Carrefour, le rendez-vous manqué avec le futur
L’arrivée aux manettes de Carrefour d’Alexandre Bompard en juillet dernier s’est suivie de l’annonce d’un programme choc : suppression de 2400 emplois, cession de magasins et enfin, lourds investissements dans l’e-commerce. À l’image de Carrefour qui paie aujourd’hui le retard de sa révolution digitale, le négoce en matériaux de construction est aussi confronté à cette évolution qui s’avère nécessaire.
Carrefour : un plan de performance en phase avec le marché
Carrefour s’est retrouvé confronté à une évolution majeure des usages connue par tout le secteur de la distribution : l’arrivée du commerce électronique. En 2017, ce dernier a progressé de 16% contre 0,2% pour le détail. Le modèle classique des hypermarchés est non seulement bousculé, mais surtout, à bout de souffle !
Le drive a été lui aussi l’une des innovations qui a révolutionné les pratiques de la distribution. En retard dans sa mise en pratique du concept, Carrefour n’a atteint que 10% à peine de ce marché, contre 50% pour Leclerc son concurrent. Ce retard s’est à nouveau illustré sur son site Internet quand Carrefour n’a pas pris le virage du e-commerce en finissant par annoncer une refonte sous son simple nom “carrefour.fr”.
Le secteur du négoce de matériaux a lui aussi peu évolué : les sites Internet ne remplissent pas leurs promesses, l’e-commerce est encore inexistant ainsi que le drive. Le manque d’innovation majeure, l’absence d’application mobile ou encore, en interne, la perte de compétences engendrée par le manque de formation laissent un secteur figé aux portes d’entrées de sa révolution digitale.
La distribution du bâtiment sera-t-elle épargnée?
Aujourd'hui le négoce se concentre essentiellement sur ses problématiques de rentabilité qu'il essaye d'endiguer par des campagnes d'achat ou des négociations de prime de fin d'année. L’envie d’investir doit être suscitée par l’énergie qu’impulseraient de meilleurs résultats ainsi qu’une reprise durable du secteur, ou encore via la valorisation et la facturation des services. Ce tournant aurait pu être enclenché lorsqu’en 2005 le marché se portait sous son meilleur jour !
Le négoce vient soutenir le besoin d’une entreprise dans son étude de cas technique. Pas assez valorisé, il risque aujourd’hui de disparaître sous le succès du commerce en ligne et de la GSB pour tout ce qui concerne les produits de commodité, ou Internet lorsqu’il s’agit de nouveautés. Les consciences sont marquées par l’impact qu’aurait à terme l’arrivée du commerce en ligne sur de nombreux emplois, c’est pourquoi il est temps de réagir et de trouver une façon innovante de vendre ses produits, ses solutions et ses services qui requiert à chaque reprise une expertise incontournable. L’arrivée du digital dans les usages est une opportunité à saisir pour redorer les métiers qui semblaient voués à disparaître au premier abord !
Enfin, l’innovation se situe aussi dans les solutions produits proposées par l’industriel. Il doit aujourd’hui repenser à sa façon de collaborer avec le négoce en mettant en place notamment des systèmes de self scanning ou de renseignements facilement accessibles pour le client. Sa présence doit également se renforcer à travers la formation de ses collaborateurs du négoce et de l’investissement dédié à la technique. C’est ce que va entreprendre Carrefour en permettant à ses industriels de rayon de mettre en place des showrooms où pourront être testés en direct des produits auprès des clients.
Conclusion : Un enjeu social et économique
Tous les métiers, et plus particulièrement celui du négoce, ne sont pas comparables sur tous les points à la grande distribution. Les enjeux restent toutefois les mêmes : la révolution digitale a profondément changé les usages. Elle a laissé une grande place aux activités en ligne en faisant disparaître par conséquent des métiers sur le terrain qui n’auront pas effectué ce virage. Industriels et marchands doivent collaborer pour valoriser davantage les métiers de chacun et prendre d’une main de fer les transformations à mener !
J'ajouterai que la rentabilité doit être une conséquence positive des choix stratégiques faits mais ça ne reste qu'une conséquence. Les sujets du quoi et du comment sont en général traités...mais celui du pourquoi, ce que l'entreprise a dans ses tripes...plus compliqué! Je crois que c'est parce que ce sujet n'était pas traité par la grande conso que j'ai quitté cet univers. Pour finir, appuyer l'innovation sur un accompagnement humain juste pour l'organisation est essentiel pour ne pas laisser des personnes sur le bord de la route...