C’était mieux après !
Comment aborder sa reconversion professionnelle pour un député sortant et pour un assistant parlementaire.
C’était mieux après ! Difficile à entrevoir ou à envisager de formuler un jour ce « c’était mieux après ! », lorsque l’on a vécu un tel choc, lorsque l’on est en train de vivre un changement profond, celui d’une assemblée nationale emportée par une lame de fond : selon les derniers chiffres, après les législatives, 75 % de l’assemblée nationale est renouvelée !
L’impact de l’onde de choc se joue à un double niveau : l’avenir professionnel des députés sortants et celui de leurs assistants parlementaires.
Cette déroute des députés a touché par ricochet très durement les assistants parlementaires, ceux qui travaillent dans l'ombre, et qui se retrouvent à plus d’un millier à devoir rebondir !
La situation telle qu’elle se présente était difficilement prévisible il y a quelques mois encore, ceux qui ont anticipé la défaite de leur groupe ont eu beau se préparer, ils n’avaient pas prévu l’ampleur de la défaite cette année, ampleur qui change du tout au tout la donne et le choc reste dur à encaisser !
D’autant plus difficile est le choc à surmonter que ces métiers ne sont pas de tout repos et la dernière période a tout particulièrement été épuisante en dépense d’énergie mise au service de leurs convictions, de leur attachement et dévouement pour préparer leur reconduction (avortée) à l’assemblée nationale, longues heures de travail, alternant course de fond et sprint finaux.
Certains assistants parlementaires ont commencé à envoyer leur candidature vers le privé et se trouvent confrontés à la difficulté d’une fonction qui est souvent vue sous le seul prisme politique et qui reste encore méconnue.
Les compétences et qualités que requièrent ces profils sont pourtant très attractives pour les potentiels recruteurs !
Les parlementaires d'une part, ont une réelle capacité à approfondir des dossiers à fort enjeux et complexes, à se hisser au niveau national tout en gardant l’ancrage local, à assumer pleinement leur mission avec toujours le sens de l’intérêt général, à s’intégrer dans un groupe et mouvement de pensée tout en gardant leur libre arbitre. A cela s’ajoutent compétences de communication, esprit de persuasion, grande résistance face aux critiques, intégrité, lucidité, pédagogie …
L’assistant parlementaire, est, de soncôté, un grand travailleur de l’ombre, véritable soutien administratif moral et technique de l’élu parlementaire. Il possède de grandes qualités de rédaction, de veille et expertise juridique sur des sujets variés, capacités de synthèses et d’analyse, capacités relationnelles également, fiabilité, écoute, disponibilité…
Les deux fonctions requièrent une bonne dose de ténacité et de gestion du stress et des heures supplémentaires, tour à tour coureurs de fond ou sprinters.
L’analogie n’est pas loin avec ce que vivent certains salariés cadres et dirigeants du privé issus des grandes entreprises, des PMI, PME, ETI … qui doivent faire face à des changements de plus en plus importants et fréquents, choisis ou subis, dont on se sépare parfois sans grande délicatesse.
Accepter la fin d’une situation, fermer la porte pour en ouvrir une nouvelle pleine d’opportunités et de perspectives, nécessite de laisser au temps le temps pour que se fasse le cheminement qui permettra de franchir les différentes étapes de ce que l’on appelle la courbe du changement.
La courbe du changement (issue des travaux d'Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre et psychologue américaine) est très utile à connaître dans l’accompagnement d’un salarié en transition de carrière pour repérer là où il se situe. En effet, après le choc, les émotions (déni, colère, peur, nostalgie, frustration, impression que tout le travail n’a servi à rien, de s’être battu pour rien …) s’entremêlent bien souvent jusqu’à l’acceptation de la fin de la situation. S’amorce alors la phase ascendante où le changement est vécu comme bénéfique, l’avenir peut être envisagé avec optimisme, sous toutes ses opportunités.
Fortement investis pendant 5 ans, 10 ans ou plus, députés et assistants parlementaires ont perdu l’habitude de devoir se vendre auprès d’employeurs. Ils devront repenser leur marketing personnel, mener une campagne de recherche, véritable course de fond et dans ce contexte, leurs qualités de ténacité seront à nouveau sollicitées.
Mesdames, Messieurs les députés et assistants parlementaires n’hésitez pas à adopter les mêmes démarches que vos homologues du privé, faites-vous accompagner pour rebondir plus rapidement, rompre avec l’isolement, obtenir du feed-back, explorer les différentes opportunités, accélérer votre rebond et ceci sur des postes plus ambitieux encore !
C’est sans doute le bon moment, avant l'été ou dès septembre de prendre du recul pour réfléchir à la suite à donner à votre carrière, analyser les succès, comme les échecs, vous préparer pour mieux écrire la nouvelle page qui s’ouvre et passés les 100 jours d’intégration dans votre nouveau poste, pouvoir commencer à vous dire : « c’était mieux après ! »