Baisse historique du marché européen des voitures neuves en 2020

Baisse historique du marché européen des voitures neuves en 2020

Malgré une amélioration du marché des constructeurs automobiles en décembre, les espoirs se fixent surtout sur le deuxième semestre 2021.

  • Malgré des restrictions accrues, le nombre d’immatriculations de véhicules neufs en décembre n’a que peu reculé par rapport à décembre 2019 dans de nombreux pays
  • La part de marché des motorisations électriques (tout électrique ou électrique rechargeable) atteint un nouveau sommet historique en décembre : sur les cinq grands marchés européens, une voiture sur cinq est électrique
  • Si l’on peut s’attendre à un redressement significatif du marché en 2021, les perspectives restent sombres pour le début de l’année

En 2020, la pandémie a suscité une baisse historique du marché européen des voitures neuves : sur l’ensemble des douze mois, les immatriculations de voitures neuves ont reculé de 23 % – un effondrement jamais vu, même pendant les années de la crise financière et de celle de la dette européenne.

En décembre en revanche, les nouvelles immatriculations n’ont enregistré qu’une baisse de 3,3 % par rapport au même mois de l’année précédente, encore que les grands marchés aient connu des évolutions diverses. C’est ainsi que les immatriculations de véhicules neufs ont progressé en Allemagne de pratiquement 10 %, alors que la France enregistrait un recul de près de 12 % et l’Italie un repli de 15 %. Le marché des voitures neuves en Europe a récemment bénéficié d’interventions publiques considérables – primes à la casse, soutiens à l’achat de voitures électriques et d’autres mesures comme par exemple une réduction du taux de TVA en Allemagne. L’arrêt de la réduction du taux de TVA en Allemagne annoncé en décembre et prenant effet en janvier a sans doute été un facteur d’explication pour l’importante progression observée au cours du mois – ce qui laisse cependant prévoir que des intentions d’achat d’une voiture neuve ont déjà été réalisées, ce qui pèsera sur les statistiques au cours des prochains mois. 

L’évolution globalement pas trop mauvaise du marché européen des voitures neuves en décembre ne doit pas être vue comme le signe d’une stabilisation du marché ». Comme auparavant, le marché des voitures neuves reste soumis à des pressions importantes, et l’évolution actuelle des contaminations ne présage rien de bon pour la première partie de l’année 2021. Fermeture des garages et des concessions dans certains pays, couvre-feux, nouveau ralentissement de l’économie : ce sont autant de facteurs qui mettront à rude épreuve l’industrie automobile, mais aussi toute la filière de distribution en aval. Les mois à venir seront particulièrement durs pour tout le secteur.

Il est vrai qu’il est pratiquement impossible d’établir des pronostics sérieux – l’évolution de la pandémie et les résultats des campagnes de vaccination qui ont débuté sont trop peu prévisibles pour le faire. Pourtant, il existe aujourd’hui quelques motifs de confiance. Dès que le nombre de contaminations et surtout celui des victimes baissera effectivement comme on l’espère grâce à la vaccination, ce qui permettra d’assouplir ou de lever les restrictions, la conjoncture et donc le marché automobile devraient repartir à la hausse et on peut espérer que ce redémarrage sera fort, voire très fort. Il existe d’énormes retards à rattraper dans de nombreux domaines, ce qui pourrait créer une forte impulsion économique au deuxième semestre de cette année. Cela étant, les ventes de voitures neuves n’atteindront pas rapidement leur niveau d’avant la crise. Même dans les scénarios les plus favorables, les ventes de voitures neuves ne seront pas au niveau de l’année 2019. Il faudra du temps avant que le marché se soit totalement rétabli.

Immatriculations de voitures neuves par constructeurs

Europe de l’Ouest (UE14 + EF + TA + UK)

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Les motorisations électriques continuent leur ascension

Alors que les ventes de véhicules thermiques étaient à nouveau en recul significatif en décembre, le boom des véhicules électriques neufs s’est poursuivi : grâce aux soutiens publics à l’achat de véhicules à motorisation électrique et à une offre de modèles de plus en plus attrayante, les ventes de voitures de tourisme électriques se vendent mieux que jamais.

En décembre, sur les cinq plus grands marchés d’Europe de l’Ouest (Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie et Espagne), une voiture neuve sur cinq vendue en décembre était une électrique, les parts de marché de l’électrique passant ainsi à un niveau record de 19,9 % – après s’être établies à 14,6 % en novembre et à 11,5 % en octobre, contre seulement 3,5 % en décembre 2019. Sur l’ensemble de l’année 2020 et pour les cinq grands marchés, les parts de marché des voitures électriques neuves avoisinaient les 10,1 % – contre 2,5 % l’année précédente.

La demande de voitures neuves à motorisation électrique est énorme, ce qui est dû dans une mesure non négligeable à un généreux soutien public. Au cours des mois écoulés, ce dynamisme a pris une telle ampleur que les constructeurs sont à la peine pour répondre à la demande. Les délais de livraison sont ainsi parfois très longs. De nouveaux modèles pousseront davantage encore l’évolution des ventes en 2021. Le boom des électriques se poursuivra en 2021, alors que les parts de marché des voitures neuves à essence et au diesel connaîtront à nouveau un recul important, même si la reprise espérée pourrait entraîner des volumes plus importants.

Sur les cinq grands marchés, les ventes de tout-électriques ont connu au total un bond de 182 % (décembre : 465 %) ; pour les hybrides rechargeables, la progression, avec 248 % (décembre : 447 %), a été encore plus marquée.

Au cours de l’année écoulée, les tout-électriques ont obtenu leurs parts de marché les plus importantes en Allemagne et en France (6,7 % pour chacun de ces pays). De même, les hybrides rechargeables se sont les mieux vendus en Allemagne (part de marché : 6,9 %) et en France (4,5 %). 

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Grâce à cette forte progression des ventes de voitures électriques neuves, surtout vers la fin de l’année, la plupart des groupes automobiles ont pu atteindre leurs objectifs en matière de CO2 au cours de l’année écoulée. Le succès des hybrides rechargeables sur plusieurs marchés s’explique non seulement par les généreuses mesures d’encouragement, mais aussi par un avantage décisif du point de vue du client, celui de ne pas poser de problèmes d’autonomie et de rayon d’action. On continuera à débattre de la question si les avantages fiscaux et les aides se justifient encore pour les hybrides rechargeables s’il est démontré que les utilisateurs font en réalité un usage limité du moteur électrique ce qui n’est certainement pas conforme à l’attente des autorités en la matière.

Alors que les motorisations électriques ont massivement progressé au cours de l’année écoulée, la pression n’a cessé de s’accroître sur les voitures classiques à motorisation thermique : c’est ainsi que les ventes de voitures neuves au diesel ont diminué de 37 % sur les cinq grands marchés et celui des voitures à essence de 39 %. Les parts combinées de ces deux types de motorisations sont ainsi passées de 89,4 % à 74,3 %.

Malgré la forte progression des nouvelles immatriculations pour les motorisations électriques et les parts de marché croissantes de ce type de voitures, il faudra sans doute du temps avant qu’un basculement complet sur des motorisations non émettrices ne soit une réalité. Le parc de voitures de tourisme dans l’UE est d’environ 230 millions d’unités. Même si, à partir d’aujourd’hui, on n’autorisait plus que des électriques rechargeables et des tout-électriques, il faudrait plus de dix ans avant que l’ensemble du parc automobile soit équipé de motorisations électriques : la course à la mobilité totalement non émettrice reste donc un marathon.

Le marché français suit la tendance européenne

Les constructeurs français ont souffert en Europe comme leurs homologues présents sur un marché en forte baisse, même si la situation est différente entre nos deux constructeurs nationaux entre le mois de décembre qui a vu une belle performance de PSA et l’ensemble de l’année au cours de laquelle Renault a réussi à quasiment maintenir sa part de marché.

Le marché français se montre friand de véhicules électriques, puisque, sur l’ensemble de l’année, c’est dans notre pays que la part de marché occupée par les véhicules purement motorisés à l’électricité est la plus importante parmi les cinq plus gros marchés du continent et pointe à la troisième place pour les véhicules hybrides plug-in, en ligne avec la moyenne des cinq plus gros marchés.

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Les marques ont des performances très contrastées sur le marché français en décembre, les performances étant, malheureusement, beaucoup plus homogènes sur l’ensemble de l’année, avec des baisses très significatives pour les dix marques les plus présentes en France.

Enfin, s’il se confirme que le marché français est un marché de petits véhicules, il est important de noter que la Zoé, seul véhicule uniquement conçu pour l’électrique, fait dorénavant partie du Top 10 des plus vendues sur l’ensemble de l’année, les versions électriques des autres modèles contribuant sans doute sensiblement à leur performance d’ensemble. Concernant ces véhicules électriques, deux modèles sont leader à ce stade, la Zoé, justement, numéro 1 incontestée et la version électrique de la 208 qui émergent clairement du lot.

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philippe klein

Senior Advisor Automotive chez PhK Advisor

3 ans

Merci Jean François pour cette analyse très claire. J’en profite pour vous présentez tous mes vœux pour cette nouvelle année.... un peu en retard

Moez Ajmi

Energy & Resources Assurance Leader for Europe West Region (25 countries / 120 offices / 31 000 people)

3 ans

Merci Jean François pour cet éclairage

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