Apprendre de ses échecs, oui, mais à quelles conditions ?
Nous avons tous entendu dire un jour ou l’autre que l'on apprend autant, voire davantage, de ses échecs que de ses réussites. Pourtant, nos apprentissages aux différents âges de la vie ont généralement peu été structurés selon cette règle.
Rapport au ratage : notre fonds culturel commun
Écoliers, nous étions félicités pour les bonnes notes et punis pour les mauvaises (double peine, donc). Étudiants, nous étions admirés si nous passions du premier coup. Dans l'univers professionnel, nous avons été distingués à chaque réussite dès la première tentative ; et parfois, même, avons été invités à dissimuler des loupés pour éviter d’avoir à en assumer les conséquences : réprimandes, réprobation, mais surtout risque d’une tache, parfois durable, à une neuve réputation de professionnalisme.
Personnellement, je ne me souviens pas d'une expérience professionnelle dans laquelle un manager ou un mentor m'a permis de vivre un échec, ou ce qui s’en approche, comme une occasion d'apprendre. Il a fallu que je devienne auto-entrepreneure, et que j’atteigne une certaine maturité, pour comprendre et intégrer cette règle fondamentale de l’expérience humaine...
En entreprise, il semble que l'échec soit malheureusement bien plus souvent chose à dissimuler qu’à considérer pour en tirer sens et miel... En France, tout du moins. Même au niveau collectif, on n’apprécie jamais tant les retours d’expérience que lorsqu’ils portent sur des succès et ravivent l’ivresse qu’ils avaient suscitée.
Or, dès lors que l'on se montre capable d’identifier les raisons de l'échec ou du ratage, on acquiert – sans faute— un surplus de compétence, aisé à mobiliser dès que l’occasion s’en présentera puisque pleinement intériorisé et « métabolisé ».
Cette caractéristique des processus d’apprentissage est particulièrement présente dans nos métiers de l’accompagnement, où la mise en œuvre du savoir-faire est toujours éminemment contextuelle et doit faire l’objet d’un ajustement perpétuel. Elle va toutefois à l’encontre d’un phénomène psychologique par ailleurs bien connu, celui de la dissonance cognitive : je tends à rejeter des informations (quelle qu’en soit la nature) qui prennent à rebours mes croyances et mes savoirs, et qui risquent donc de fragiliser le socle à partir duquel je m’engage dans une action ou une pensée, professionnelle ou pas.
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Valérie PASCAL