Auto-compassion pour alléger notre charge mentale
par Fabienne Thionnet-Chevrier, psychopédagogue
Le mois de janvier est le mois des résolutions, des « bonnes résolutions » !
Je mets des guillemets car ces soi-disant « bonnes résolutions » viennent très souvent alourdir notre charge mentale, ajouter de la pression à la pression déjà existante ! De nouvelles injonctions qui nous contraignent encore davantage dans nos vies et de nouvelles occasions aussi d’être « déçues de soi » en fin d’année au moment du bilan…
Elles s’additionnent à tout ce qui s’impose déjà à nous en tant que mère au quotidien… En 2024,
je passerai plus de temps avec mes enfants,
je ne m’énerverai plus avec mon ex-mari,
je serai plus patiente avec mon fils,
je serai plus stricte sur les temps d’écran avec ma fille,
je mangerai plus sainement,
je me remettrai au sport,
je lancerai mon projet,…
Et j’en passe…
Elle ressemble aussi à ça votre liste de bonnes résolutions 2024 ?
Et si on profitait du mois de février pour revisiter notre liste, pour alléger notre charge mentale et voir la vie autrement ? Et si, on faisait marche arrière pour penser un peu plus à soi ? Et si on se délestait de toute cette pression inutile et contreproductive ? Et si on faisait juste de notre mieux cette année, sans autre exigence ?
Février, ce mois plus doux où le soleil matinal se fait enfin plus présent après les mois d’hiver. J’aime sa promesse des jours plus longs, plus gais, plus ensoleillés. Mois aussi de l’amour et de l’autocompassion… Laissons-nous donc nous inspirer par cette douceur pour être plus douces envers nous-mêmes !
Alors, on la refait cette liste ?
Voici les 6 règles d’or
No 1 « Je fais de mon mieux et c’est déjà bien » !
C’est mon mantra 2024 !
Je lâche la pression ! J’accepte que je ne peux pas tout faire, que je peux pas tout faire parfaitement, que je ne peux pas faire tout, toute seule. Alors, je déculpabilise et je m’engage simplement à faire de mon mieux !
On pourrait d’ailleurs s’arrêter là ! Une année 2024 sans autre objectif durant laquelle on ferait juste de notre mieux ! Et rien de plus !
No 2 « Je prends soin de moi en premier lieu pour être en mesure de pouvoir prendre soin des autres ! »
« Charité bien ordonnée commence par soi-même » ! Sans faire de prosélytisme, je pense qu’il est bien de se souvenir de cet adage ! On ne peut pas prendre soin des autres, sans prendre d’abord correctement soin de soi ! C’est aussi ce que nous rappelle la métaphore du masque à oxygène lors d’un vol. Assis à côté de notre enfant dans un avion en perte d’altitude, nous aurions tous tendance à placer d’abord le masque à oxygène sur la bouche de notre progéniture. Et bien non ! La règle est de prendre soin de soi, en tout premier lieu, de mettre son masque pour ensuite pouvoir s’occuper de son enfant. Et surtout pas l’inverse !
Voilà, vous l’aurez compris, pour être disponible, présente pour les autres et efficace, il faut d’abord est présente à soi. Prendre soin de soi et être à l’écoute de ses besoins. Une mère, une conjointe, une femme, tout être humain ne peut être investi(e) auprès des autres s’il/elle n’a pas d’abord pris du temps pour soi !
Ainsi, je prévois, sans culpabiliser, des moments rien que pour moi (soins, repos, méditation), des moments pour me reconnecter à ma créativité (dessiner, chanter, etc.), des moments de partage (dîner en amoureux ou entre amis, soirée entre femmes (Events organisés par Ex-Libertas ou par d’autres communautés de soutien #sororité)).
A vos agendas !
No 3 « J’ose demander de l’aide ! »
J’aime me rappeler cette citation très juste de Michelle Obama qui apparaît d’ailleurs sur mon site internet : « Demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais un signe de force ! ».
Il faut en effet du courage pour admettre qu’on n’y arrivera pas seule, qu’on a besoin de conseils, de soutien.
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Il y a quelques décennies, les grands-parents étaient plus proches géographiquement, plus présents, plus disponibles. Aujourd’hui, surtout au sein de villes cosmopolites et internationales comme Genève, les proches vivent parfois à des milliers de km. On ne peut pas compter sur eux. Il faut donc s’organiser, trouver un réseau de soutien.
« Il faut tout un village pour élever un enfant » selon un proverbe africain. En effet, l'éducation d’un enfant ne peut se limiter au foyer mais n’est au contraire possible que grâce à l’aide de toute une communauté, un cercle de proches et de professionnels sur lesquels on peut s’appuyer.
Ainsi j’ose dire que je n’y arrive pas seule. C’est absolument N-O-R-M-A-L !! J’ose demander de l’aide ! Je sors de l’isolement ! Je déchire ma cape de super héroïne qui pèse sur mon dos comme une armure et je m’en libère !!
No 4 « J’apprends à déléguer !»
On n’hésite plus à demander de l’aide mais on va plus loin, on délègue !
Nous avons parfois des réticences ou de la culpabilité à déléguer la garde de nos enfants si on les confie déjà à la crèche, une maman de jour, une grand-maman, toute la journée.
Il est pourtant à mon sens indispensable de pouvoir déléguer en plus quelques heures par mois à une tierce personnes (babysitter, voisine, etc.) pour pouvoir gérer les imprévus mais aussi pour pouvoir tout simplement prendre soin de soi !!
Ces quelques heures par mois de liberté nous permettent de profiter d’un dîner en amoureux, de faire les courses tranquillement, de nous reposer une petite heure entre la fin de sa première journée de travail et la seconde qui nous attend en rentrant à la maison…
Je me souviens de cette période difficile, je courrais sans cesse et ma fille était toujours la première à la crèche et la dernière à partir avec quelques compagnons d’infortune… Ce n’était ni bon pour moi, ni pour elle. Je quittais le travail à 18.30 pour arriver en sueur à la crèche à 19.00 à la fermeture… Puis c’était le stress pour tout faire en rentrant (bain, dîner, dodo). Je regrette de ne pas avoir su déléguer à cette époque ! Ce n’était en aucune manière du « quality time »… Une babysitter aurait largement pu me remplacer pour récupérer ma fille vers 17.00. Elle serait rentrée plus tôt et moi j’aurais eu le temps de décompresser de ma journée intense de travail avant de la retrouver en meilleure forme !
Ainsi je me dépatouille, je trouve un réseau d’entraide, une babysitter, une auxiliaire de crèche, une jeune voisine, une étudiante et je délègue quelques heures par-ci, par-là, sans culpabiliser !!!
No 5 « Je privilégie la qualité plutôt que la quantité ! »
Si je délègue et que je retrouve mes enfants plus reposés, plus disponibles, je passerai certes moins de temps avec eux mais plus de temps de qualité ! Et c’est ce qui compte ! Du temps de qualité où l’on est pleinement disponible, à leur l’écoute. Ce sont ces vrais moments de partage qui font la différence, dont les enfants se souviennent ! Ils ne comptent en nombre d’heures mais en qualité d’expérience, d’échange, d’écoute et de partage.
No 6 « Je libère ma parole ! »
Il est important de pouvoir se confier sur ce qu’on vit, sans gêne, sans honte, sans culpabilité. C’est un acte extrêmement libérateur et guérisseur.
Pourtant, il est parfois difficile de se confier, même à sa propre famille ! On veut montrer qu’on y arrive seule, comme toutes les autres avant nous.
« Elles y sont parvenues, elles, je peux aussi y arriver ! » Et pourtant, nous avons toutes besoin d’aide et de soutien alors osons nous montrer vulnérables !
Ainsi, je ne garde plus tout pour moi. J’apprends à me confier à des personnes de confiance, je partage mon expérience de mère, mes difficultés, mon impuissance, mais aussi mes joies. Je m’ouvre à cette expérience de partage et je dépose ce que j’ai sur le cœur, sans peur d’être jugée, auprès de mon conjoint, de mes parents, de mes ami(e)s, de professionnels de la santé (médecins généralistes, pédiatres, gynéco, psy), de spécialistes de la parentalité, mais également au sein de cercles de paroles de femmes et de communautés de mamans.
J’accueille ma vulnérabilité, je m’ouvre aux autres et je me libère !
***
Le mois de février se prête parfaitement à cet exercice d’allègement de notre charge mentale pour bien poursuivre l’année.
2024 vous appartient ! A vous de jouer !
Fabienne Thionnet, Cabinet Unstoppable