Après la désindustrialisation, la "dé-logistisation" ?

N’apprendrons-nous jamais de nos erreurs ? Après avoir tous regardé, avec silence sinon avec complaisance, la désindustrialisation de notre pays, l’accroissement de notre dépendance et de notre vulnérabilité, voilà que se dessine une nouvelle crise industrielle d’envergure : les activités de transport, de logistique et de distribution ne trouvent plus lieu de cité en France et c’est notre économie, nos emplois, nos engagements face au défi climatique qui sont inévitablement fragilisés. La «dé-logistisation » est en marche.

La situation devient critique : l’absence de disponibilités immobilières et foncières frappent les grands bassins économiques français, aggravant les difficultés des entreprises à se développer, à embaucher et à se moderniser. Comme si cela ne suffisait pas, le déséquilibre croissant entre l’offre et la demande conduit à une augmentation des loyers des entrepôts – près de 8% en un an – fragilisant encore davantage les entreprises de notre pays, singulièrement les TPE et les PME.

Or, à quoi servent nos entrepôts ? A irriguer notre économie, telle la sève de l’arbre. La réponse aux nouveaux modes de consommation, le renouveau industriel français, la décarbonation des flux de marchandises ou encore la souveraineté économique, tous ces enjeux essentiels passent par le développement de nouveaux entrepôts sur le territoire. D’autant que les acteurs de la logistique font leur « aggiornamento » indispensable pour intégrer désormais le défi climatique dans la conception, la construction et l’exploitation de leur bâtiment ; tout n’est pas encore parfait mais la reconversion des friches ou la préservation de la biodiversité sont déjà plus des innovations : elles sont les pratiques que les professionnels de l’industrie logistique maîtrisent, dans un souci de responsabilité et une volonté concrète d’être au rendez-vous des objectifs capitaux de réduction des émissions carbone à l’horizon 2030.

A l’automne 2021, après la signature en juillet entre l’Etat et Afilog d’une charte d’engagements réciproques sur la double performance écologique et économique de l’immobilier logistique, les ministres réunis en Comité Interministériel de la Logistique ont ainsi demandé aux Préfets de réunir des conférences régionales de la logistique. L’objectif : aboutir à une cartographie opérationnelle des implantations logistiques à intégrer dans les documents d’urbanisme et de planification, au niveau régional puis métropolitain, intercommunal et communal ; mais aussi accélérer toutes les procédures et pratiques administratives permettant de créer de l’offre foncière et immobilière.

"Ce travail de concertation et de recensement a permis de mettre en lumière la crise silencieuse de la logistique : la pénurie de surfaces s’accroît dangereusement dans de nombreuses régions sans qu’aucune mesure palliative ou corrective ne soit prise"

Sans en être la seule responsable, cette restriction des ressources immobilières participe à ralentir la productivité des entreprises et à les détourner des nécessaires efforts de modernisation de leur activité, de leur flotte de véhicules et de leurs outils de production. Et ce, dans un contexte économique qui se durcit fortement et qui fragilise durablement un secteur du transport, de la logistique et de la distribution déjà en tension.

Notre objectif est avant tout de convaincre de l’absolue nécessité d’une action urgente et collective de l’Etat et des collectivités, aidés par les acteurs privés, pour prendre les mesures qui s’imposent afin de sauver un vaste tissu d’entreprises en grand danger pour les années qui viennent et de permettre de rétablir la compétitivité et la souveraineté de notre pays !