Booster la croissance : question de process ou de posture ?
A une semaine d’intervalle, ma femme et moi sommes allés voir 2 films magnifiques qui nous ont bouleversés. Même époque, même contexte extrême, mais 2 façons diamétralement opposées de percevoir l’environnement, de faire face à l’adversité, d’agir ; j’ai trouvé le contraste saisissant et violemment révélateur de ce dont l’Homme est capable pour arriver à ses fins quel que soit son objectif.
Les angles respectivement choisis par les 2 brillants réalisateurs pour mettre en scène leur œuvre m’ont fait penser au parallèle avec l’un des thèmes qui m’est cher : booster le business. En repensant aux exemples que j’ai eus et ai toujours la chance de vivre au cœur de cet enjeu, je me suis interrogé sur 2 leviers très complémentaires et leur impact au service de la croissance.
L’application implacable d’un process, l’efficacité absolue, sans émotion.
J’ai connu des organisations dont la culture et le mode de fonctionnement profond reposaient avant tout sur des processus parfaitement pensés, d’une précision chirurgicale et pilotés avec une rigueur absolue. J’ai travaillé avec quelques patrons à qui parler d’engagement d’équipe, persuadé que la croissance du business était directement corrélée à celle des hommes et femmes qui la portent, était au mieux inefficace, au pire contre-productif. Avec certains, l’expérience m’a appris qu’il vaut mieux parler Excel (et leurs équivalents) qu’avec les tripes si l’on veut être sur la même longueur d’onde. Pour eux, l’intelligence émotionnelle est un trou noir. Le rationnel optimisé, et si possible l’absence totale d’empathie, est le graal.
Que notre mode de fonctionnement personnel soit compatible ou non avec une telle vision du management n’est pas la question ici - bien que centrale pour l’épanouissement professionnel ! La question ici est : au service de la croissance, déshumaniser et mettre le process, la méthode, au centre est-il efficace ?
A mon grand désarroi, la réponse est : probablement.
Le film n°1 met magistralement un exemple glacial en exergue.
La posture.
La posture, point. Puis tout le reste en découle...
Le film n°2 donne un exemple réel et extrême où la posture est, je crois, le fondement du résultat hors norme, de l’impact exceptionnel.
La posture puise ses racines dans les valeurs qui nous animent, les causes qui nous happent, les émotions qui nous guident sans même qu’on cherche à les stimuler. A elle seule, la posture déclenche le passage à l’action. Alors et seulement alors, la méthode importe. Et comme rien ne peut résister à la force de l’intention, de l’engagement, les processus s’inventent et les obstacles tombent ou se contournent les uns après les autres.
Il m’est arrivé plus d’une fois de demander « Tu veux qu’on fasse +5%, +20%, x2 ou x3 ? Car les 4 sont possibles, mais la stratégie ne sera pas la même ». J’ai entendu la plupart des high-perfs de mon équipe me poser à peu près la même question à un moment ou un autre.
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Avec le recul, je crois que la posture a été le moteur fondamental, le catalyseur de toutes les expériences de croissance du business que j’ai eu la chance de vivre ou mener, et en particulier les plus remarquables.
Mes patrons les plus inspirants ont été ceux qui, habités par cette étincelle, incarnaient le plus la posture de croissance et l’humanité dans laquelle elle prenait source. Un peu comme le héro du film n°2, je crois que leur humilité les conduisait souvent à se percevoir comme tout à fait ordinaires alors qu’en réalité leur impact était extra-ordinaire. Les équipiers, les partenaires et les clients qui par leur engagement individuel et collectif embrassaient la même dynamique ont toujours été à mes yeux, de très loin, ceux par qui la norme devenait performance exceptionnelle. Ils sont trop nombreux pour que je puisse me risquer à lister ici les noms limpides dans mon esprit sans risquer d’en oublier un seul. J’espère que, s’ils lisent ces lignes, ils se reconnaitront et recevront à nouveau ma gratitude éternelle.
Posture first, process second
Posture et process, l’un n’exclut pas l’autre. Et même, ils se complètent. Mais je crois que l’un précède l’autre. Décider qu’on va croître précède comment on va le faire. Faire croître significativement le business se décide, presque se décrète. Ensuite, et seulement ensuite, le « comment » s’imagine et se bâtit. La posture des business leaders est, je crois, la source profonde. La méthode est la résultante, jamais l’inverse. Lorsque c’est le process qui prend l’ascendant, le momentum ne peut que s’éteindre à un moment ou un autre.
Au final, les deux sont complémentaires. Dans l’objectif de booster le business, les process permettent de contenir la non-qualité, d’aligner tous les acteurs, de changer d’échelle facilement (mais pas de trajectoire). Leurs avocats les plus farouches sont les gardiens de la rationalité. Leur conscience est celle du « travail bien fait ». La posture, elle, donne l’impulsion, garantit le respect des valeurs et de la vision. Ses champions ont un besoin viscéral de sortir du cadre, de challenger le statu quo, d’impacter le monde. Leur conscience est guidée par « ce qu’il faut faire » avant « comment le faire ».
Les uns sont mus par la science, les autres sont des artistes. Les Léonards de Vinci du business sont les 2. Ils comprennent et inspirent suffisamment les scientifiques et les artistes pour les unir dans une équipe magnifiquement complémentaire plutôt que polarisée.
Posture + process, c’est facile ?
La 1ère bonne nouvelle est qu’élaborer les moyens, la méthode, les processus au service de la croissance s’apprend et même relativement facilement.
J’ai l’impression qu’avoir la posture est inné pour certains. Avoir un growth mindset est tout simplement dans leur ADN. Ne pas « voir grand » par défaut n’est pas leur truc, leur demande un effort et de dompter leur sentiment de se brider bêtement. Je pense que la quasi-intégralité des entrepreneurs, des intrapreneurs et des high achievers, par exemple, ne me contredira pas.
Pour tous les autres, la 2ème bonne nouvelle c’est que développer la posture qui booste le business s’apprend également. C’est juste une autre compétence que chacun de ceux qui en a envie - ou besoin ! - peut muscler avec le bon support (des experts de ces sujets comme Adilson Borges, PhD, HDR , Alan Lambert , Iker Urrutia , Mario FIGUEROA ou Simone Noussitou de Rham par exemple pourront confirmer ?). Une autre bonne option pour eux est de s’entourer de ceux qui « respirent croissance » et leur dégager la route - en les canalisant, mais juste un poil.
Au fait, les 2 films qui ont inspiré cet article sont « La zone d’intérêt » et « Une vie ». Le pire de ce dont l’Homme est capable lorsqu’il est méthodiquement déshumanisé. Le meilleur de ce dont il est capable lorsque son Humanité est le moteur profond.
Vous les avez vus ? Des exemple vécus dans votre parcours en entreprise où la transposition au service de la croissance du business fait écho ?
International strategic HR leader @TotalEnergies 🌍 🏭 🔌⚡️👩🏻💼👨🏽💼👷🏼 • Linkedin Talent Award🥇winner • Stanford GSB LEADer
10 moisMerci pour la mention David Edery, effectivement entièrement d’accord avec toi que la posture s’apprend! Et heursement d’ailleurs car si on dépendait uniquement sur les quelques personnes nés avec le posture de leader et on ne développait pas ces compétences chez les autres on manquerait cruellement de vivier pour les postes de leadership ..! Donc oui, le posture se développe grâce à pleins d’inputs d’apprentissage (la formation en fait une petite partie mais l’expérience et l’exposition à de bons leaders inspirants fait la grosse part de nos apprentissages).
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10 moisLa posture qu'on appelle aussi leadership, n'est-ce pas ? Qu'elle soit innée ou acquise par l'expérience de la vie, je crois qu'elle doit être entretenue/nourrie consciemment pour être fiable. Et merci pour les idées de films ! 😊
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10 moisLe processus va aider et solidifier la posture. Mais sans posture, probablement pas d’envie, pas de force, ni l’énergie nécessaire (car c’est dur de croître vite) !
Associé fondateur - directeur ressources humaines
10 moisExactement David Edery « La posture puise ses racines dans les valeurs qui nous animent, les causes qui nous happent, les émotions qui nous guident sans même qu’on cherche à les stimuler. A elle seule, la posture déclenche le passage à l’action. Alors et seulement alors, la méthode importe. Et comme rien ne peut résister à la force de l’intention, de l’engagement, les processus s’inventent et les obstacles tombent ou se contournent les uns après les autres » merci pour cet article 😉
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10 moisMerci David, très intéressant reflection sur la posture, la méthode et leadership. Tout peut s'apprendre dans la vie ;-) Je n'ai pas vu les deux films, mais je vais le faire, avec ta reflection en tête...