Intérêt général

Après négociations et pressions de toutes parts, on va très probablement aboutir à la censure du gouvernement. Ce qui, tous les commentateurs s’accordent le dire, serait nuisible au pays. Cette paralysie au moment où précisément la nation a besoin de concentrer ses efforts sur quelques priorités essentielles accélère une spirale délétère tant concrètement que psychologiquement. Les représentants du peuple semblent incapables de dépasser les calculs individuels à court terme pour prendre en compte l’intérêt général. Peut-être ne sont-ils que le reflet de leurs électeurs. Ces derniers s’intéressent plus à eux-mêmes qu’au bien collectif.

Ce mouvement n’épargne pas l’entreprise. Les dirigeants s’indignent de rencontrer de jeunes embauchés qui sont plus intéressés par le nombre de jours de congés et de télétravail que par le contenu du job. Mais ces mêmes dirigeants ne semblent pas perturbés par une évolution de leur rémunération proportionnellement bien supérieure à celles des autres collaborateurs.

On assiste à une difficulté croissante à faire adhérer aux enjeux collectifs et plus généralement à l’intérêt de l’entreprise. Elle n’est qu’un lieu de passage dont chacun essaie d’obtenir le plus pour lui-même. Notons que cette attitude de distance est moins présente dans les entreprises familiales et dans les entreprises où la plupart des salariés restent toute leur vie professionnelle. Qu’ont-elles de différent ? Elles s’inscrivent dans le temps long, elles ont construit un pacte social où chacun est conscient des avantages qui lui sont offerts. Mais surtout elles montrent une attention aux individus qui se sentent membres d’une communauté au sein de laquelle existe une véritable solidarité. Ajoutons l’exemplarité des dirigeants qui font preuve d’une générosité personnelle tant dans leur façon d’accorder du temps que dans leur préoccupation à transmettre.

Faire adhérer et cultiver l’intérêt général suppose que les individus se sentent personnellement partie prenante de l’ensemble. Outre le sentiment de contribuer et la satisfaction de faire partie d’une communauté, il est indispensable qu’il existe un sentiment de justice dans la répartition contribution/rétribution entre les différentes parties prenantes. C’est aussi dans les situations de crise que se forge ou pas une relation de confiance. La façon dont sont traités les salariés dans les entités qui ferment, marque tous ceux qui restent. Elle révèle la réalité du pacte implicite fondamental à l’origine de l’engagement pour l’intérêt général : en échange de la contribution et de l’engagement pour le collectif quelle réciprocité pour l’individu ? Cultiver le sens de l’intérêt général est toujours un bon investissement.

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