Aider financièrement nos enfants adultes, ça s’arrête quand ?
Rendez-vous au féminin - Hiver 2022
Ces dernières années, nous avons pu observer que davantage de parents aident financièrement leurs enfants adultes. Avant que la pandémie ne survienne, aux États-Unis, un peu plus de 32 % des adultes de 18 à 34 ans vivaient chez leurs parents, ce qui consiste en la plus haute proportion enregistrée depuis 1880. Or, ce phénomène semble s’être exacerbé depuis le début de la pandémie. Au Canada seulement, en 2020, environ 1,5 million d’adultes sont retournés vivre chez leurs parents, tandis que 600 000 autres le considéraient sérieusement. Sans porter atteinte à l’amour que peuvent éprouver les parents pour leurs enfants, il faut garder en tête que personne ne jouit de ressources illimitées : un jour ou l’autre, trop faire preuve de générosité, même envers nos enfants, est susceptible de nous nuire. Comme toute dépense, ceci ne devrait se faire ni au détriment du reste de notre budget, ni au péril de nos épargnes ou de nos objectifs financiers à long terme. Autrement, nous pourrions compromettre la sécurité financière de nos vieux jours, ce qui pourrait se retourner contre nos enfants, auxquels il reviendrait de nous soutenir.
Certes, avoir recours à ses parents réduit considérablement le stress financier qu’une personne peut éprouver. Ceci lui permet d’économiser ou, après un revers, de se remettre plus vite sur pieds. D’ailleurs, aujourd’hui, nombre de facteurs situationnels nuisent aux finances des plus jeunes générations, plus précisément les millénariaux (naissance entre 1981 et 1996) et la génération Z (naissance entre 1997 et 2012). Ils incluent la dette étudiante, la stagnation des salaires, les pertes d’emplois, l’augmentation des coûts de logement et les prix croissants de l’immobilier. Il est donc possible de comprendre la motivation des plus jeunes à recourir à leurs parents. En outre, ils ne sont pas les seuls à le faire. Des adultes dans la quarantaine, dans la cinquantaine ou même dans la soixantaine font encore appel, de nos jours, à leurs parents vieillissants pour une certaine aide financière, que ce soit en raison d’un divorce, de l’instabilité de l’emploi ou de coûts de logement trop élevés.
La fréquence de ce phénomène augmente de façon notable et, dans certains contextes, ceci peut devenir un véritable problème pour les parents concernés. Ainsi, pour diminuer le stress financier de leurs enfants, des parents acceptent de les reprendre sous leur toit, de payer certaines de leurs dépenses (p. ex., l’épicerie, l’essence et la téléphonie) et, parfois, de leur avancer des fonds pour l’achat d’une première maison. Ainsi, lorsque l’on considère les trois premiers trimestres de 2021, environ 30 % des acheteurs de résidences ont reçu une aide financière (principalement de leurs parents), comparativement à 20 % des acheteurs en 2015. Durant la dernière année, au Canada, une somme estimée à 10 milliards de dollars a ainsi été donnée aux enfants adultes pour l’achat d’un bien immobilier, un montant représentant 10 % de l’ensemble des mises de fonds. L’ampleur de ces dons mérite une réflexion sérieuse de notre part.
Selon le Children and Financial Dependence Survey, 33 % des 1 527 Canadiens interrogés dévoilent que leurs enfants de 18 à 34 ans constituent un fardeau financier pour eux. De plus, pour payer les études postsecondaires de leurs enfants, 32 % révèlent qu’ils ne peuvent (ou ne pourront) réduire leurs dettes, tandis que pour un autre 33 %, cette dépense a (ou aura) pour effet de retarder le début de leur retraite. Enfin, 38 % affirment que leurs enfants de 18 à 34 ans sont financièrement dépendants d’eux. Lorsque leur situation financière risque d’en être affectée à ce point, il est sans doute plus sage pour les parents de limiter l’aide qu’ils apportent à leur progéniture. Par ailleurs, continuer de soutenir financièrement nos petits devenus grands a aussi pour effet d’encourager leur dépendance, de sorte que l’on néglige une de nos principales tâches parentales, c’est-à-dire de les rendre autonomes.
Or, plusieurs parents choisissent tout de même de soutenir financièrement leurs enfants adultes, malgré les conséquences que cela peut avoir pour eux. Certains le font parce qu’ils se sentent coupables du fait que leurs enfants ont eu à accumuler des dettes (par exemple, une dette d’études). D’autres parents choisissent de se livrer à des dépenses additionnelles en raison du retour de leurs enfants dans la maison familiale, afin de s’assurer de leur confort ou de leur bonheur : par exemple, ils entreprendront des projets de rénovations pour la résidence, dont ils se seraient autrement passés. Quelques parents iront aussi jusqu’à doubler ou tripler les dépenses initialement prévues, dans le seul but de tenter d’égaliser le niveau de vie entre tous leurs enfants. Enfin, le soutien peut parfois aller bien au-delà des besoins de leurs enfants, incluant aussi ceux des petits-enfants. La question se pose : quand est-ce que l’on arrête ?
Si des situations de ce genre font partie de votre quotidien, il est important d’établir dès que possible une communication ouverte avec votre enfant adulte en ce qui concerne les questions d’argent : ce sujet ne devrait pas être tabou entre vous. Idéalement, votre conjoint devrait faire partie des discussions, dans la mesure du possible. Par exemple, vous pouvez établir clairement le moment où vous vous attendez à ce que votre enfant puisse prendre en charge ses dépenses personnelles. C’est l’occasion de lui rappeler qu’en développant sa capacité à s’occuper de lui-même, il en sera le bénéficiaire à long terme : en effet, le temps viendra où vous ne serez plus là pour lui. En le traitant en adulte, vous verrez qu’il prendra beaucoup confiance en lui, une confiance qui lui est nécessaire afin qu’il atteigne son indépendance financière. De plus, lui apprendre comment faire un budget et bien investir, ainsi que les nombreux avantages à adopter ces pratiques financières aussi tôt que possible, devraient certainement être inclus dans le dialogue. En l’invitant à réviser régulièrement son budget, nous lui montrons notre intérêt à le voir se prendre en main, ce qui est très motivant pour lui.
Recommandé par LinkedIn
S’il n’est pas possible pour vous de soutenir financièrement votre enfant ou si vous choisissez de ne pas le faire, il existe d’autres moyens de leur venir en aide, qui ne minent ni votre retraite ni leur autonomisation financière. Par exemple, vous pouvez leur faire don de la vieille voiture familiale, les aider à dénicher un emploi plus payant grâce à vos contacts professionnels ou leur offrir de garder gratuitement les petits-enfants. En étant créatifs, on peut trouver des façons de respecter nos propres moyens et de cultiver chez nos jeunes un sens de l’autonomie, tout en leur exprimant notre amour et notre réelle sollicitude.
Les données de ce texte proviennent de documents émis par Patrimoine Richardson ainsi que d’une webémission présentée à ses conseillers en placement.
Référence
Leger. (9 Août 2017). Financial Planning Standards Council: Omni Report. Récupéré de https://fpcanada.ca/docs/default-source/news/children-and-financial-dependency-fpsc-leger-study-2017.pdf
Gestionnaire de portefeuille, Conseillère en placement adjointe - Patrimoine Fenerdjian - Ma passion : aider les femmes à atteindre leur indépendance financière
2 ansMerci Michael Chung! Très apprécié!
Gestionnaire de portefeuille, Conseillère en placement adjointe - Patrimoine Fenerdjian - Ma passion : aider les femmes à atteindre leur indépendance financière
2 ansMerci Jonathan Tsiolis pour tes encouragements répétés!