Après Viry-Châtillon...

Je ne sais pas s'il y a des policiers connectés sur LinkedIn à titre professionnel. Dans le cadre du livre sur la France au travers du regard de ses habitants, à l'aube de la présidentielle, cosigné avec Antoine Dreyfus et à paraître début 2017 chez Flammarion, j'en ai rencontré et écouté plusieurs. Quelques mots...

Des flics, j'en croise en fait pas mal sur le chemin du livre. Alors quelques lignes sur eux et ce que j'ai vu et entendu, aux côtés de ceux qui m'ont longuement parlé ou que j'ai un peu suivi: des humains en première ligne sur la violence, la misère, les drames du quotidien. Parfois les petits bonheurs aussi. Un commissaire qui passe son temps sur le terrain avec ses hommes, et qui, toujours, dans les situations complexes, difficiles, cherche un interlocuteur en face pour tenter de faire redescendre la pression avant d'avoir à user de la force. Qui a pour règle première de prendre en compte le facteur humain pour désamorcer une crise qui pourrait devenir explosive ou tourner au drame. Des hommes et des femmes qui ne comptent par leurs heures, la nuit, le jour, les semaines avant de pouvoir profiter d'un week-end avec la famille, les gamins. Des gens qui se prennent en pleine tronche le coup de fil de la personne qui se suicide au téléphone, qui répondent à l'ado qui contacte les services d'urgence parce qu'il n'a plus de forfait et pense que le standard de la police va pouvoir le connecter avec ses parents, qui essuient les insultes anonymes, qui doivent répondre avec calme et maitrise à cette personne qui appelle au secours mais est incapable de dire où elle est, qui vont débarquer à trois heures du matin dans la vie d'un couple en détresse parce que le mec a bu et cogné, une fois encore. Ceux qu'on appelle des "gardiens de la paix", parfois minés psychologiquement et physiquement, dont la bouée de secours est leur famille et les copains. Qui ont encore la foi en leur mission, ou qui sont en train de la perdre ou l'ont déjà perdue à force de sentiment d'incompréhension, de trop de choses vues, d'impression de vider la mer avec une petite cuillère. Et pourtant, toujours présents, et suscitant toujours des vocations. Celles et ceux que j'ai rencontré ont deux références au cinéma: "Polisse" et L627. Et aime aussi le réalisateur Olivier Marchal. Ceux de Viry-Châtillon en fait, j'aurais pu les croiser.