Après l'"échec" du concours il y a une vie, portrait n°2 : Romain Cavaliere
Romain Cavaliere est âgé de 22 ans, il est actuellement étudiant en 3 -ème de licence de droit à l’université Paris V Descartes. Avant d’intégrer cette formation, Romain fut confronté à deux reprises au fameux concours de la PACES (Première Année Commune aux Etudes de Santé) afin de devenir médecin.
Selon Romain, l’échec « c’est lorsqu’on abandonne alors qu’on a encore la possibilité d’avancer ».
« Le concours de la PACES, une expérience négative à court terme, mais positive finalement »
Le fait de ne pas avoir eu le concours de médecine fut dévastateur sur le moment, pour Romain. En effet, la non-réussite de ce concours symbolisait à ce moment l’impossibilité de réaliser son rêve qui était de devenir médecin.
Romain tenait à souligner que la frontière entre « réussite » et un « échec » ne tient qu’à une histoire de place, en fonction du nombre choisi de places, on aura un nombre de « réussites » et d'«échecs » différent.
Celui qui n’a pas eu le concours n’a pas nécessairement travaillé moins que celui qui a eu le concours, mais le jour j il fut le plus apte.
En outre, le coût psychologique fut important, car Romain n’a jamais eu à redoubler au cours de son cursus scolaire, donc se voir bloquer dans la quête de son rêve de devenir médecin fut quelque chose de nouveau et qu’il n’avait pas forcément prévu. D’autant plus, qu’après la diffusion des résultats, il ne lui restait que quelques semaines pour trouver une nouvelle formation ou se lancer dans le marché du travail à 20 ans.
Par ailleurs, cette contre-performance au concours de la PACES, fut également un moyen pour Romain de voir le décalage de niveau et d’attentes qu’il y a entre le lycée et le supérieur.
Toutefois, avec du recul Romain a pris cette expérience positivement, il a pu se rendre compte durant ses années d’études de droit, qu’il a pu acquérir de nombreuses compétences lors de ses années de médecine.
Il sort donc grandi et plus fort mentalement et scolairement comparé au lycée. C’est pourquoi, si c’était à refaire, il le referait, car au moins il aura essayé et il est ressorti grandi de cette expérience.
« Le concours PACES, un moyen de créer des élites plus qu’un moyen de sélectionner des gens capables d’être médecin ».
Pour Romain ce concours est un instrument de légitimation & de construction d’élite. En effet, la plupart des matières enseignées lors de la première année de PACES, n’ont pas de lien direct avec ce que fait un médecin en pratique. De ce fait, les candidats ne sont pas jugés sur des compétences liées au métier de médecin mais plus sur des compétences qui décideront s’ils seront à même d’appartenir à l’« élite ». D’autant plus, que pour la plupart des concours, il y a très peu d’élèves venant de classes populaires qui réussissent, ce qui pose la question du réel but de ce concours et du déterminisme social des concours en général.
Romain n’a pas l’intention de lâcher son rêve de devenir médecin, à l’issue de son Master 2 de droit, il compte reprendre des études de médecine en passant par une passerelle.
En somme, ce que je retiens de cet entretien avec Romain, c’est que ce n’est pas le système qui doit décider de si on est dans une situation d’échec ou non. L’échec est déterminé par nous, tant qu’on n’abandonne pas notre objectif, on n’est pas dans l’échec mais dans l’apprentissage. L’échec arrive au moment où l’on cesse de croire en notre rêve. C’est à ce moment qu’on laisse la logique systémique du concours prendre le contrôle de notre vie, en déterminant notre destin sur la base d’une épreuve à un instant donné de notre vie, sur des critères souvent socialement biaisés.
Notaire stagiaire
4 ansEt il compte bien y parvenir !