Analyse transactionnelle et PNL sont-elles conciliables ?

Analyse transactionnelle et PNL sont-elles conciliables ?

(Extrait de propos de Jean-Luc MONSEMPES) 

La PNL, née dans les années 1970, est souvent positionnée en polarité par rapport à l’AT, née dans les années 1950. Cet écart est-il justifié ? Qu’est ce qui oppose ces deux approches ? Comme la PNL, l’AT est centrée sur l’observation des comportements (mots, gestes, mimiques et réactions émotionnelles). Mais à sa différence, elle relie ces observations à des expériences intrapsychiques individuelles et à une théorie de la personnalité, par l’intermédiaire d’un ensemble organisé de concepts prenant pour objet les relations humaines qu’elle décrit. 

Qu’est-ce que l’Analyse Transactionnelle ? 

l’AT est une théorie de la personnalité, qui nous montre comment nous sommes structurés psychologiquement en utilisant un modèle en trois partie, le diagramme des Etats du Moi avec le Parent, l’Adulte et l’Enfant, qui nous aide à comprendre comment les gens fonctionnent et expriment leur personnalité en termes de comportements. 

L’AT est aussi une théorie de la communication dont l’application peut fournir une méthode d’analyse des systèmes et des organisations. Elle propose un ensemble cohérent de différentes « grilles de lecture » du comportement et des relations humaines. 

L’AT propose enfin une théorie du développement par le concept de scénario de vie, qui explique comment les schémas de comportement dans notre vie actuelle ont pris naissance dans notre enfance et comment nous continuons parfois à les réutiliser dans notre vie adulte même quand elles aboutissent à des résultats douloureux et infructueux. Le but de l’AT est de développer « l’autonomie » de l’individu, et augmenter la capacité de l’individu à choisir sa vie en progressant vers la pleine conscience de soi. 

L’AT repose sur un certain nombre de principes de base concernant les personnes, la vie et nos possibilités de changement : 

• nous sommes tous OK, c’est à dire valables, acceptables, aimables, etc. 

• nous avons la capacité à penser, agir et ressentir. 

• nous décidons de notre destinée à un moment de notre vie et il est possible de faire de nouveaux choix. 

L’AT est un ensemble d’outils permettant : 

  • de comprendre la représentation de la personnalité (les états du moi structuraux et fonctionnels),
  • faciliter la communication (les transactions, les strokes, la structuration du temps), 
  • de clarifier l’histoire de notre vie (les positions de vie, les scénarios et drivers), 
  • de comprendre notre mode d’adaptation de notre carte du monde à notre scénario de vie (la passivité, les symbioses, les redéfinitions ,les méconnaissances,), 
  • de justifier nos croyances scénariques (sentiments authentiques et parasites, les jeux psychologiques) 
  • changer les différents aspects de sa vie (le contrat, la redécision, le reparentage) 

Prenons quelques concepts de l’Analyse Transactionnelle que nous allons comparer avec les concepts de PNL

1.Le concept des Etats du Moi 

Berne a modélisé la psyché humaine en trois « états du moi », correspondant à des systèmes cohérents de pensée et de sentiments mis en évidence par des comportements correspondants. Notre personnalité s’exprime selon les contextes de vie, sous les traits de l’enfant que nous avons été, des parents que nous avons eu ou de l’adulte que nous sommes devenus. C’est comme si plusieurs personnes cohabitaient en nous et ces différentes manières d’être sont des « états du moi » 

On peut également trouver des analogies entre les états du moi et les trois états de la stratégie de Walt Disney décrite par R. Dilts : le rêveur, le réaliste et le critique. Les positions de perception permettent d’expérimenter ces trois états. 

2. Le concept des transactions 

Une Transaction est une unité d'échange social entre deux personnes, ou un échange bilatéral (physique ou verbal) entre deux états du moi. Les transactions sont les aspects manifestes des échanges sociaux ou l’analyse des processus interpersonnels. 

Avec les Transactions, l'AT propose une grille de lecture qui permet de classer les processus relationnels observables entre deux individus. Un parallèle est possible avec la synchronisation de la PNL. 

3.Le concept des besoins de reconnaissance 

Berne a mis en évidence trois besoins essentiels à tout être humain : les besoins de stimulation, de reconnaissance dans la relation à l'autre et de structure. Ces besoins doivent être satisfaits pour qu'une personne se maintienne dans un état d'équilibre physiologique et psychologique sain. 

Dans le langage de l'AT, un stroke est une unité d’attention envers une personne pour reconnaître son existence par un regard, un geste, une parole, un compliment, une réprimande. La plupart des personnes préfèrent des strokes négatifs à l'absence de stroke. 

Puisque les strokes nous apportent l’énergie pour vivre, nous développer, nous passons notre vie à les rechercher (amour, maison, voiture, costume, travail) pour en recevoir le plus possible. 

En PNL un stroke serait tout ce qui satisfait un critère ou une valeur 

4- Le concept de structuration du temps 

Pour satisfaire ses besoins psychologiques, l’individu va structurer le temps de six manières différentes : Le retrait, Les rituels, Le passe-temps, L'activité, Les jeux psychologiques (Persécuteur, victime, sauveur), Les relations d'intimité (Peur, colère, tristesse, joie). 

Comment structurer son temps pour décider de satisfaire ou non nos critères et valeurs au cours d’une interaction : en PNL, nous parlerions de stratégies de décision et de motivation. 

5.Le concept des sentiments et des rackets 

Les quatre sentiments de base sont la joie, la tristesse, la colère et la peur. Les sentiments influencent nos croyances, pensées et comportements. Les émotions sont à la fois des radars qui apportent de l’informations et une énergie pour agir. Elles sont positives ou négatives en fonction de leur utilité dans une situation donnée. L’AT propose une démarche pour reconnaître nos propres émotions (s’y associer) et avoir ainsi des comportements plus efficaces, et aussi exprimer nos émotions pour communiquer d’une manière plus efficace avec les autres et trouver de nouvelles options. 

Comme en PNL, les émotions ont une fonction informative et motrice. L’AT explique clairement le mécanisme des incongruences dans l’expression des sentiments. Les émotions deviennent négatives par effet de substitution (le racket), d’accumulation (le timbre) ou d’exagération (sentiment élastique). Quand un sentiment n'est pas accepté dans sa famille, l’enfant va le remplacer par un autre sentiment qui est autorisé. L’utilisation de ce sentiment dit « parasite ou racket » permet souvent à l’adulte d’obtenir les gratifications et signes de reconnaissance dont il a besoin. 

6. Les positions de vie 

Pour Berne, la position de vie est la manière fondamentale et constante à partir de laquelle une personne se situe face à elle-même et face aux autres. La position de vie est déterminée dans l'enfance en réaction aux messages inhibiteurs ou permissifs des parents. Les positions de vie catégorisent les croyances à propos de nos relations aux autres ainsi que les quatre attitudes mentales (coopération, domination, soumission et démission) qui en découlent et donnent une description des comportement observables correspondant à ces catégories. 

Ce concept permet de comprendre la dynamique existentielle à partir de laquelle une personne a construit son identité et comment elle établit aujourd'hui des relations positives ou négatives de façon cohérente avec son histoire. La mise en évidence de la position de vie est un élément déterminant dans l’identification et le traitement du scénario et l'orientation vers la guérison. 

7. Le concept des jeux psychologiques 

Un jeu est le déroulement d’une série de transactions cachées, complémentaires, progressant vers un résultat bien défini et prévisible. Ce sont des mécanismes inconscients qui aboutissent à des relations ratées, c'est-à-dire à un « bénéfice négatif ». Nous jouons pour structurer le temps, obtenir des signes de reconnaissance, maintenir notre cadre de référence, confirmer nos croyances. Le jeu se joue selon certaines règles préalables et parcours un itinéraire bien précis. L’AT propose d’apprendre à repérer ces jeux relationnels. Les jeux de l’AT apportent un riche contenu aux descriptions structurelles et sans contenu des stratégies relationnelles de la PNL. 

8. Le concept des méconnaissances 

Méconnaître, c'est refuser de voir la « réalité » d’une situation, c’est manquer de réalisme, être trop pessimiste ou trop optimiste, pour en fin de compte ne pas assumer ses responsabilités. 

Cette méconnaissance conduit aux symbioses (l’art d’être eux pour former une relation bancale), aux comportements de passivité (l’art de tout faire pour ne pas y arriver) et aux redéfinitions ou « grandiosités » (l’art de répondre à coté ou d’exagérer). L’AT donne les moyens de prendre conscience de nos méconnaissances, et de trouver de nouvelles options pour résoudre les problèmes. 

La grille des méconnaissances est un très bon outil de résolution de problèmes, qui comme le SCORE de la PNL, apporte les distinctions nécessaires à de nouvelles prises de conscience. 

9. Le concept des scénarios 

Le concept du scénario, ou plan de vie, est la clef de voûte de la théorie de l'AT. D'après Eric berne, un scénario est « un plan de vie inconscient basé sur des décisions prises dans l’enfance, renforcé par les parents, justifié par les événements successifs, et qui se termine par une alternative choisie par la personne ». C’est notre mythe personnel, notre histoire de vie, notre système de croyance par rapport à une mission. 

Comme pour les autres approches psychologiques, la théorie du scénario intègre l'idée que nos schémas de vie adulte sont conditionnés par les expériences de l'enfance. Mais avec le scénario, le plan de vie est établi de manière précise, sous la forme d'une pièce de théâtre, avec un début, un milieu et une fin clairement définie. Le scénario s’active en cas de stress. 

L’AT décrit six catégories de scénario, en relation au temps, et chacun peut aisément reconnaître son scénario, prendre conscience de son mécanisme et de ses effets négatifs. Peut-on changer son scénario ? probablement l’assouplir avec l’AT. Avec la PNL, le changement d’histoire de vie ou le ré-imprinting visent des changements de scénarios. 

10. Le concept des drivers et mini scénarios 

Taïbi Kahler, élève de Berne, a montré qu'il existe certains ensembles précis de comportements, appelés drivers ou mini scénarios, et que les personnes manifestent juste avant de passer à des comportements ou des sentiments scénariques. Les drivers sont repérables dans les comportements quotidiens. En observant les drivers d'un individu, on peut en déduire le processus scénarique 

11. Le concept d’autonomie et de contrat 

Pour Eric Berne, le but de l’AT est orienté vers la guérison du scénario et le développement de l'autonomie. L'autonomie correspond à l'utilisation par la personne de ses capacités de conscience, de spontanéité et d'intimité. La personne autonome accepte la responsabilité de ce qu'elle vit, prend ses décisions en fonction de ses valeurs personnelles et non plus pour s'adapter à celles des autres, vit ses sentiments authentiques et sait les exprimer, perçoit l'autre et elle-même comme une personne qui a le droit d'exister et qui mérite d'être respectée. 

Le développement de l’autonomie fait appel à la notion de contrat, qui est la clé de l'application de l’AT et qui répond à la question "comment s'améliorer". Le contrat vise des améliorations concrètes par étape au lieu de vouloir déplacer les montagnes. Passer un contrat, c'est déterminer un objectif en termes d'actions concrètes, cadencées et réalistes. C’est un objectif de progrès bien formulé sur lequel chacun s’engage. 

Nous présenterons dans le prochain article, les champs d’application de l’AT et les différences ou complémentarités que l’on peut noter entre l’AT et la PNL.

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* Jean-Luc MONSEMPES est Docteur en médecine. Il a exercé puis dirigé une activité dans l'Industrie pharmaceutique. Coach et formateur depuis plus de 20 ans, il a été Président de l’Institut REPERE et forme en coaching de santé. 



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