Accompagner en situation entrepreneuriale: quelles méthodes au service de la réalisation de l'entrepreneur(e) ?

Entreprendre est réellement une dynamique difficile à construire. Plus qu'un 100m, c'est véritablement une course de fond et d'endurance demandant à l'homme ou à la femme qui met en oeuvre, un effort constant sur un temps long. Souvent, on parle d'accomplir une passion ou un rêve, mais on oublie souvent de préciser que tout rêve à un prix à payer!

Aussi l'entrepreneur(e) devra dans des cycles particuliers successifs développer des apprentissages multiples, souvent seul au départ, et dans la grande majorité des cas, ne sachant pas par ou commencer. Il ne possède pas nécessairement des dispositions psychologiques et physiques lui permettant de tenir sur la durée au mieux, quand il n'emprunte pas au pire ce chemin par dépit, avec des fragilités issues d'expériences négatives ayant mis à mal sa confiance en soi, sa résilience et sa combativité.

Ayant accompagné plus de 200 personnes individuellement et collectivement, j'ai souvent constaté que des porteurs de projets pouvaient avoir des problèmes entrepreneuriaux à fort potentiel économique avec un bon niveau éducatif, mais il n'arrivait pas à passer à l'action. J'ai aussi rencontré des entrepreneurs avec des idées remarquables mais qui avaient un manque de confiance en soi criant!

Finalement, ceux et celles qui réussissaient dans les personnes que j'observais et que j'accompagnais, la plus part avait souvent une force mentale et une dynamique significatives. J'avais dans l'idée, de manière intuitive, que les facteurs psychologiques articulés à des motivations extrinsèques ou intrinsèques s'avéraient être des axes décisifs à développer. A cet effet, nous avons imaginé de manière itérative au travers d'expérimentations, de rencontres, et de lectures un modèle d'accompagnement qui associerait à la fois :

1) L'expertise technique (métier) dans un modèle de formation -accompagnement fondée sur l'action

2)Le développement des ressources mentales avec les outils du développement personnel, du coaching et de la psychologie positive (Voir les travaux de Martin Seligman ou d'autres auteurs issus de ce champ de recherche)

3) Ce que nous avons appelé "le sport de transformation sociale" ou la mobilisation d'activités sportives à entrainement cognitif et activation de ressources psychologiques avec mon équipe de coachs et préparateurs mentaux

Ce qui est assez intéressant à observer et à objectiver, c'est que la confiance soi (1), l'estime soi (2), la combativité (3), et tout un ensemble d'autres "comportements et attitudes à succès (4)" se travaillent.

De la même façon que la confiance en soi a été abîmée, elle peut -être réparée. Il est fascinant de constater que les outils de la préparation mentale, les outils de la psychologie positive, les outils de l'accompagnement de la personne articulés à la dynamique physique impactent fortement les individus, le tout en articulation avec un vrai travail de prise conscience individuel et collective des effets émotionnels, cognitifs et physiologiques.

Les autres facteurs positifs puissants sont par ailleurs le renforcement collectif avec des personnes qui partagent des objectifs et des standards élevés. On sort de l'isolement, on impacte le cerveau et le corps, avec des objectifs précis à atteindre fixés dans un temps limité jusqu'à la prochaine séance.

Pourriez-vous imaginer une formation en entrepreneuriat ou des entrepreneur(e)s pleurent de joie littéralement ?

Pourriez-vous imaginer une formation avec des entrepreneur(e)s qui ressentent dans leur fort intérieur et leur dynamique individuelle une force si puissante qu'il manifeste de la gratitude? de la sérénité ?

C'est incroyable à vivre et je suis reconnaissant vis - à- vis de ces personnes souvent abîmées par la vie qui se transforment sous vos yeux et qui manifestent de manière spontanée et authentique les effets qu'ils ressentent.

Une telle approche est-elle neutre? Absolument pas.

Elle s'appuie sur une perspective personnaliste élaborée par des auteurs tels que Carl Ransom Rogers à savoir que Chaque personne possède en soi des ressources internes qui lorsqu'on construit les conditions optimums de leur mise en oeuvre permettent à chacun de révéler son plein potentiel. C'est également la perspective sur laquelle focalise la psychologie positive contrairement à la psychologie classique (5), à savoir « l’étude des conditions et processus qui contribuent à l’épanouissement ou au fonctionnement optimal des individus, des groupes et des institutions »

Quels sont les résultats d'une telle dynamique ?

Des entrepreneur(e)s d'horizons multiples qui se lancent dans des domaines variés ( Glacier, cosmétiques, agriculture aéroponique, application web en saas, import-export, hôtellerie, transformation de fruits, etc.).

Des biens faits réels et des transformations radicales dans la représentation de soi, la volonté de changer son monde et son environnement

Nous pensons qu'entreprendre, c'est résoudre des problèmes pour une clientèle solvable en quantité critique suffisante prêt à payer pour une solution ou une offre qui vient répondre aux problèmes ciblés ( frustrations, angoisses, peines, attentes, besoins, peurs, etc.). De plus entreprendre c'est véritablement avoir une volonté implicite ou explicite de changer le monde par la création de quelque chose de nouveau qui vient perturber un ordre établi.

Or le monde est fait de champ de force hostile au changement ( le cerveau de l'entrepreneur(e) en premier, l'environnement dans son ensemble et de manière large, les obstacles à foison sur le chemin de la création, etc.). Il nous semble que les dispositifs d'accompagnement gagneraient à intégrer cette logique si on considère que l'entrepreneur(e)/créateur/créatrice, est un acteur majeur du développement économique et sociale pour l'ensemble de la société.

Quelles sont les qualités à mettre en oeuvre pour bâtir ce modèle d'accompagnement ?

Quels sont les contenus spécifiques des programmes mis en oeuvre ?

Comment évalue-t-on l'impact ?

Un tel modèle d'accompagnement pourrait-il être généralisable à d'autres formes d'apprentissages ou de cibles individuels ( cadres, employés, étudiants, demandeurs d'emplois ?) ou groupales (entreprises, collectivités, associations)

Ces questionnements feront l'objet d'autres articles avec d'autres réalisations en cours.

Nous restons ouverts à vos remarques, critiques, suggestions ou témoignages.

Pas d'hésitations! Nous serons ravis d'échanger avec bienveillance et grande considération

Ps: Vous souhaitez une mise en oeuvre dans votre dispositif ? Nous en discutons en MP.

(1) La confiance en soi peut se devenir en simplifiant volontairement comme une forme de certitude ou de croyance interne animant un acteur ou une actrice sur sa capacité à agir et atteindre des objectifs qu'il se fixe, sa volonté à désirer du changement tout en ayant la certitude qu'il peut par ses actions transformer son destin et son environnement. Une forme de sentiment d'auto-efficacité qui peut varier dans le temps et en fonction des situations ou des circonstances, si on s'en réfère aux travaux d'auteurs tel que Albert BANDURA

(2) L'estime de soi s'articule autour de la représentation qu'un individu a de lui même. C'est une forme d'auto perception souvent construite au travers de la socio-histoire individuelle, avec des prémices qui prennent leurs sources dans la plus tendre enfance

(3) La combativité est à la fois en lien avec le concept de résilience psychologique mais aussi avec la capacité à surmonter les obstacles avec ténacité

(4) Les comportements et attitudes à succès se définissent pour nous comme un ensemble de qualités psychologiques et relationnelles, des dynamiques individuelles permettant aux acteurs et actrices qui les détienne de se mobiliser activement et efficacement, tout en ayant la capacité de susciter l'adhésion de leur environnement dans la conduite des changements qu'ils poursuivent. On peut citer ( La confiance en soi, l'estime de soi, le leadership, l'agilité mentale, la créativité, l'écoute, la communication, la combativité, l'engagement, l'empathie, la vision, des valeurs, la gratitude, le courage, la bienveillance, etc.)

(5) La psychologie classique s'est souvent intéressée aux maux, aux symptômes dans le but d'élaborer des solutions ou des remèdes ciblés (Par analogie on peut évoquer le fait que cette psychologie s'intéresse aux facteurs de désactivation des potentialités individuelles engendrant des maux ) . La psychologie positive s'intéresse à l'inverse à ce qui rend les individus, les groupes et la société meilleure ( résiliente, courageuse, confiante, etc.) (Par analogie similaire on dirait que cette psychologie met en lumière les déterminants de l'activation des potentialités individuelles ou collectifs). Voir à cet effet l'ouvrage "Traité de psychologie positive" sous la direction de Martin- Krumm et Cyril Tarquinio, éditions De Boeck, 2011, 864 pages.

NB: Il est important de signaler que la psychologie positive ne doit pas être confondue avec la pensée positive. Les deux n'ont pas grand chose en commun excepté l'usage du mot "positive". La psychologie positive est un courant scientifique, un champ de recherche riche et rigoureux (De nombreux travaux de recherches, d'études, des cas pratiques individuels ou collectifs, avec des résultats étayés, des outils et des modèles généralisables, un corpus colossal, une communauté scientifique riche à travers le monde avec une production abondante, etc.) , tandis que la pensée positive ne repose fondamentalement pas sur des bases scientifiques. Bien qu'étant séduisante en apparence pour des adeptes de simplification, la pensée positive s'appuie sur des méthodes d'autosuggestion qui peuvent être discutables, parfois douteuses voir malveillantes ou carrément dangereuses à l'extrême (Déni de la réalité, auto-illusion, passivité des personnes, pensée magique, projection fantasmatique extrême, etc.).