Aquoibonisme

Aquoibonisme

L’élection possible de Donald Trump est de nature à rajouter un peu plus d’incertitudes et d’inquiétudes dans le monde VUCA (volatil, incertain, complexe, ambigu) dans lequel nous sommes. Face au triomphe du mensonge et des propos simplistes et caricaturaux, la tentation est de baisser les bras. On se laisse envahir par un aquoibonisme qui pousse à adopter une posture victimaire qui conduit à déprimer.

Ce qui se passe à l’échelle du monde et nous concerne tous, peut être présent d’une autre façon dans l’entreprise. Pour beaucoup de collaborateurs, l’impression de ne rien contrôler, les conduit à adopter une posture pour le moins de passivité. Chacun continue ce qu’il a à faire de façon quasi automatique sans le moindre élan. Il s’agit avant tout de se préserver et de se protéger contre tout risque potentiel. Le quotidien n’est qu’une longue suite de tâches ressenties comme pénibles. Progressivement les acteurs réduisent d’eux-mêmes leur champ d’action en se cantonnant à n’être plus que des exécutants. Cette posture est, bien évidemment, le résultat d’un type de management.

La plupart du temps, les dirigeants sont alertés par les risques de cette posture de leurs collaborateurs. Convaincus de la nécessité de leur donner de la marge de manœuvre et de la capacité d’initiative, ils ne manquent jamais de les promouvoir. Ce n’est pas pour autant que dans les strates de l’organisation, ces pratiques sont mises en œuvre. Il est souvent plus confortable pour le management de terrain de garder des compétences d’expert en s’appuyant sur le ressort du contrôle a priori que de prendre le risque de la délégation. Il ne fait que reproduire ce qu’ont fait des générations avant lui avec un certain succès. S’installe une boucle systémique où ceux qui subissent prennent l’habitude de ne prendre aucun risque et ceux qui les encadrent prennent toutes les décisions.

L’entreprise est le lieu dans lequel chacun peut avoir une marge de manœuvre et de décision. Chaque collaborateur peut voir les effets de ses initiatives et avoir du plaisir à se sentir contribuer. Ce ressort est le plus puissant du management, il donne une énergie considérable aux organisations. C’est pourquoi les dirigeants ne doivent jamais baisser la garde. L’aquabonisme est un des pires fléaux. Et l’aide au management intermédiaire pour lui permettre d’aller au-delà de son simple statut d’hyper expert doit être sans cesse renouvelé. On ne règle pas une fois pour toutes les sujets managériaux, on y travaille en permanence. 


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