Tester, tester, pester
Dire qu’on attendait impatiemment les annonces de Jean Castex à l’issue du Conseil de Défense de vendredi dernier est un peu léger.
Depuis que Jean-François Delfraissy, le président Cassandre du comité scientifique Covid-19, avait plus que suggéré que le gouvernement serait amené à prendre des « décisions difficiles », les éléments de langage de tous bords avaient eu le temps d’être peaufinés.
Les chantres du toujours plus étaient fin prêts à déplorer un manque de courage politique et les négationnistes du coronavirus à condamner une intolérable menace étatique planant sur nos libertés individuelles.
Avec quelques heures de retard sur l’agenda officiel, le rescapé du Covid cycliste s’est fendu d’un discours de 8 minutes [l’équivalent de 2’30 en débit standard] pour nous faire savoir en gros que ces « décisions difficiles », si elles devaient vraiment être prises, le seraient localement, sous la responsabilité des autorités des régions les plus touchées par la circulation du virus, dont 2 métropolitaines.
A bordeaux, on savait déjà que ça sentait fort le sapin et, à Marseille, que même si le virus était jugé plus parigot que chinois, il allait falloir marquer le coup.
Chez les Girondins, par définition hostiles aux ukases jacobins, on a donc tenu à y aller fort question restrictions, comme chez les Phocéens où Kékés et Cagoles apprécient pourtant peu qu’on leur explique comment cuisiner la bouillabaisse façon Raoult.
Comme il est quand même peu probable que les bilans Covid quotidiens de Santé Publique France marquent une amélioration rapide de la situation du côté de l’Atlantique ou de la Méditerranée, il était nécessaire pour les préfets et les élus d’insister aussi sur le point de friction idéal qui permettrait d’excuser la modestie des résultats obtenus : la capacité à pratiquer massivement le test biologique PCR.
A Bordeaux comme à Marseille, on tentera donc de mettre en œuvre le ciblage qui permettrait de privilégier les porteurs symptomatiques et les cas contacts versus les hypocondriaques, les psychotiques et les curieux.
En cas d’échec de cette entreprise délicate, la municipalité concernée n’y sera pas pour grand-chose mais en cas de succès, même si le virus continue son bonhomme de chemin, les délais d’attente de réalisation du test et de son verdict ne seront enfin plus supérieurs à la durée désormais officielle de mise à l’isolement de 7 jours. Une situation ubuesque qui a de quoi faire pester les infectiologues. Et pas que.
Jacques DRAUSSIN