Absence de données : comment protéger ce que l'on ne connaît pas ?
Calliteara pudibunda - la Pudibonde (Jardin botanique, Fribourg, 2019)

Absence de données : comment protéger ce que l'on ne connaît pas ?

A l'heure où l'on parle du déclin des insectes, il faut constater que le manque de données d'observation pour certains groupes d'insectes, par exemple, ne permet pas de tirer des conclusions sur l'état des populations.

Un petit exemple parlant, le cas des hétérocères (papillons de nuit) en ville de Fribourg.

De 1900 à 2017, il y avait environ 70 observations signalées au CSCF (Centre suisse de cartographie de la faune) pour ce groupe pour la ville de Fribourg (carré kilométrique de 5 x 5).

En quelques séances de piégeage à l'aide de pièges lumineux (non létaux) au sein du Jardin botanique de l'Université de Fribourg, ce nombre est passé à plus de 150 espèces différentes signalées.

Pourquoi une telle augmentation ? Le fait est que certains groupes, particulièrement dans les insectes, sont peu étudiés, car peu de spécialistes existent dans le canton. Cela fausse les résultats, car il est difficile de montrer la disparition (ou l'existence) d'une espèce alors que l'on ne sait même pas si elle est présente depuis des années ou non, et on ne peut protéger une espèce dont on ignore l'existence !

Le canton de Fribourg manque singulièrement de données pour bon nombre de groupes, donc si vous vous sentez l'âme naturaliste et que vous voulez apporter votre pierre à la connaissance des espèces, n'hésitez pas et signalez toutes vos observations au CSCF !

Euplagia quadripunctaria - l'Ecaille chinée (Jardin botanique Fribourg, 2019)

Euplagia quadripunctaria - l'Ecaille chinée (Jardin botanique Fribourg, 2019)

Spilosoma luteum - l'Ecaille lièvre (Jardin botanique Fribourg, 2019)

Aucun texte alternatif pour cette image

Amphipyra berbera - la Noctuelle berbère (Jardin botanique Fribourg, 2019)

Aucun texte alternatif pour cette image




Jérôme Gremaud

Biologiste / écologie appliquée - Atelier 11a

5 ans

Merci François pour la réaction : c'est une bonne question, et cela peut être un frein, surtout dans la communication! La "disparition des insectes" touche le grand public, on l'a vu avec la publication de l'article de Hallmann et al (2017) , mais si l'on parle de la disparition d'Osmoderma, on est face à un silence assourdissant... Il est important d'aborder les deux, à la fois la disparition des espèces et des individus, même d'espèces pourtant encore bien répandues.  Sujet passionnant, en effet!

François Lasserre 🐝💤

Insectologue animalisé. Auteur, conférencier, médiateur, vulgarisateur & formateur #insectes #sciences #animalité #biodiversité #RSE #CSR #EEDD #DD #penséecritique #sentience

5 ans

N'est-ce donc pas finalement (et de façon contre intuitive) la notion d'espèce qui freine désormais la protection du vivant, surtout le petit ? On ne saura peut-être jamais combien il y a d'espèces sur Terre, alors si on attend de toutes les identifier, il sera bien trop tard pour beaucoup ? En revanche, la notion d'"individus" (de les considérer pour ce qu'ils sont avant tout, avant d'être des "espèces" : des individus), permet de protéger même ceux que l'on ne connaît pas. Elle permettrait peut-être d'accélérer davantage des actions plus globales et efficaces vis-à-vis du vivant ? Est-ce plutôt cela qu'il serait désormais utile de pousser ? Gros sujet, passionnant !

Jérôme Gremaud

Biologiste / écologie appliquée - Atelier 11a

5 ans

Excellent poste, il manque en effet tout simplement un état des lieux de la biodiversité dans le canton de Fribourg! Le constat est le même pour beaucoup d'arthropodes qui sont peu connus et donc peu prospectés. En l'espace de 100 ans, au moins 935 espèces ont disparu du canton de Fribourg. C'est un minimum, puisque ces chiffres ne concernent que les espèces connues, donc une minorité!

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets