brutalement jetés contre des barrières, subissant dans le couloir de la mort des décharges électriques inopportunes faisant rire des employés, cochons et porcelets mal étourdis et conscients au moment de l’abattage, étourdissement inopérant des vaches avec reprise de conscience lorsqu’elles sont suspendues avant d’être saignées, absence d’une autorité vétérinaire permettant de constater l’ensemble des infractions. Généralement soucieux du bien-être des animaux, des éleveurs bio ont conduit leurs bêtes dans un abattoir où elles ont été maltraitées et frappées avant d'être tuées.
Les médias ont largement diffusé cette vidéo (voir en fin d'article). Il suffit parfois d’un document choc pour que de nombreuses personnes prennent subitement conscience des réalités cachées derrière les murs des abattoirs. N'oublions pas que seules les autorités sanitaires et le personnel sont autorisés à accéder dans ces enceintes dont on ne sait quasiment rien. Et pourtant des associations, des auteurs, des journalistes et même l'INRA (l'Institut National de la Recherche Agronomique) ne cessent de produire des rapports accablants sur la maltraitance dans les abattoirs.
Expérience personnelle
Végétarien depuis 38 ans, j’ai décidé en 2007 de demander l’autorisation d’accéder à un abattoir de Haute-Loire. Je tenais à me rendre compte de cette réalité avec toute l’amplitude que donne la vérité des faits. Connaissant le vétérinaire qui, chaque matin, vient constater l’état de santé des animaux, vérifier promptement la chaîne d’abattage et les processus de mise à mort, j’ai pu obtenir un accès officiel. Lire la suite