AVC: l'art-thérapie intégrée dans la rééducation après des accidents récents
Emily Rochard, art-thérapeute, accompagne les patients victimes d'AVC récents à la Pitié-Salpêtrière/Valérie Hue

AVC: l'art-thérapie intégrée dans la rééducation après des accidents récents

Des neurologues du service de Soins de Suite et Réadaptation neurologique du Professeur Dupont à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris travaillent avec une art-thérapeute diplômée de la faculté de médecine de Tours depuis novembre 2014 dans la prise en charge de patients victimes d'un AVC récent. Les médecins, convaincus de l'efficacité des séances d'art-thérapie dans la récupération des fonctions cognitives et motrices des patients, viennent de présenter leurs premiers travaux au congrès international d'art-thérapie à Tours.

Chaque année en France, 150.000 personnes sont atteintes par un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) et 500.000 en général, selon France AVC. L'âge moyen de survenue d'un AVC est de 73 ans : 70 ans pour les hommes et 76 ans pour les femmes. "L'AVC est la première cause de handicap acquis chez l'adulte et la deuxième cause de démence après la maladie d'Alzheimer", rappelle Marisa Denos, neuropsychologue dans le service et membre de l'équipe de recherche.

 

"C'est au cours des 3 premiers mois suivant l'accident que les progrès sont les plus éclatants", explique Chiara Zavanone, neurologue dans le service et membre de l'équipe de recherche. "C'est l'intensité et la fréquence des séances de rééducation qui améliorent le pronostic de récupération des patients".

 

Dans le cadre de la prise en charge de ces patients, le service de neurologie de la Pitié-Salpêtrière à Paris s'intéresse depuis novembre 2014 à l'impact que pourrait avoir le processus créatif sur la plasticité cérébrale des patients et donc sur leur capacité à restaurer leurs fonctions cognitives et motrices endommagées. Emily Rochard, art-thérapeute et troisième membre de l'équipe de recherche, intervient alors.

Parmi les séquelles, variables en fonction de l'ampleur et de la localisation de la lésion cérébrale, on peut retrouver la Négligence Spatiale Unilatérale gauche qui se traduit par une incapacité pour le patient de porter son attention sur l'hémichamp controlatéral à la lésion cérébrale. Autrement dit, "les patients ne peuvent pas porter attention aux aliments se trouvant du coté gauche de l'assiette, se soigner, se coiffer, se maquiller, se nettoyer du coté gauche de leur corps et peuvent se heurter aux obstacles situés sur leur gauche", explique Marisa Denos.

Pour les besoins de cette étude, 30 patients ont été répartis en 3 groupes. Le premier groupe bénéficie uniquement de séances de rééducation standard, le deuxième groupe a bénéficié d'une activité contemplative (regarder des œuvres d'art) en plus de la rééducation standard et le troisième groupe a bénéficié de la rééducation standard et de séances d'art-thérapie. Les patients du troisième groupe ont participé à 12 séances individuelles d'art-thérapie de 40 minutes deux fois par semaine, "sans que le patient soit amené à se focaliser sur leur côté gauche lésé, contrairement à la rééducation standard".

D'après le test des cloches, le plus sensible dans l'évaluation de ce symptôme, où le patient est amené à entourer des cloches parmi d'autres signes sur une feuille de papier, chaque groupe progresse et réduit son nombre d'erreurs au fur et à mesure de la prise en charge. "Parmi les premières tendances, on observe que le groupe "activité contemplative" a les meilleurs résultats et que la récupération en rééducation standard serait la plus faible. L'art thérapie se situe entre les deux", note Emily Rochard.

Notre hypothèse, "c'est que le processus créatif intensifie la capacité du cerveau à se réparer, active des réseaux neuronaux non impliqués habituellement en rééducation standard. Nous le verrons peut-être plus tard à l'IRM fonctionnelle, pour l'instant on peut juste évaluer la progression clinique", insiste Chiara Zavanone.

D'un point de vue clinique, l'équipe soignante observe aujourd'hui une meilleure confiance en soi et implication dans le soin des patients grâce aux séances d'art-thérapie. 90% des patients ont déclaré - via un questionnaire - que l'art-thérapie a amélioré leur qualité de vie durant leur hospitalisation. Des évaluations, notamment psychologiques, sur la qualité de vie et l'humeur des patients sont actuellement en cours. "Nous souhaitons continuer le recrutement de ces patients pour de prochaines évaluations", conclut Emily Rochard.

Des résultats plus avancés devraient être communiqués en juin 2017.

À noter que les facteurs de risque liés à l'AVC sont l'âge, les antécédents familiaux, le diabète, l'hypertension artérielle, le tabagisme, un taux élevé de cholestérol, l'obésité et le surpoids.


Isabelle Frenay /RelaxNews


Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets