Banalisation ciblée à Alost-Aalst
Le Soir (my subscription) published this article on the carnival of Aalst/Alost (Belgium) that I want to share as it is in French. This turns to be a recurrent local (Antwerpen, Flemish) shameful act of anti-Semitism:
Alost, où le permis de rire rivalise avec la banalisation
Cette année, le carnaval d’Alost a amplifié les excès dénoncés lors de son édition 2019...
Alost, où le permis de rire rivalise avec la banalisation
Alost: les mêmes caricatures antisémites en 2020, quel avenir pour ce carnaval?
Par Marc Metdepenningen Journaliste au service Société
Le 23/02/2020 à 22:56
Alost a donc fait de la résistance, les carnavaliers et beaucoup d’Alostois revendiquant le « droit de rire de tout » après s’être placée sous la loupe mondiale en raison des caricatures antisémites admises lors de son carnaval de 2019. Ce dimanche, le trait a encore été forcé. Les personnages contestés de l’an dernier ont été réinjectés dans d’autres scénarisations. La figure séculaire du Juif avare, spéculateur, manipulateur, a encore été amplifiée en raison de la mise en cause universelle de ce sens de l’humour alostois douteux.
Il ne faut pas douter de la bonne foi de l’immense majorité des Alostois et des sociétés carnavalesques assurant leur droit à la rigolade. Il y a pourtant ceux qui avaient mis en scène des Juifs hassidiques aux nez crochus en 2019, délaissant à des compères leurs figurines contestées et remises en scène devant une presse mondiale regardant avec effroi cet étalement nauséeux couvert par l’excuse de l’humour.
Il n’en reste pas moins que l’antisémitisme, comme le racisme, se nourrit de sa banalisation sous couvert d’humour. On peut rire des rabbins et blasphémer les textes et les pratiques de toutes les religions. Mais affecter à celles-ci des tares « raciales » ou « anthropomorphiques » est insupportable. La représentation des « nez crochus » des Juifs n’a rien à envier à l’imagerie que colportaient les nazis et leurs associés pétainistes, notamment. Au travers de l’Histoire, le Juif sous ses atours physiques est devenu une image véhiculée dans les consciences, le déshabillant de sa réalité humaine et banale. Les images du carnaval de Cologne représentaient les Juifs sous les mêmes formes physiques, les affectant, comme sous la Rome Antique ou le Moyen-Age, de tous les maux.
Rire est important. Et ce privilège doit être conforté. Autre chose est de considérer le rire comme le paravent à toutes les dérives, comme le pitoyable parcours du pseudo-humoriste Dieudonné (condamné à plusieurs reprises pour propos antisémites) l’a déjà démontré.
Rire est une liberté. Mais chaque liberté est pondérée par les atteintes aux autres libertés.
La Première ministre Sophie Wilmès (MR), même si son parti toléra dans le passé les égarements de Théo Francken en ce qui regarde ses déclarations impétueuses et ses tweets douteux a raison de le dire : « Cette affaire porte atteinte à nos valeurs et à la réputation de notre pays ». Il faudra que ce constat soit suivi d’actes sous peine d’être cantonné à une simple déclaration compassionnelle.
De quoi sera fait le carnaval 2021 ? De ces réjouissances populaires et agréables qui ont fait la réputation de la ville d’Alost ? Ou de l’infamie qui pèse sur elle aujourd’hui par la faute de quelques-uns? Rendez-vous, même jour, même édition, l’an prochain.
Alost: les mêmes caricatures antisémites en 2020, quel avenir pour ce carnaval?
Mis en ligne le 23/02/2020 à 19:47
Par Marc Metdepenningen
Le carnaval de 2020 a amplifié les excès de celui de 2019. Les politiques et la presse mondiale s’indignent. De quoi sera fait le carnaval de 2021 ?
Que sera le carnaval d’Alost en 2021 ? Les festivaliers de 2020 ont fait de la résistance aux critiques portées sur l’édition 2019 mettant en scène, non de manière amusante, mais bien caricaturale dans de figurations physiques et morales alléguées à tort (l’argent, les rats, les nez crochus, etc.), renvoyant l’image du Juif, sous prétexte de carnaval, à ce qui fit le creuset de certaines idéologies.
Le carnaval, déclassifié par l’Unesco qui l’avait hissé au rang du Patrimoine immatériel de l’humanité, a fait de la résistance face aux critiques venues, non seulement de Belgique mais aussi du monde entier, aux excès figuratifs de 2019. Les Juifs parodiés étaient à nouveau bien là, ce dimanche. Ils étaient surtout stigmatisés à raison de l’imagerie forgée par les pamphlets les dénonçant sous d’autres époques : il y avait dans la foule des nez crochus, une figuration du Mur des Lamentations construit en or, l’évocation par des fêtards dénonçant l’Unesco d’avoir été influencé par la puissance supputée des Juifs, des mélanges aussi de signaux nazis se mêlant aux costumes hassidiques, d’autres costumés figurant des Juifs affublés des attributs d’insectes, renvoyant ceux qui connaissent la logorrhée antisémite à ces qualificatifs de « poux » employés par Himmler ou son factotum de la France pétainiste Darquier de Pellepoix, le commissaire aux questions juives du gouvernement de Vichy pour désigner leurs ennemis juifs.
L’esprit carnavalesque
A l’exception de l’édilité locale, seul le ministre flamand Ben Weyts était présent. Il s’était affublé d’une combinaison « Toyota », réponse carnavalesque au parlement flamand où il avait été mis en cause pour son choix d’une voiture de luxe « ayant besoin d’un certain standing ». Rien que de l’esprit carnavalesque. Ilse Uyterrspoot, l’ancienne bourgmestre d’Alost, n’avait rien fait d’autre il y a une dizaine d’années après avoir été surprise par une caméra indiscrète alors qu’elle se livrait à quelques privautés, en haut d’une tour, avec son compagnon. Elle avait défilé l’année suivante au carnaval, déguisée en… tour.
Le carnaval d’Alost, dans le débridage total qui est le propre d’un carnaval, avait déjà été critiqué lorsque des carnavaliers déguisés en terroristes de l’Etat islamique avaient défilé. Il l’avait également été par l’Unesco pour le défilé de carnavaliers déguisés en SS. Leur scénario était de dénoncer les inflexions d’extrême droite qui se faisaient jour en Flandre. Chaque année, des chars affichent aussi des personnages caricaturant des Africains dans leur figuration la plus caricaturale : grosses lèvres peintes en rouge et cheveux crépus.
Le carnaval, période critique pour les Juifs depuis des siècles
Des politiques dénoncent
Le comité organisateur, qui prône la correction et la bienveillance festive, avait déjà dû, dans le passé, intervenir pour rappeler à la décence les « vuille jeannettes », figurant ces pauvres des siècles passés empruntant les vêtements de leurs épouses pour participer au carnaval. Ils avaient promené dans la ville des objets à connotation sexuelle qui furent grondés.
Joël Runbinfeld, le président de la Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA), présent sur place, estime que la réitération de ces postures antisémites est un « désastre et un gâchis », soulignant que ces dérives ne concernent que 5 % des festivaliers d’Alost. Pour Yohan Benizri, président du CCOJB (le Conseil consultatif des organisations juives de Belgique), « c’est une redite de l’année passée, en pire ».
Sophie Wilmes, la Première ministre, considère dans un communiqué que ces sorties « portent préjudice à nos valeurs ainsi qu’à la réputation de notre pays ». Vingt accréditations pour la presse étrangère avaient été demandées.
Jan Jambon, le ministre-président flamand (NV-A) a appelé au « bon sens » les organisateurs et les participants au festival de l’an prochain. Tandis que Joachim Geens (CD&V) dénonçait l’initiative douteuse prise par le Michel Van Brempt, figure de Forza Alost (et affilié au Vlaams Belang) qui avait emporté 25 % des voix lors des dernières élections communales. Il avait transformé le sigle de la ville d’Alost en étoile de David, en distribuant plus de 2.000, référant à l’étoile jaune imposée aux Juifs durant l’Occupation…
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