Avec Les Mondes de Sam de Keith Stuart, "Finalement, les miracles sont peut-être à portée de main"

Avec Les Mondes de Sam de Keith Stuart, "Finalement, les miracles sont peut-être à portée de main"

La première fois qu’Isabelle Varange m’a parlé des Mondes de Sam, de la relation de ce père paumé avec son fils autiste, j’ai compris pourquoi elle avait jeté son dévolu sur ce roman. Il y a presque toujours, entre les pages des romans qu’elle aime, un personnage malade, handicapé, différent, quelqu’un qui souffre et qui doute d’arriver à trouver sa place dans le monde. Et presque toujours aussi, il y a l’espoir de s’en sortir, d’aller mieux, de trouver un sens au temps qu’il reste et d’en faire quelque chose, une bonne fois pour toutes. Mais l’histoire de Sam m’a touchée au-delà de tout, parce qu’elle parle, je crois, à l’enfant qui persiste en moi.
Nous avons tous fait l’expérience du décalage, ou éprouvé parfois un vague malaise à l’idée de ne pas être à notre place, d’être inadapté. Pour Sam et ses parents, c’est une épreuve de chaque instant. Jody et Alex se retrouvent avec un enfant en proie à des angoisses qui l’empêchent de vivre comme les autres. Sam se met à parler bien après les autres enfants, supporte mal la frustration, il a des manies, il a peur de tout, et le diagnostic finit par tomber : Sam est autiste.
Dès lors, tout se complique : l’école devient un lieu d’exclusion, la sortie au parc un calvaire, la fête d’anniversaire un drame, le monde extérieur une menace. Et pour chacun de ces aspects du quotidien, il faut trouver une parade et désamorcer les peurs. Si les mots de Keith Stuart sonnent si juste, c’est qu’il sait de quoi il parle. Avec son fils autiste, il a traversé bien des épreuves et s’en est inspiré pour écrire ce livre. Et il a découvert une autre façon d’appréhender le monde grâce à lui, grâce à ce jeu dans lequel son fils peut laisser libre cours à sa créativité débordante, un jeu dans lequel il peut même choisir d’être qui il veut : pas ce gamin qu’on n’invite plus aux goûters d’anniversaire et qui n’a personne à qui parler dans la cour de récréation, non. Cette fois, il peut devenir un bâtisseur et construire sa propre légende.
Le jeu offre un espace de liberté supplémentaire et permet à Sam d’évoluer dans un univers où la logique du monde extérieur est inversée : il n’a plus peur, et c’est lui qui prend la défense de son père. On assiste avec émotion au déploiement de cette liberté prodigieuse qu’offre le jeu, une liberté dont Sam s’empare pour créer un monde merveilleux. L’expérience du virtuel est ici l’occasion rêvée pour se réconcilier avec le réel.
Quand on referme ce livre, on se dit que finalement, en y mettant un peu du sien, les miracles sont à portée de main.


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