Carnets de campagne - semaine du 26 mars
Mardi 27 mars
C’est un moment majeur dans ma campagne, puisque j’annonce la mener désormais en tandem avec Vincent Charpin, président du Medef Pays de la Loire. Nous formons un duo à la fois très complémentaire au titre de nos parcours et très homogène quant à nos convictions. Nous sommes tous les deux convaincus de la nécessité d’une transformation en profondeur et non de simples aménagements des missions et de l’organisation du Medef. Et nous affichons clairement notre sensibilité libérale, dans un pays où cela semble être parfois honteux jusque dans le monde de l’entreprise…
Etre à deux est aussi un signal donné sur notre volonté de rassembler au sein du Medef et de proposer une gouvernance collégiale, puisque nous entendons présenter avec d’autres dirigeants d’entreprise une équipe, si possible à parité femmes-hommes, préfigurant celle qui pourrait diriger l’organisation à compter du 3 juillet. Il est nécessaire de renouveler régulièrement les dirigeants d’une telle organisation (nous proposons d’ailleurs un maximum de six ans dans un mandat et douze ans en fonctions), et il faut aussi assurer une diversité et une complémentarité de profils pour éviter que le Medef apparaisse monolithique.
Enfin, à ceux qui peuvent s’interroger sur la possibilité de fonctionner à deux à la tête de ce type de structure, et entourés d’une équipe plus large, le Medef a offert à sa création un bel exemple avec le tandem Seillière-Kessler de 1998 à 2002 (et qui aurait dû fonctionner jusqu’en 2005 si Denis Kessler n’était pas parti présider Scor). Nous espérons que cette référence sera de bon augure !
Jeudi 29 mars
Pierre Gattaz livre à l’Opinion ses réflexions sur son mandat au Medef, ce qu’il pourrait être demain et la campagne en cours. C’est très intéressant, et je partage beaucoup des constats et des appréciations qui sont les siennes sur la complexité pour les entreprises dont le Medef est parfois le complice, sur les responsabilités des branches qui doivent simplifier les conventions collectives, sur le constat de cotisations sociales qui auront fortement augmenté au cours des dernières décennies.
Tout ceci plaide comme il l’observe pour un nouveau rôle de la représentation de l’entreprise, dans l’influence, l’expertise et le service, et non plus dans la cogestion d’un modèle social qui ne sert pas les intérêts des entreprises, bien au contraire. Cela milite aussi pour la nécessité d’une nouvelle gouvernance de l’organisation, dont Pierre Gattaz a tout à fait de raison d’affirmer qu’elle est mortelle.
Petit clin d’œil sur sa succession : j’aime beaucoup les qualités de conviction, de liberté et d’indépendance qu’il met en avant. Et ça ne vous surprendra pas, je les revendique totalement !
Vendredi 30 mars
Premier débat entre candidats organisé par le Medef Ile-de-France. L’exercice est bienvenu puisqu’il permet de donner la priorité à l’échange et à la confrontation d’idées, là où les campagnes menées à distance sont parfois retracées de manière très superficielle et elliptique dans les médias. Mais à neuf candidats, et malgré un modérateur très professionnel, la lisibilité des positions n’est pas forcément évidente pour l’auditoire, surtout dans une ambiance qui reste fort heureusement courtoise.
Les divergences de fond sont pourtant majeures. Certains estiment, et c’est bien entendu leur droit, que la continuité doit prévaloir, même s’ils peuvent l’agrémenter de sensibilités plus ou moins prononcées, ou d’initiatives plus symboliques que fondamentales. D’autres semblent préférer se laisser porter par le cours des choses, et privilégient d’abord des axes ou des méthodes de communication renouvelés. Nous sommes pour notre part convaincus de la nécessité d’une rupture, non pas en réaction au mandat actuel, mais parce qu’il y a à la fois une exigence et une opportunité pour l’engager. L’exigence, c’est la situation qui reste très fragile pour des entreprises françaises toujours bien plus lourdement taxées et contraintes qu’ailleurs. C’est aussi celle d’un mouvement qui rassemble peu – seulement 123 000 adhérents, souvent via des syndicats professionnels – et qui est pour beaucoup de chefs d’entreprises très loin de leurs préoccupations. L’opportunité, c’est pour la première fois la disponibilité d’un pouvoir politique pour réformer le champ paritaire, dans une conjoncture économique favorable.
Cette rupture, nous la détaillons méthodiquement dans notre projet, dont la première partie est entièrement consacrée à la sortie du paritarisme de gestion et de négociation dans ses formes contraignantes pour les entreprises. Tandis que la seconde partie précise tous les changements à apporter à l’organisation Medef et à son écosystème, du point de vue du rassemblement des structures, de l’éthique et de la transparence, de la démocratie interne et des services à apporter aux entreprises.
Au-delà du fond, une autre différence essentielle sur le rapport à cette élection. Pour nous, il ne s’agit pas de vouloir un poste mais de porter un projet. Les tractations pour des ralliements en cours de campagne entre candidats sont de mauvaises pratiques qui confortent l’image d’une recherche de places au détriment du fond. C’est aussi une forme de pollution de la campagne, car cela signifie que certaines candidatures sont uniquement un moyen de négociation et de pression pour satisfaire de pures ambitions personnelles, et le cas échéant coordonnées avec d’autres. Sinon, pourquoi ne pas défendre son projet jusqu’au terme de l’élection ? Pour notre part, nous irons jusqu’au bout de l’élection avec notre projet, en cherchant à convaincre et à rassembler le plus largement possible, sans la moindre combinaison en coulisses. C’est notre éthique, et nous sommes convaincus de ce devoir d’honnêteté et d’authenticité vis-à-vis des électeurs.