Après la Trêve, C’est la Grève!

Après la Trêve, c’est la Grève!

« Les problèmes mal résolus sont sans pitié pour le repos des peuples»

Par Joël Léon

Tout échec politique impose une interprétation normative parce qu’il entraîne toujours des conséquences néfastes pour les vaincus. Les bourgeois, perpétuels revanchards, qui avaient vu voler en fumée des millions de dollars vont réagir. Le régime politique en place dont le pouvoir a été ébranlé va adopter des mesures punitives et préventives afin de conjurer une fois pour toute la répétition de tels événements. Le 7 juillet 2018 avait mis en question tout calcul stratégique pour 2022. Désormais, PHTK est contraint à faire des ajustements stratégiques intelligents pour protéger et maintenir le pouvoir. Donc, la lutte politique pour le contrôle du pouvoir sera implacable. Il y aura certainement des morts d’hommes.

L’opposition haïtienne n’était pas en mesure de récupérer l’événement politique des 6,7 et 8 juillet. Cela prouve son incapacité à comprendre, expliquer et agir. Ils pensent que la politique se fait uniquement par des interventions radiophoniques intempestives. Ils abandonnent les milieux populaires entre les mains des gangs qui en profitent amplement pour rançonner la population et mettre leurs armes au service du plus offrant: gouvernement, bourgeoisie et politique. Les perpétuels opposants s’entre-tuent et utilisent les micros pour faire chanter les hommes d’affaires et le gouvernement à des fins mercantiles. Les masses populaires se trouvent entre l’enclume et le marteau.

La lecture de l’opposition des événements de 3 jours était puérile et ne correspondait pas à la gravité de la situation. Cela me conduit à questionner la compétence et la motivation de ce groupe d’hommes qui s’accapare de la scène politique. Les opposants n’avaient fait preuve d’aucune audace émanant d’un certaine maturité politique.

L’opposition haïtienne prend tout le monde pour des imbéciles. Au cours des mois novembre et décembre 2017, Jovenel Moïse était déjà bénéficiaire de 3 rêves à des moments critiques quand la mobilisation populaire s’annonçait menaçante. J’avais dénoncé cette trahison « vant deboutonen», quoique j’ai été très critiqué à l’époque, mais beaucoup de militants m’avaient finalement donné raison quelques mois plus tard.

Le lancement du mot d’ordre de grève par l’opposition n’avait profité qu’au pouvoir qui s’en était habilement servi pour reprendre le contrôle du pays. Pourquoi grève, pendant que le pays était déjà en grève. Rien ne fonctionnait. Les masses populaires étaient en ébullition. De braves militants dictaient le ton aux accapareurs du pouvoir politique jusqu’à revenir sur le communiqué de guerre qui augmentait les prix du gaz. L’opposition brillait par son absence.

L’opposition, si elle était à la hauteur de cette tâche historique, devrait se mettre en phase avec l’insurrection populaire pour imposer un ultimatum de 24 heures à Jovenel Moïse pour vider les lieux. Sinon…

Cette incapacité d’anticiper et de récupérer, indispensable à toute organisation politique, met le mouvement populaire dans une situation avilissante, 24 heures seulement après une fulgurante victoire sur le gouvernement en place. Comme si ceux qui gagnèrent les rues avaient un seul objectif de piller les biens d’autrui. Donc, la protestation est vidée de son contenu socio-politique.

Aujourd’hui, courageusement, je dénonce le comportement mafieux de l’opposition vassalisée qui, en lançant le mot d’ordre de 2 jours de grève, avait affaibli l’insurrection populaire qui était en marche.

L’opposition haïtienne souffre d’une flagrante incapacité politique et idéologique. Elle n’a pas compris que « la crise de mutation sociale et politique qui agite le pays a atteint son point culminant, ni la bourgeoisie, ni l’impérialisme, ni la «classe politique vassale» ne sont pas en mesure de la rafistoler». C’est fini, la modernité s’imposera.

Ceux qui prennent la scène politique en otage ne sont pas à la hauteur de ce moment de grande espérance qui consiste à crever l’abcès. Les leaders politiques traditionnels sont dépassés, dépourvus de méninges idéologiques et et de disciplines politiques, ils ont vu leurs options limitées. De ce fait, ils seront toujours en retard de phase. Donc, ils ne font que ralentir cette longue marche historique datée de 17 octobre 1806.

Peuple haïtien, il faut changer cette ratatouille politique, elle n’a pas la compétence ni la qualité requise pour mener ce combat qui doit nécessairement conduire à l’avènement de cette société moderne que nous réclamons tous. Ce sont des coquins qui définissent la politique comme la « science de l’opportunité». Ce qui les intéresse, c’est faire de l’argent, s’entourer des belles filles du pays, avoir de belles voitures et maisons. De tels individus ne peuvent vous emmener au changement pour lequel vous risquez quotidiennement votre vie, leur vision est trop courte. Il vous faut des hommes et femmes qui transcendent le périssable, qui sont à la recherche de l’immortalité. Qui s’aventurent dans le combat pour qu’après plusieurs siècles, la nation se souvienne d’eux, de la même façon qu’on vénère encore Jean Jacques Dessalines.


Joël Léon


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