Ca fonctionne

On est loin des cris d’orfraie qu’avait déclenché le résultat plein d’incertitudes des élections législatives des 12 & 19 juin dernier. La crise de régime était là ; la Vème République, "fatiguée, vieillie, usée", un « Parlement suspendu » et la France s’enfonçait dans un épais brouillard institutionnel. Elle n’était plus gouvernée. Le Président n’était plus le maître des horloges. La macronie était au tapis.

Cette nuit, l’Assemblée nationale a adopté le PLFR, seconde jambe législative des velléités gouvernementales en faveur du pouvoir d’achat des français. Le spectacle était dans l’hémicycle. On a vu des talents et constaté que les bleus assimilaient rapidement le règlement intérieur de leur nouvel espace d’expression. Bien évidemment, sous couvert de procédure, la surenchère et la démagogie sont là ; à disposition des extrêmes qui par nature ne s’en laisse pas compter. Le ton est souvent acerbe, le propos moqueur et les arguments de bas étage pour frapper fort à défaut de toucher juste. Et c’est le risque de l’excès, toujours que l’on envisage dès que le ton monte.

On a pu apercevoir également des ententes inopinées. Les LR dont les valeurs risquent de disparaitre sur l’ardoise magique de la recomposition politique sont rappelés à l’expérience raisonnable de l’Etat. « Il faudra clarifier dans les prochains jours la part de responsabilité et de coopération que les différentes formations de l’Assemblée nationale sont prêtes à prendre » soulignait le Président de la République dans son allocution du 22 juin dernier. Plus largement, quelques unanimités que la représentation éclatée en tripode à l’Assemblée Nationale peut aussi réserver, font de fugaces, mais révélatrices, apparitions ; des décisions ponctuelles plus que des coalitions. Pourquoi pas ? C’est bon pour la France. Car tout finit par s’apaiser. Le vote après débat est un baume.

Le Gouvernement avance ; il se confronte à des oppositions pugnaces et hétérogènes. Elles l’obligent à slalomer dans des débats contradictoires qui permettent de canaliser la radicalité. Le temps paraît plus long. Mais nos institutions sont fortes. La composition de la représentation nationale s’y conforme et le parlementarisme rationnalisé bouge encore. Le Palais-Bourbon reflète beaucoup plus fidèlement que par le passé l’état politique du pays. Il induit des changements de posture sensibles mais l’instabilité exposée très vite comme une perspective semble contenue. Il n’existe pas de majorité alternative capable de porter une autre politique et rien ne serait pire pour le pays de rentrer dans une paralysie politique ; c’est sans doute l’élément bien compris et le mieux partagé, pour l’instant, sur l’ensemble des bancs de l’hémicycle. 

Ollivier Gimenez-Espinos

Directorate Advisor - Parlement Européen

2 ans

Guillaume Tabourdeau, le commentateur le plus intelligent et le plus talentueux de l’indigente Macronie…

Philippe Saunier

Retraité de l'énergie disponible pour assistance sur projet

2 ans

Je reconnais là ta plume mon ami Amitiés Philippe

Comme d’habitude, une plume excellente et raffinée - bonne analyse! Merci

Dominique Dord

Membre honoraire du Parlement

2 ans

Très bon texte cher Guillaume J’aurais titré plus prudemment: Pour le moment, ça fonctionne à peu près ! Amicalement

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