Agrivoltaïsme : n’avançons pas en marche arrière
Le décret sur l’#agrivoltaïsme vient d’être arbitré par Matignon. L’attente était à la hauteur de l’enjeu : ce premier texte donne la direction pour le développement du secteur en France. Pour reprendre une illustration de Dupraz Christian , chercheur de l’ INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) à l’origine du concept en France : « va-t-on faire cent fois 1000 hectares ou 1 hectare dans 100 000 exploitations » ?
Une différence d’orientation mais aussi de vision et de philosophie.
L’agrivoltaïsme est originellement un formidable outil de déploiement d’#énergie verte au service de la #décarbonation et de notre indépendance énergétique. Mais c’est également un formidable levier pour l’avenir du monde agricole français et par conséquent de notre #souveraineté alimentaire si les solutions retenues ne dégradent pas les rendements agronomiques, favorisent la biodiversité et ne figent pas les itinéraires culturaux dans la durée. L’agrivoltaïsme peut être un outil mais aussi un piège s’il ne bénéficie pas directement aux exploitants agricoles.
Dans ce domaine en construction, les appétits grandissent. Certains malheureusement restent nourris par l’aspect financier au détriment de la production agricole. Ainsi quand par exemple, la surface de couverture des parcelles est fixée jusqu’à 40% quand une étude récente montre clairement une chute des rendements quand la couverture dépasse 25%, est en totale contradiction avec l’enjeu de souveraineté alimentaire et n’est pas au service du monde agricole. Pour maintenir les rendements, il faut maintenir le maximum de Surface Agricole Utile, les installations doivent être compatibles avec le machinisme agricole. Plus que la voie technologique, l’enjeu est un partage de la lumière qui ne soit pas au détriment des rendements. Ainsi un taux de couverture important peut être compensé par la mobilité des panneaux ou leur transparence pour assurer le partage, et, des modules fixes ou traquant le soleil peuvent être compensés par un taux de couverture limité et/ou des structures hautes.
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Si l’objectif poursuivi est d’abord le maintien des rendements agricoles, l’évaluation des projets nécessite obligatoirement un regard élargi.
La consultation en cours sur la prochaine Stratégie Française pour l’Energie et le Climat montre des signes de réorientations des politiques énergétiques nationales vers plus de décentralisation et une accélération renforcée du déploiement des énergies renouvelables. Le développement de l’agrivoltaïsme est un formidable atout pour atteindre ces objectifs. Mais attention à ne pas avancer en marche arrière en appliquant le même logiciel que par le passé. La France a historiquement orienté ses politiques énergétiques autour d’une production centralisée reposant sur de grosses unités. Cette approche a prédominé dans le développement du nucléaire, elle ne doit pas être appliquée au déploiement des énergies renouvelables, car elle ne permettra pas de gagner la course de vitesse dans laquelle nous sommes engagés.
Le déploiement de l’agrivoltaïsme est une occasion d’amorcer le changement de modèle en privilégiant le maillage du territoire par des petites unités de production. Une occasion d’assurer la création de richesse en milieu rural pour pérenniser des exploitations agricoles et permettre à la France de rester un acteur agricole majeur. Changer de modèle, pour ne pas avancer en marche arrière.
👉 Si vous souhaitez en savoir plus, téléchargez le manifeste OKwind pour une nouvelle voie de l'énergie présentant notre plan pour un agrivoltaïsme au service du monde agricole.
Operating Partner | Iron Hands Capital
1 ansMerci bcp Louis Maurice Très clair et interessant
chargé d'affaires Entreprises chez Crédit Coopératif
1 ansTout est dit, le constat est connu alors si cela prend le bon sens et en donne , bravo