Biosphère épisode 2 :
Le COVID19 va t-il précipiter l’avènement du monde post libéral occidental ?

Biosphère épisode 2 : Le COVID19 va t-il précipiter l’avènement du monde post libéral occidental ?

Notre monde actuel fonctionne sur la base de 3 principes issus du 18ème siècle :

Le libéralisme économique d’Adam Smith, la révolution industrielle, ainsi que les droits de l’homme.

Ces trois principes ont accouché après plusieurs transformations et cycles de deux indicateurs qui, s’ils ne sont pas appliqués partout de la même manière, restent des repères qui conditionnent la dynamique actuelle de notre monde :

-     La croissance : considérée comme source de richesse, de progrès, de performance et de bien-être potentiel et espéré pour l’humanité

-     La démocratie avec ses différentes formes hybrides expérimentées dans le monde qui est censée réguler la vie politique, sociale et économique et garantir au mieux un certain « vivre ensemble »                                                                           

Ces 2 critères ont d’abord irrigué le monde dit « occidental » avant de devenir des référents mondiaux y compris chez les anciens porteurs de l’expérience communiste avec certes, des aménagements relatifs à l’histoire, la culture et les enjeux régionaux.

La philosophie derrière ses deux critères (Croissance et démocratie) est celle d’une forme de pratique de « liberté » et de « reconnaissance de l’individu ».

Le croisement de ces deux indicateurs a motivé et continue de conditionner des centaines de décisions stratégiques majeures au niveau des continents et des pays et conditionne les équilibres et déséquilibres mondiaux.

A titre d’exemples en 2019, le PIB mondial consolidé s’est monté à près de 85 000 milliards de Dollars soit 11 500 Dollars par habitant sur terre.

Sauf qu’il y a deux déséquilibres structurels dangereux issus de cette production de « richesse » :

Le premier déséquilibre est d’ordre écologique : l’humanité commence à vivre dangereusement à « crédit ». En juillet 2019, c’est à dire à la moitié de cette même année, la terre a épuisé ses ressources propres nécessaires pour subvenir au mode de vie choisi par les humains, 5 mois avant la fin de l’année. Autrement dit, il faudrait à ce rythme 1,75 planète terre par an pour nous nourrir tous.

Pire, si nous nous nourrissions tous sur terre au rythme de la consommation annuelle de l’Amérique du Nord, il faudrait à l’humanité les ressources de quasiment 5 planètes terres par an, pour subvenir aux besoins des humains qu’elle abrite.

Le deuxième déséquilibre structurel est d’ordre économique et social, puisque comme vous l’avez certainement déduit, la répartition de ces 85 000 milliards de dollars de PIB est très disparate selon les continents et pays.

Bolivie, Chili, Brésil, Equateur, Chine, Turquie, Algérie, Ethiopie, Irak, Iran, Liban, France, Espagne, Italie…sont autant de pays qui ont connu en 2019, des mouvements émergents de contestations spontanées, déclenchés pour des raisons différentes, mais se faisant écho sur le fond.

D’autres pays en revanche comme les USA et l’Angleterre entre autres, sont en train de découvrir violemment la grande fragilité de leurs systèmes de santé et de protection sociale ainsi que la grande précarité de certains de leurs équilibres de fonctionnement intérieur, avec l’apparition du COVID19 (système de santé publique)

Quand un « séisme » survient, le COVID 19 en l’occurrence, il révèle les fragilités et failles des systèmes en place, il les challenge sur leurs normes « antisismiques ». Ce « séisme » peut accélérer la fin programmée des systèmes ou les aider à effectuer des transitions fondamentales et nécessaires pour se réinventer, ou au contraire il viendra renforcer ces mêmes systèmes et nourrir leur immunité s’ils sont solides et ont du sens.

Qu’en sera-t-il de notre système mondial actuel ?

A chaque fois qu’un système se sent menacé, il déclenche des réflexes de survie. Le système libéral occidental actuel n’échappe pas à cette règle. Face à la crise du COVID 19, le G20, 1er ambassadeur du paradigme libéral occidental, est en train de formaliser un plan d’aide mondial consistant à injecter près de 5000 milliards de Dollars dans l’économie. Belle mobilisation collective a priori…

La question qui se pose sera alors relative aux priorités d’utilisation de ce fond mondial.

Ce fond devra-t-il sauver de l’effondrement un système ou en profiter pour en inventer un nouveau ?

Traiter le problème d’un point de vue exclusivement économique et social peut paraître réducteur au vu de la vague de fond qui émerge de ce chaos mondial, dont les conséquences ne font que démarrer sans que personne ne puisse en prévoir l’impact réel.

C’est le genre de moment historique où l’humanité se trouve face à elle-même, face à ses responsabilités, ses choix, ses deuils, ses paradoxes, ses fragilités et doutes, ses questionnements identitaires, ses modes de vie…

C’est peut-être l’occasion de se donner la chance de réfléchir de manière pluridisciplinaire et croisée afin d’appréhender l’hyper-complexité de notre moment commun. En plus des urgences fondamentales sanitaires, économiques et sociales, émergent déjà des interrogations fortes pour l’après crise : d’ordre biotechnologiques, éthiques, écologiques, numériques, philosophiques, professionnelles, politiques…

Les humains se regroupent dans 3 contextes :

-     Une menace commune

-     Une nécessité commune

-     Un sens commun

Les deux premiers sont déjà cochés en ce moment, mais c’est le 3ème contexte qui permet de rendre le changement post crise, plus structurel et moins cosmétique.

Le rôle des dirigeants de ce monde et quelque part de nous tous individuellement et collectivement, est de saisir cette occasion unique pour poser les choses, mettre en perspective, réfléchir de manière anthropologique, biosphérique et être des inspirateurs et déclencheurs d’un nouveau cycle mondial riche de l’expérience du chaos actuel.

Il y aura donc de quoi faire avec les 5000 milliards de dollars du fond, au-delà du modèle libéral occidental.

L’enjeu est peut être d’inventer le monde d’après qui n’existe pas encore…

Youness BELLATIF


Mustapha FAIK

Je suis coach PCC ICF et j'accompagne les individus , les équipes et les entreprises à atteindre leur performance

4 ans

Bravo Youness. Beaucoup de profondeur 

Laila Mamou

Directrice de l’engagement citoyen de Crédit Agricole Personal Finance & Mobility et Présidente du fonds de dotation For Youth

4 ans

Une remise en question “imposée “avec une crainte que les mauvais réflexes reviennent une fois la situation maîtrisée ... . Même s’il y aura dorénavant un avant et un après Covid

Karima Fkihi

North Africa Finance Director

4 ans

Merci cher coach pour ces réflexions! L’approche systémique permet d’analyser ce monde en autodéfense qui se recréera une nouvelle identité certes des individus et des systèmes! Il y’a sans doute un avant et un après Corona!

Merci Youness pour cet article éclairant et si juste 💙

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