AURAIS-JE ENCORE LE TEMPS ?Ouarda Baziz Cherifi
Ouarda Baziz Cherifi
AURAIS-JE ENCORE LE TEMPS ?
Toutes ces années vécues mi- joie
Mi-peine,
Entre l’enclume et le marteau,
Je les vois comme une aubaine
En dépit de leurs tracas et leurs maux.
Toutes ces années passées comme un Eclair,
Entre le vrai et le faux,
M' ont valu des voyages en mer,
Apeurée sur mon radeau.
J’ai appris à travers le temps qui passe
Que la vie n’est pas un passage tranquille,
Qu' il y a des épreuves et des impasses,
Avec des pluies de coups hostiles.
La vie n’est pas éternelle
Car le voyage s’arrête bien un jour.
Même bête et cruelle,
Elle vaut bien le détour.
J' ai vécu si vite
Que je n' ai pas vu passer le temps.
Des histoires inachevées, sans suite
M' ont procuré tant de tourments.
Je n' ai pas tout vu, dans ma course folle.
Que de couleurs et saveurs inconnues!
Fatiguée, je suis devenue molle,
Effrayée par toutes ces pages non lues.
J' ai même oublié de vivre,
Chargée de pesants fardeaux.
J' ai été ralentie par le givre
Et le froid qui me glaçaient le dos.
Je ne sais plus où j' ai pu placer
Mes ambitions qui me brûlaient l' esprit.
J' ai voulu courir et avancer
Mais, j' ai dû freiner, à cause des défis.
Des défis que je n' ai pu relever,
Seule, sans personne pour m' épauler.
J' ai couru, couru sans pouvoir arriver
À rattraper ce retard qui s'est écoulé.
Et, je vis encore avec cette amertume
Au fond de ma gorge .
Et, je vis, juste armée de ma plume
Pour parler à ma prose qui me forge.
Aurais-je le temps de peindre ces Tableaux
Que je voulais colorier selon mes goûts,
Monter toujours plus haut,
Pour toucher mes rêves les plus fous ?
Aurais- je encore le temps
De me faire belle,
Moi qui commence à perdre l'élan
Et qui souffre de ne plus être telle?
Aurais-je le temps de voir mes enfants,
Prendre leur envol?
Les guider, en leur confiant
Que la vie a failli me rendre folle?
Les avertir des mensonges des amis
Qui, au moindre souci nous lâchent,
Leur montrer les chemins maudits
Qui cachent des vérités qui fachent?
Aurais-je le temps de les retenir
Encore un peu,
Avant qu'ils ne veuillent partir
Vers d' autres cieux?
Aurais-je le temps d’avoir un peu de temps,
Pour ranger mes chagrins,
Ecrire mon dernier roman
Avant d' enterrer mon destin?
Aurais-je le temps de demander pardon
À ceux qui m' ont vraiment aimée
Et qui, par ma faute ont longtemps
Souffert de mes refus de damnée?
Aurais-je encore le temps
De me confesser,
De me repentir de mon abandon
Qui les a blessés?
Aurais- je encore le temps
De leur avouer,
Que j' ai payé comptant
Mes remords et mes regrets?
Aurais-je encore le temps
De faire la paix avec moi-même ,
Avant d’aller, dans mon trou dormant,
Déposer enfin tous mes dilemmes ?
Aurais-je enfin le temps
D' essuyer mes larmes,
De retourner à mon âme d' avant
Et, me souvenir que je suis une femme?
Une femme qui ne veut plus
Manquer de temps
Et qui ne peut plus
Rattraper le temps?
Une femme lasse de courir
Après des portes fermées.
Une femme qui ne cesse de dire
Que son plus grand tort est de trop aimer.
Ouarda Baziz Cherifi(tous droits réservés)