Reconversion, Ukiyo-e et autres péripéties
Je sens mon cœur battre de plus en plus fort à mesure que je m’apprête à publier ce billet. Je savoure l’adrénaline tout en éprouvant l’inquiétude et la peur du jugement des autres. Pourtant je n’en suis pas à mon premier article public. Mais aujourd’hui, ce premier billet signe le lancement officiel de ma nouvelle structure, Sweet dans les idées, une agence dédiée à la communication orale. Ça non plus, je n’en suis pas à mon premier coup d’essai et à ma première « boîte » !
Mais justement, quand votre première entreprise vous a appartenu aussi longtemps, vous finissez par lui appartenir tout autant et il est difficile de se défaire de la trace indélébile qu’elle laisse en vous.
Alors, j’ai pris le temps d’accepter cette trace, de la contempler et d’en apprécier les contours et les formes… Après tout, elle n’était pas si mal, cette trace. Pendant cet intermède instable, inconfortable mais porteur de renouveau, entre deux boîtes, j’ai fait un enfant, j’ai lu, j’ai ri, j’ai exploré, j’ai joué, j’ai pleuré, trop, j’ai contemplé, j’ai appris, beaucoup, je me suis construite brique par brique… Je savais au fond de moi ce que je voulais faire, mais je ne parvenais pas à me mettre en ordre de marche. Et puis, tout à coup la révélation, la voie de ma reconversion était toute tracée : joindre “l’utile à l’agréable” ! Joindre le théâtre, la scène, l’improvisation au métier de la communication formalisée. Trouver du sens dans mon activité professionnelle et dans mon quotidien.
La reconversion…. Le mot est lâché.
Nous appartenons à une génération qui n’aura pas un emploi à vie mais une vie remplie d’emplois divers et variés, par choix ou par nécessité. Alors, pour reprendre des termes sacro-saints aujourd’hui, “rebondir”, “s’adapter”, “se former” deviennent une gymnastique du quotidien pour beaucoup d’entre nous. Et, bien qu’épuisant parfois, c’est bien le seul sport que je pratique — malheureusement.
La joie et l’évidence avec lesquelles mes proches ont accueilli ma “nouvelle carrière” m’ont frappée : j’ai pourtant trouvé le temps long pendant ces mois où je me cherchais, je trébuchais, je tentais et je ratais…
C’est un processus, parfois douloureux, et toujours ardu car nous tournons une page, nous abandonnons une partie de nous-mêmes, que nous connaissons, pour franchir une porte vers l’inconnu. Car nous cherchons sans connaître l’objet de notre quête. Alors nous multiplions, les lectures, les ateliers, les conférences, les formations, les avis… Une fois le Graal trouvé, nous devons apprendre à nouveau, parfois, remettre en cause ce que nous savons puis mettre en mots le nouveau projet et écrire ce nouveau chapitre tout juste imaginé. Et enfin, arrive le moment fatidique, celui de l’annonce : annoncer le changement qui s’est opéré en nous aux proches et aux moins proches. Parfois, il s’agit d’un changement radical, d’autres fois, d’une “rupture dans la continuité”. Quelle que soit sa forme, la reconversion requiert énergie, présence à soi, écoute de l’environnement, indulgence, humilité et optimisme ! Et si on peut, un regard extérieur bienveillant.
Personnellement, le soutien indéfectible de ma moitié, ma pratique — très imparfaite — de la méditation et de la pleine conscience, ma thérapie, mon entourage et ma passion pour ce que je fais m’ont permis d’avancer avec sérénité car les moments de doute sont nombreux.
C’est une étape de la vie professionnelle que je souhaite à toutes et tous car nous nous engageons dans un processus sain, permettant, l’espace d’un instant, de nous faire progresser tout en prenant le temps de nous arrêter. Un paradoxe qui me fascine encore aujourd’hui.
A l’aube de cette nouvelle année, où tout est possible, j’ai eu envie de partager ce qu’a été mon monde flottant pendant un moment, aussi fugace que splendide qu’un ukiyo-e.
J’ai eu envie de montrer un peu de moi, car travailler ensemble, quoiqu’on en dise, c’est une affaire de valeurs, d’accointance et de rencontre.
Belle année 2018 à toutes et à tous !
Milka