Après le 7 juillet, dans tous les cas

Quels que soient les résultats des élections législatives, la gauche devra s'attacher à deux tâches essentielles avec patience : sa propre reconstruction, qui va au-delà d'une simple nouvelle entente électorale ; un travail en profondeur, pour faire reculer l'extrême-droite.

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Deux choses qui font image.

À la présidentielle de 2022, la somme des voix des différent.es candidat.es de gauche dépassent non seulement celles d'Emmanuel Macron, mais aussi celles de Marine Le Pen. On ne peut peut pas en tirer de conclusions directes sur ce qu'aurait été le résultat d'une candidature unitaire. Mais il est tout-à-fait possible que nous aurions pu avoir aujourd'hui, au lieu du chaos actuel et du risque de voir l'extrême-droite arriver au gouvernement, un gouvernement de gauche qui, si on se fie au programme (ultérieur) de la NUPES, serait revenu sur les réformes anti-sociales du premier quinquennat Macron et aurait mis en place politique de transformation sociale et écologique. Ce serait le présent dans lequel nous vivrions.

Au lieu de ça, nous avons eu la désunion, et nous la payons au prix fort.

Dissolution le 9 juin, risque d'arrivée au gouvernement de l'extrême-droite, émerge l'idée d'un nouveau Front populaire, et celle de candidatures portées par l'élan populaire et par un rassemblement allant au-delà des partis politiques, associant syndicats et associations. Le temps est court, et les partis ont repris la main avec les investitures, et il faudra voir, pratiquement circonscription par circonscription, là où il y a eu une préfiguration de ce mouvement, et là où les partis ont fait dans l'entre-soi, par inertie, par choix, ou parce que la rencontre ne s'est pas faite.

Mais s'il est nécessaire de sortir de l'alternance entre querelles et rabibochages, d'aller à la rencontre de la population alors que les membres des partis politiques n'en représentent qu'une partie infinitésimale, si la dynamique entrevue apparait souhaitable, il faudra en tenir le fil au-delà du scrutin, et patiemment tisser les convergences.

Refaire de la gauche une alternative crédible est en soit un moyen de faire reculer l'extrême-droite. Il est aussi question de présence, d'ancrage, de proximité. De retrouver les relais, et de retisser des liens de respect et de confiance. De revenir là où l'extrême-droite a labouré depuis quarante ans. De partager des visions, des concepts, des valeurs, des espérances, là où le néo-libéralisme est devenu dominant - y compris dans nos propres rangs.

Gérer la contradiction entre un travail de fond, dans la durée, et le temps court du rythme électoral - passé un an, le président de la République peut à nouveau dissoudre l'Assemblée nationale - les élections municipales, départementales et régionales vont vite venir - mais c'est l'occasion de travailler localement, à la rencontre de la population - puis la présidentielle, et le cycle continue.

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