On ne naît pas mentor, on le devient.
Maxime naît à Granville, petite ville normande qui donne sur la mer. Sa mère est avocate et son père est marin. Avec sa sœur, ils grandissent dans un cadre familiale agréable et un environnement épanouissant.
Bon élève mais sans trop savoir quoi faire, Maxime se dirige vers des études de droit. Il adore ses années de fac et jouit d’une vie étudiante bien remplie.
En se projetant dans la vie professionnelle, il se rend compte que les métiers sur lesquels débouchent ses études ne lui correspondent pas vraiment. Il bifurque donc de la fac de droit vers un IAE (Institut d'Administration des Entreprises) où il fait un master de marketing.
Par un heureux mélange de hasard et de volonté, il se dirige vers le milieu des agences de communication, qu’il intègre après un stage réussi. Il passe quelques années à faire du branding dans une première agence, à trouver des noms pour des boîtes et des produits. Il se tourne ensuite vers une agence digitale qui fait de la création de sites web et commence en tant que chef de projet.
Après quelques temps, Maxime a 30 ans et sent qu’il arrive à un cap. Il commence à s’ennuyer dans ce qu’il fait et perd petit à petit confiance en lui. Il a besoin de passer à l’étape suivante, mais ne sait pas comment s’y prendre. Il intègre donc un programme de coaching pour l’aider à formuler son projet, à y voir plus clair dans ses envies.
Ce moment de quête de soi se présente comme une période propice au changement, à l’ouverture et à la nouveauté. Plein de questionnements et de curiosité, Maxime tombe par hasard sur une pub sur Instagram : “Aidez un étudiant et devenez mentor !”. Sans vraiment réfléchir : il s’inscrit.
Et regrette instantanément.
La flemme de la découverte, de consacrer du temps à quelque chose de nouveau s’empare de cet élan et le teinte d’une nuance de regret. Il a la flemme, mais il décide de rester.
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Rapidement, Maxime reçoit un mail l’informant qu’il va devenir le mentor d’Hervé. Est-ce qu’il sait dans quoi il s’embarque ? Pas vraiment : c’est clair et en même temps pas. Il se projette bien dans ce qu’est le mentorat mais cela reste au stade d’idée, peut-être un peu floue et fantasmée : être le mentor d’un petit génie qui entre dans une grande université et avec qui tu fais le point de temps en temps.
Le premier sujet sur lequel Maxime va aider Hervé, c’est sa démission de son job étudiant dans un fast food pour pouvoir intégrer un Service Civique. Engagé à y travailler pour quatre mois, Hervé a besoin de partir deux mois plus tôt pour pouvoir commencer son volontariat. Il s’en veut de les lâcher et son manager est un peu dur. Maxime se rend compte que si pour lui cette démarche paraît être une bagatelle, pour Hervé c’est terrifiant. D’abord parce qu’il ne sait pas comment faire, mais aussi parce que chaque chance qu’on lui donne, il a peur de la perdre. Maxime lui donne donc tous les conseils pour que cela se passe au mieux et Hervé parvient à mettre ces recommandations en pratique pour pouvoir suivre sa voie en Service Civique.
La première chose que le mentorat apporte à Maxime - et ce qui le surprend le plus - c’est une autre vision du réel. Il a conscience qu’il a beaucoup de chance d’être né dans le milieu dans lequel il est né. Au-delà de l’aisance financière, ses parents pouvaient l’aider pour ses devoirs, autour de lui tout le monde a réussi. Il a grandi dans un milieu dans lequel il se sent autorisé à la réussite, pour les jeunes comme Hervé, c’est ce qui leur manque.
Il se rend compte que l’idée un peu romanesque du mentorat où on accompagne quelqu’un de très brillant qui a déjà les codes, ce n’est pas la vraie vie.
Les parcours comme celui d’Hervé représentent une part très importante de la population et de la nation, des gens qui nous entourent. Pour des raisons différentes, liées à des inégalités de capital social, culturel, économique, géographique, parfois tout en même temps. Le mentorat permet de se connaître, de créer la rencontre. Son engagement l’aide aussi à se réaliser, à ce qu’il se sente utile en le plaçant dans un mouvement positif.
Au contact d’Hervé, Maxime apprend plein de choses : il a une meilleure vision du tissu associatif français, des réalités du milieu scolaire et universitaire, une idée plus claire des questions d’orientation aussi. En accompagnant Hervé dans son parcours, il est choqué des réalités d’un système qui met en place des plans d’actions mais n’accompagne pas toujours les jeunes jusqu’au bout. Il leur manque ce filet de sécurité auquel il est habitué et qu’il avait normalisé. Il touche à la complexité des choses, développe une vision plus globale qui lui permet d’avoir une meilleure approche : les inégalités ne sont pas qu’une histoire de quartier ou d’origine sociale. Maxime devient un citoyen plus averti qui se rend compte des injustices et des réalités à deux vitesses. En devenant mentor, il prend part à l’action.
les prénoms ont été changés afin de respecter l’anonymat des personnes qui racontent leur histoire