Après un été chahuté, vers un rallye de fin d’année ?
La fin du cycle inflationniste et le début de l’assouplissement monétaire permettront de réduire la pression sur les ménages et de renforcer la confiance.
Comme en 2023, nous avons connu un été chahuté sur les marchés. Mais les craintes sur la croissance aux Etats-Unis semblent encore une fois exagérées alors que la visibilité sur l’assouplissement monétaire se renforce. La baisse des taux et la chute violente des prix du pétrole vont redonner du pouvoir d’achat aux ménages, mais cela prendra un peu de temps.
C’est désormais devenu presque une habitude. Avant de partir en vacances d’été, il convient de protéger son portefeuille. Depuis les années 90, les mois d’août et de septembre sont les plus mauvais en termes de performance du S&P 500. Et comme on le sait, si le marché US trébuche, le reste du monde également. En juillet dernier, nous évoquions ces risques et depuis, le Nasdaq se traite près de 10% en deçà des plus hauts de mi-juillet. En Europe, le CAC 40 se traite aussi 10% en deçà des niveaux pré-dissolution de l’Assemblée Nationale. Faut-il voir ces niveaux de marché comme une opportunité, comme cela a été le cas au cours des dernières années? Ou bien est-ce le début d’un grand cycle d’ajustement sur le thème de la Tech aux Etats-Unis après des décennies de performance extraordinaire? Compte tenu du poids de ces valeurs dans les indices de référence globaux, la question est cruciale pour les investisseurs.
Soyons clairs, nous penchons pour la première option. De notre point de vue, l’absence de récession dans les pays développés devrait permettre aux marchés actions de dépasser les plus hauts au cours des prochains mois. Et ce, malgré la valorisation élevée du marché actions américain. Mais les circonstances méritent une attention particulière et le cycle électoral américain rentre dans la balance.
Les élections présidentielles américaines du 5 novembre approchent à grand pas. Au sein des actions, les small caps, les banques et le secteur automobile ont montré une corrélation positive à la probabilité d’une victoire de Donald Trump. Son agenda protectionniste, voire inflationniste, est aussi haussier sur le dollar et les taux.
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Si les deux candidats sont toujours au coude à coude dans les sondages, Donald Trump a perdu du terrain depuis le débat avec Kamala Harris. Du point de vue du risque inflationniste associé à Trump, c’est une bonne nouvelle. Le programme de Kamala Harris est toutefois plus adverse pour les marchés, sur le papier. L’augmentation de l’impôt sur les sociétés et son agenda plus redistributif serait un vent contraire pour la croissance des bénéfices, attendue à 15% en 2025 pour le S&P 500. Mais Kamala Harris ne pourra implémenter son programme que si elle a une majorité au Congrès, ce qui semble très peu probable. Une victoire de Kamala Harris à la présidentielle, sans remporter le Congrès, s’avèrerait ainsi probablement sans dommages pour les marchés.
En Europe, les circonstances méritent aussi une attention particulière. La concurrence chinoise dans l’industrie manufacturière est féroce et pose des questions de moyen/ long terme. Les parts de marché à l’exportation de la zone euro ne font que décliner depuis des années, au détriment de la Chine récemment. Selon une analyse récente de la BCE, la zone euro et la Chine sont désormais en concurrence directe sur une nombre croissant de secteurs, au fur et à mesure que la Chine est montée en gamme. Si la seule option est la guerre commerciale et la hausse des tarifs douaniers, le consommateur européen sera perdant.
Du point de vue des marchés actions européens, des secteurs tel que la consommation discrétionnaire, en particulier le luxe, sont vulnérables face à la faiblesse de la demande chinoise. Nous sommes positifs toutefois sur des secteurs comme la Pharma, qui a connu un beau parcours dernièrement. Les bancaires pourraient aussi bénéficier d’un regain d’espoirs sur la consolidation du secteur en Europe après l’opération Unicredit/ Commerzbank.
En conclusion, les défis sont de taille et les marchés ont connu une belle progression ces deux dernières années. Mais la fin du cycle inflationniste et le début de l’assouplissement monétaire permettront de réduire la pression sur les ménages et de renforcer la confiance. Toutefois, le niveau de valorisation élevé des actions américaines devrait se traduire par un régime de volatilité plus élevé, ou du moins des phases de prises de profits récurrentes.