Bouge de là !
Santé publique France est formelle, les adolescents sont peu actifs et tout particulièrement les adolescentes selon une étude récente. C'est pourquoi une énième campagne est lancée en cette rentrée 2022 pour inciter les parents à encourager leurs enfants à se bouger davantage plutôt qu'à se livrer presque continûment à l'immobilité connectée. Alors que penser de cette initiative ultra peu efficace et de cette étude ?
Ma foi, plusieurs choses simples me viennent à l'esprit pour commenter ce non évènement. Et d'abord le fait que nous vivons dans des sociétés qui favorisent la sédentarité, voire l'extrême sédentarité, et cela depuis les années 70 au bas mot. De même il me semble que la part consacrée à la connaissance de soi et de son corps, à l'exercice de soi et à l'expression libre de soi est quasi nulle ou négligeable durant tout le parcours scolaire pourtant fort long. Au lieu de cela, on nous parle du SPORT, on nous parle des sportifs, de leurs performances toujours plus exceptionnelles, de l'argent qu'ils gagnent, de leurs médailles d'or, de leurs réputation, des bienfaits de ces activités codifiées et éminemment bourgeoises. Il y a le sport des riches, celui des pauvres, celui des urbains, celui des montagnards, celui des narcissiques, celui des copains, celui des acrobates, etc. Bref, tout un catalogue de bidules formatés, pour la plupart fortement déconnectés du monde réel et donc assez peu équilibrants sur le plan de la santé physique et mentale.
On assiste à une baisse significative de l'activité physique chez les jeunes à partir de l'âge de 10 ans, nous dit-on. Probablement est-ce en partie lié à l'ambiance dépressogène qui règne dans les collèges de France et à l'absence totale de pédagogie concernant la corporéité. Quant-à la relation parents-enfants, j'invite les responsables de cette étude et les personnes chargés de la mise en place de cette campagne à se rendre dans des parcs, dans des jardins pour enfants et à observer les adultes qui s'y trouvent, ce faisant ils pourront constater combien les adultes référents sont dans l'immense majorité statiques, scotchés à leurs smartphone, assis sur des bancs, fort peu impliqués dans les jeux et les explorations de leurs bambins, et en définitive très embarrassés par leurs carcasses d'adultes responsables.
Recommandé par LinkedIn
J'ajoute que le monde médical et notamment les médecins traitants ne progresse qu'à la vitesse d'une escargot au galop sur cette épineuse question de l'hyper-sédentarité qui donne pourtant lieu à une flopée de symptômes qui vont de la boulimie au surpoids, à l'obésité, aux troubles musculosqueletiques, à la perte de confiance en soi, aux troubles anxieux, aux états dépressifs, à la désocialisation, etc. Ajoutez à cela que l'époque actuelle est plus que compliquée à assumer sur différents plans, que les adultes font la preuve depuis des décennies qu'ils ne sont pas à la hauteur, que les médias sont saturés par des vieux qui s'accrochent et nous imposent quotidiennement leurs vieilles recettes foireuses, et vous obtiendrez un joyeux n'importe quoi "désérotisé" au possible.
Alors oui les ados ne bougent plus trop ces derniers temps amis experts, mais ça n'est pas en les incitant à faire du sport que vous parviendrez à remédier à ce que vous identifiez comme un problème. C'est plutôt en essayant de repenser nos sociétés sur un mode plus enthousiasmant, en renouant avec l'étymologie du mot pédagogie, et donc en se tenant aux côté de nos enfants pour partager nos émotions, nos énergies, nos envies de faire des choses et d'éprouver du plaisir, de la joie de vivre. Se tenir auprès de ceux qu'on aime reste à mon sens le meilleur moyen de ne pas sombrer soi-même dans la sédentarité névrotique et de communiquer aux plus jeunes l'envie de se réaliser et de vivre sa vie comme une suite éperdue d'expressions honnêtes de soi-même.
Auteur, Coach, Formateur, Consultant en stratégie
2 ans" (...) le terme « psychomotricité » véhicule encore, aujourd’hui, deux formes de dualisme : d’une part un dualisme « corps-esprit » qui distingue l’activité motrice de l’activité socio-affective et cognitive, et d’autre part un dualisme d’approche scientifique qui oppose de plus en plus la neurophysiologie de la motricité à la psychanalyse. Dans ce combat, nous ne pouvons que constater l’irrésistible glissement, voire la dérive, des pratiques psychomotrices du pôle moteur vers le pôle psychique. Comme plusieurs auteurs des années 1970, nous pensons qu’il serait judicieux d’abandonner ce terme de « psychomotricité » pour lui préférer, définitivement celui de « corporéité ».
Fondatrice et Présidente de VoxDemeter
2 ansEffectivement un problème de fond et de forme si je puis dire 😉 merci Claude Boiocchi