ATTENTION A LA CRISE DU DECONFINEMENT

Joël PONS – Président de Nouvelles Générations Européennes – 16 avril 2020

Peut-être aussi difficile que l’épidémie elle-même (hormis le nombre dramatique de décès), nous devons nous attendre à une crise du déconfinement…

La problématique est d’une complexité absolue pour nos gouvernants comme pour nous tous, tant des incertitudes et des inconnues majeures demeurent sur le virus, « une vraie vacherie » dixit le Professeur Jean-François Delfraissy. Sa propagation, sa saisonnalité, son évolution, sa transformation, son adaptation, sa résistance aux anticorps, son niveau de contagion, sa capacité à revenir frapper des millions d’individus dans une deuxième vague possible et encore plus meurtrière, compte tenu du flou immunitaire et du caractère parfois asymptomatique mais contaminant du Covid-19, nous inquiètent fortement. L’absence de traitements préventifs, malgré de très nombreux tests thérapeutiques de molécules engagés mais actuellement sans résultats, et surtout de vaccin, dont les chercheurs mondiaux ne prévoient la mise à disposition du public qu’à fin 2020 début de l’année 2021 au minimum, l’absence encore aujourd’hui de tests sérologiques fiables, la pénurie mondiale de masques, de matériels et de protections diverses, la faiblesse et les lenteurs de la logistique et de la bureaucratie (mais pas de notre Administration) doivent nous engager à la plus grande prudence dans cet amorçage de déconfinement, même de manière progressive.

Les polémiques médicales entre grands spécialistes du sujet (les Mandarins), à commencer par les dérives médiatiques du Professeur Didier Raoult qui annonçait dès le 15 avril la fin de l’épidémie à Marseille (une annonce irresponsable dans un contexte de prolongation du confinement – Il avait déjà indiqué dans le JDD début février dernier « ce virus n’est pas si méchant »), continuent d’alimenter la chronique et les réseaux sociaux, ajoutant ainsi troubles, défiances et contestations, à la peur et à l’anxiété grandissantes, alors même que la bataille industrielle et commerciale autour des traitements et des vaccins commence à peine à poindre son nez. (Donald Trump a déjà pris ses distances avec L’O.M.S. en mettant un terme à son financement, considérant que l’Organisme était prochinois - La chine actuellement montrée du doigt sur les origines du virus à Wuhan, et son opacité sur le nombre exact de décès chez elle, provoquant une crise diplomatique).

De même, de vraies questions éthiques, voire constitutionnelles pour le moins importantes et justifiées vont se poser. Notamment le traçage ou « tracking » des individus (déjà appliqué par des régimes autoritaires) par un système bluetooth d’appli à télécharger sur les mobiles, de manière volontaire, et par conséquent l’utilisation de nos données personnelles («les données sont anonymes et agrégées et donc sans risques » selon Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur), qui interroge l’opinion française sur l’éthique d’une telle mesure. Le problème de la prolongation ou non du confinement des personnes âgées au-delà du 11 mai prochain a été par ailleurs soulevé par Axel Kahn (BFM TV) comme une possible discrimination « en raison de la fragilité », la prolongation pour plusieurs mois encore du confinement des personnes atteintes de pathologies chroniques ou âgées pouvant à terme s’avérer anticonstitutionnelle. Le Président de la Ligue nationale contre le cancer d’ajouter « il faut conseiller, accompagner et protéger », mais les personnes âgées doivent pouvoir continuer de vivre leurs derniers printemps et leurs derniers étés sans être définitivement enfermées et de compléter son propos en précisant que la France compte plus de 11 millions de bénévoles dont la plupart sont âgés et dont on aura du mal à se passer. D’autres, comme Marie de Hennezel lui ont rapidement emboîté le pas en s’opposant avec force au déconfinement par « barrières d’âges » insistant sur une différenciation à faire entre les « vieux robustes et les vieux fragiles », là où certains considèrent encore en revanche, comme particulièrement dangereux de prendre un risque majeur d’une post crise ingérable, la moyenne d’âge des décès actuels dus au coronavirus étant de 81 ans. Finalement l'Elysée à tranché en abandonnant l'idée d'un déconfinement prolongé pour les 65 ans et +, indiquant que la confiance et la responsabilité de chacun devaient être privilégiées. Enfin, d’autres questions appellent dès à présent des réponses comme « peut-on interdire l’entrée d’un magasin en prenant la température, sans porter atteinte aux libertés individuelles ? »…Pas simple.       

 Les oppositions nationales quant à elles, confinées pour le moment et incapables d’agir comme des forces de propositions (on a pu le constater à nouveau au travers de leurs déclarations au lendemain du discours du Chef de l’Etat), sont impatientes d’en découdre à tous prix, tant elles sont restées silencieuses jusqu’ici, comme figées sur le deuxième tour des élections municipales (?), voire des présidentielles de 2022. Elles ne manqueront pas de se lâcher dès le 11 mai prochain au matin, comme si rien n’avait changé, faisant éclater du même coup l’unité nationale dont on aurait pourtant tellement besoin dans un tel contexte et une telle épreuve inédits. A coup sûr elles engageront tous leurs sympathisants à une réaction sociale massive contre les « coupables », donc contre Macron. C’est d’autant plus certain que PENDANT on ne peut s’empêcher d’oublier AVANT. Le mouvement des Gilets jaunes, le mouvement social de longue durée sur la réforme des retraites, le mouvement hospitalier, de la médecine de ville, celui des avocats etc… Et même si le Président de la République veut que l’on se réinvente à commencer par lui-même, difficile de le faire sans établir un lien avec ce qui a déjà été inventé. 

Sur le plan économique, cette crise sanitaire sans précédent, a sans aucun doute fait redécouvrir les faiblesses de notre industrie et de notre contrat social. Mais des mesures financières d’une ampleur inédite ont été prises à temps, pour éviter le maximum de faillites et de chômage supplémentaires au moment de l’après. Pour l’instant, elles ont permis de tenir et de soutenir de très nombreuses grandes entreprises, les TPE-PME, les indépendantes, de compenser les manques à gagner par des reports d’échéances, de taxes et de loyers, par un financement par l’Etat du chômage partiel pour plus de 8 millions de salariés, par la continuité des allocations pour les chômeurs en fin de droit, par des aides aux familles les plus modestes, des primes pour les personnels des hôpitaux (dommage qu’elle ne soit pas du même montant pour tous) etc…

Bien entendu, cette situation ne peut être comparée à la reconstruction d’après-guerre, où  là tout avait été détruit. Nous sommes à l’approche d’une phase de redémarrage et non de reconstruction. Mais nous savons aussi que la planche à milliards n’est pas prête de s’arrêter. Ces dettes, aujourd’hui bien au-delà des 100% du PIB de notre pays, devront être remboursées, surtout par les générations futures, même si heureusement le taux d’emprunt actuel reste extrêmement bas. Mais ce n’est pas la B.C.E. qui prête directement aux états, mais des investisseurs et derrière eux des épargnants. Alors à moins d’effacer les dettes… Mais en s’habituant ainsi au système du « chéquier ouvert », nous ne pourrons éviter qu’au moment de l’après, en dehors des nouvelles réformes à financer, incluses dans les mots du Président « il nous faut nous réinventer », et à commencer par le grand plan pour l’hôpital, d’autres faillites seront à combler, d’autres chômeurs en plus grand nombre à payer, d’autres revendications à satisfaire comme l’appelle de ses voeux Philippe Martinez, le patron de la CGT, qui parle déjà d’une nécessaire revalorisation du SMIC.

Il s’agit donc bien d’un engrenage, même si celui-ci est vital pour nous tous, notre économie et sur le plan social. Mais le coût global à la sortie sera colossal pour la France, l’Europe et le monde entier. D’ores et déjà, nous le savons, nous devrons aider et financer solidairement les pays émergents, des pays encore plus sévèrement touchés que nous par la pandémie, dont les manques sanitaires, d’hygiène et de nourriture sont vertigineux.

Et l’Europe dans tout cela…Certes, la BCE va jouer un rôle majeur dans la « solidarité financière » européenne en trouvant les bons process de rééquilibrage des endettements des pays de l’U.E., même si des divergences continuent d’être fortes entre les pays du nord et ceux du sud. Mais ne nous leurrons pas, hormis cet aspect budgétaire et la fermeture des frontières de l’espace Schengen jusqu’à nouvel ordre, il y a bien peu de signes d’une Europe unie et solidaire. Malgré l’acheminement et l’accueil de patients français atteints du Covid-19 vers l’Allemagne ou le Luxembourg, nous voyons bien que sur le plan de la santé ou des plans de déconfinement progressifs, chacun travaille dans son coin, sans préparation et sans coordination communes. Au Danemark les écoles ont repris le 16 avril, nous c’est le 11 mai, en Allemagne en septembre. L’Espagne s’apprête à fermer ses frontières au mois d’août…C’est pourtant dans une telle épreuve que nous pourrions tirer les bonnes leçons et enfin refonder une Europe protectrice et solidaire, unie sur des enjeux et des thématiques majeurs, notamment sur la santé, le social, l’industrie, la défense, la culture ou la lutte contre le réchauffement climatique.

Si certains ont le sentiment que le 11 mai prochain, nous allons tous pouvoir repartir comme avant avec un simple masque grand public sur le visage, ceux-là ne font que peu de cas de la gravité de la situation et de la perversité de ce virus.

Ce virus il faudra le battre et ce déconfinement, il faudra le gagner avec une infinie prudence.

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