Apprendre par cœur ou ne pas apprendre par cœur, telle est la question.

Apprendre par cœur ou ne pas apprendre par cœur, telle est la question.

On ne choisit jamais les sujets qu’on traite par hasard. Il y a toujours quelque chose qui relève de l’inconscient et parfois, il peut même y avoir un effet cathartique, comme si, par l’écriture d’un article sur un blog, on évacuait un peu le trop plein.

C’est mon cas ici, je l’admets. Je tente d’évacuer le trop plein de stress vis-à-vis de l’apprentissage d’un texte difficile. Celui d’une pièce de théâtre dans laquelle je serai amenée à jouer à partir de ce printemps. Je crois que ces fichues — pardon Philippe Minyana — douze pages de monologue, d’un texte sans ponctuation, à la structuration tout aussi incertaine que poétique, me fichent carrément la trouille !

Au point où je me suis décidée à traiter du sujet pour le confronter et m’alléger. Comme si mes mots, une fois lus par d’autres, me donneront du courage.

Alors, rentrons dans le vif du sujet. Quand mes clients me demandent de rédiger, avec ou pour eux, leur discours ou leur intervention afin qu’ils puissent l’apprendre mot à mot, je leur oppose un « non » ferme. À leur grand désespoir.

Ne se rendent-ils pas compte de la chance qu’ils ont ? De pouvoir improviser, opérer des modifications selon les circonstances et d’être libres du carcan que peut être un texte écrit par autrui ? Et puis, aucune raison d‘angoisser au sujet du fameux trou de mémoire !

Car bien déclamer un texte appris par cœur, qui plus est sur une quinzaine de minutes (quand vous êtes seul en scène, c’est long !), requiert de la technique et beaucoup de travail : outre l’apprentissage et le travail de mémoire, il s’agit de rendre ce texte vivant, spontané et fluide. Quand un acteur apprend son texte, il le fait pendant des semaines : il le met en bouche, le mâche, le digère, le manipule, le triture, le casse et le répare. Il fait ses gammes en quelque sorte pour le rendre sien… Une fois le texte ingéré, commence le travail d’interprétation, permettant aux spectateurs de ressentir l’émotion.

Car c’est bien cela que le public vient chercher : devenir le témoin d’une création de la pensée spontanée et en train de naître devant leurs yeux ébahis. Et c’est un des challenges du comédien : restituer un dialogue comme s’il n’avait jamais existé auparavant et en accoucher tous les soirs avec le même enthousiasme et la même surprise et naïveté.

Ainsi, il vous faut être assez agile avec vos propres émotions pour donner l’illusion que ce texte que vous prononcez, vient tout juste de germer dans votre esprit.

Voilà pourquoi, je déconseille à mes clients d’apprendre par cœur, au risque de paraître figé, inauthentique et distant car rien n’est pire qu’un texte récité de façon automatique. Finalement, à trop se focaliser sur le contenu et donc sur soi, on risque d’en oublier le destinataire du message et la nécessité d’entrer en contact avec lui. Ah la fameuse fonction phatique chère à Jakobson !

Comprenez-moi bien, je ne dis pas de ne rien préparer. Je suis anti-langue de bois et j’estime que ceux qui parlent doivent avoir quelque chose à dire et donc parfaitement maîtriser leur sujet. Et pour cela, rien de mieux que de préparer le fond de son intervention bien en amont.

J’ai développé une méthode , la  6 mantra-method©, qui permet de travailler à la fois le non-verbal (le travail sur votre voix, votre regard et votre corps pour créer une connexion avec vos interlocuteurs par l’engagement et l’émotion) mais aussi l’aspect verbal. Et cette méthode vous aidera à structurer logiquement votre pensée, pour faire en sorte que vos idées soient cohérentes entre elles, et que votre intervention suive un chemin pertinent et clair.


Voici un aperçu de ma méthode organisée autour de 4 ateliers sur le verbal et quelques conseils que vous pouvez également utiliser seul pour vos présentations.

Le premier atelier est le plus difficile à mon sens car il vous force à choisir et donc à laisser de côté certaines idées : il s‘agit de tracer les contours et de définir le périmètre de votre sujet et surtout de vous aider à formuler votre idée-principale, ou comme le dirait Jeremy Donovan (juste un type qui organise des Ted Talk, rien que ça), « Your Idea Worth Spreading ». C’est une étape fondamentale pour exprimer de façon simple, claire et aspirationnelle, comment que votre idée va impacter votre public. C’est la base sur laquelle nous allons construire ensemble votre intervention. Votre idée-force devient votre fil conducteur et votre garde-fou.

Une fois que vous vous êtes paré(e) de votre idée-force comme d’une seconde peau, nous pouvons passer au second atelier dont le but est de forger votre argumentaire.

Par arguments, j’entends les arguments rationnels, émotionnels et factuels car vous devez parler aux têtes, aux cœurs et aux corps, un triple ressort qui nous habite toutes et tous !

Une troisième étape consiste à donner une cohérence globale à vos arguments par la technique du storytelling et de définir votre plan autour d’une histoire. Pour cela, il vous faudra passer d’une logique autocentrée de connaissances et de conception à une logique de compréhension et d’adhésion, centrée sur l’auditoire. Là encore, de nombreuses possibilités s’offrent à nous en termes d’organisation du contenu. Êtes-vous assez à l’aise pour parler de vous et de votre histoire ? Est-ce approprié dans le contexte ? Sinon, à quelles histoires pouvons-nous faire appel ? Ensemble nous identifions la stratégie narrative qui va lever les résistances et permettre l’adhésion du public !

Enfin, quatrième étape, celle du “design”. Il s’agit de graver dans le marbre votre plan, vos arguments et vos idées, de deux façons : l’une est destinée au public, sous la forme d’un support projeté qui aide à la mémorisation des informations et à maximiser la réception du message, l’autre sera votre conducteur pour lequel j’ai développé une structure de rédaction spécifique vous permettant de lire les infos en un coup d’œil. — Et oui, il y a aussi des règles pour bien rédiger un conducteur et ne pas s’emmêler les pinceaux ! — Bien sûr, le choix d’avoir un conducteur est personnel : le principal, c’est que vous vous sentiez à l’aise et que vous n’ayez pas de phrases toutes faites à lire, surtout pas !

Enfin, pour les plus stressé(e)s, je recommande dès le début du processus de dégager 5 à 10 questions ou objections prévisibles de la part de votre futur public et de préparer des réponses satisfaisantes. Vous éviterez ainsi d’être pris(e) au dépourvu.

Ces quatre moments forts se font en général sur une période de 4 semaines ou plus pour vous permettre d‘absorber votre sujet et de faire corps avec lui.

Cette technique itérative vous permet de construire votre propre chemin et de poser vous-mêmes les briques de votre intervention, afin que vous emmagasiniez toutes les informations au fur et à mesure du processus.

Que vous soyez naturellement à l’aise à l’oral ou non, cette technique vous permettra de mettre sur pied des présentations soignées et d’une grande clarté afin d’être pertinent et convaincant !

Oubliez donc le par cœur, il risque de vous entraver ! Au contraire, faites-vous confiance, vous maîtrisez d’autant plus votre sujet que vous l’avez travaillé et laissez-vous porter par vos émotions, et votre instinct — en gardant le conducteur comme filet de sécurité si vous le souhaitez ! Vous serez moins centré sur vous et vous aurez l’espace mental pour vous connectez à votre public !

Car c’est aussi cela que vos interlocuteurs viennent chercher : des moments non répétés, des instants de véracité qui laissent transparaître l’émotion, le doute parfois, les hésitations et donnent l’impression d’une discussion ouverte.

« Merde ! » comme on dit. Quant à mois, je retourne à mon apprentissage…

Milka Pantelic

Fondatrice de Sweet dans les idées, agence dédiée à la communication orale



Oli CLEMENT

Consultante accompagnement au Changement - #GPEC #Neurodiversité #Intrapreneuriat #SIRH #MedTech

6 ans

C'est clair et pertinent. Quant au service, il fait carrément envie : incarner son propre discours, structuré et adapté au contexte, du verbal au non verbal. Bravo.

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