Bruxelles, ma Belle

La première impression que j’ai eue de Bruxelles, c’est cette vue imposante - oppressante même - du Palais de Justice. C’était au siècle dernier, je me rendais à un entretien d’embauche (von Karman Institute for Fluid Dynamics, mon premier employeur) et le train venait juste de ressortir du tunnel entre la gare Centrale et la gare du Midi, ma destination. La deuxième impression, immédiatement après, ce fut l’image rassurante et sympathique de Tintin et Milou, les héros de mon enfance dont le portrait au sommet des Éditions du Lombard est visible proche de la tour du Midi.

Bruxelles et moi on s’est vraiment rencontrés à ce moment-là. Sur ce mélange d’accord et de désaccord. Et on a vécu trois belles années ensemble. Quand j’y retourne, après avoir vécu dans d’autres belles villes, je me sens toujours un peu comme dans la chanson de Dick Annergarn.

Bruxelles, c’est aussi l’Europe, les Institutions. L’Europe a qui je dois beaucoup. Un semestre Erasmus en Ecosse. Une monnaie unique. La liberté de me déplacer comme bon me semble aux quatre coins de l’Union. Et des travaux pour la Commission qui font que j’y retourne régulièrement.

L’Europe c’est une belle idée. Cependant il ne faut pas se voiler la face, avec le Brexit et la poussée actuelle des nationalismes, cette idée n’est pas du tout à la fête en ce moment... C’est aussi que le projet européen est un peu en rade... Pourtant moi j’ai un souhait: avant la fin de ma vie, je voudrais pouvoir dire en brandissant mon passeport: je suis citoyen Européen!

 Imaginons un beau projet social : la nationalité est liée au pays de l’UE ou l’on naît. Et pour qui le souhaite, une citoyenneté supranationale, c’est-à-dire Européenne, est possible.

Je suis d’un groupe de gens qui ont décidé d’abattre les frontières entre états voisins, qui sont allés l’un vers l’autre la main tendue. Ils ont ainsi garanti la paix, et ont appris les uns des autres. L’Europe m’a donné ce qui n’a pas de valeur, ou qui vaut tout l’or du monde. Français, je vis en Autriche et j’ai des enfants franco-autrichiens.

Ce qui manque à mon avis, c’est une structure qui suit les Européens déplacés, qui comme moi sont d’une nationalité A et qui vivent dans un pays B. J’y pense très fort parce que je crois qu’il serait judicieux, à titre expérimental, ou tout du moins comme point de départ, de faire de cette population les premiers citoyens Européens.

Les apports d'une citoyenneté Européenne pourraient être les suivantes:

  • Pour ce qui est des papiers comme le passeport, un citoyen Européen pourrait se rendre dans n’importe quel consulat ou ambassade des pays membres. Plus besoin d’aller a son consulat dans la capitale si un autre est plus proche.
  • Pour voter, chaque citoyen aurait le choix entre voter aux scrutins de son pays d’origine, ou bien celui de son pays d’accueil, sur la base "Un citoyen, une voix qui compte".
  • La citoyenneté Européenne pourrait devenir la base d’un système de santé et de pension européen, un standard situé dans " le haut du panier" vers lequel les états membres devraient progressivement converger dans un effort d’harmonisation sociale

J’aime parler de cette idée. Si je peux apporter ma pierre a l’édifice Européen, c’est toujours avec plaisir !

J'adhère pleinement à ton post Fabrice, l'identité européenne est une très belle idée. Je me souviens de cette époque où nous étions à Bruxelles, où l'on ralentissait au poste frontière, où l'on changeait de l'argent, où téléphoner entre Bruxelles et Paris était cher, où transférer de l'argent entre la France et l'Allemagne relevait du parcours du combattant.  Merci aux fondateurs du programme Erasmus, merci à tous ces pionniers qui nous ont permis d'étudier ou travailler en Europe. Je rêve comme toi d'une identité et d'un passeport européen, je rêve qu'un jour un français puisse se moquer d'un allemand comme un normand se moque d'un breton, sans arrière-pensée et avec bienveillance. Je rêve que les écoles et lycées biculturels se développent, à l'instar des Lycées Franco-Allemands de Buc, Saarbrücken, Freiburg, et bientôt Hambourg. Car vivre sa bi-culturalité au-delà de sa famille est structurant et aide à atteindre pleinement ce sentiment de double-appartenance, qui conduit à cette identité européenne.  Quand on voit le chemin parcouru depuis l'an 2000, peut-on rêver d'un passeport pour 2040?

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