Ce que j'ai appris grâce à Sophie

Ce que j'ai appris grâce à Sophie

Chaque mois en France sont conclues 35 100 ruptures de contrat conventionnelles entre employeurs et salariés.

D’après les enquêtes menées par Opinion Way et l’Afpa en 2017, 74 % des salariés ont déjà envisagé de changer de vie mais ne sont pas passés à l’action.

LE FREIN PRINCIPAL : l’impossibilité de vivre durant 4 mois sans revenu.

Les facteurs ambiants qui poussent le salarié vers cette prise de décision sont multiples, trois cependant ressortent clairement des sondages :

-         Plus d’intérêt porté à la pratique professionnelle

-        Écart creusé avec les nouvelles directives : désaccord de stratégie ou de politique entreprise

-         Ambiance collaborative entachée et lourde au quotidien

 Dans ces cas précis, aux portes de la prise de décision, le salarié est face à lui-même. Il lui est alors difficile sans projet défini pour son avenir de penser à autre chose que « que vais-je devenir et comme m’y prendre »

 Ou encore pollué par un tas de pensées fondées ou non fondées sur la grande question « vont-ils me l’accorder cette rupture »

 Regardons de près le cas de Sophie, 36 ans, en contrat depuis 7 ans au sein de la même entreprise. Nous sommes le 5 juillet quand elle m’envoie un premier mail. Elle évoque sa souffrance au travail. Non pas liée à une surcharge de tâches quotidiennes ou une mauvaise ambiance, mais liée au fait qu’elle ne trouve plus sa place.

Elle me dit avoir le sentiment que rien n’avance, qu’elle a beau alerté à son responsable, l’insatisfaction des clients demeure constante et s’aggrave et ce malgré de nombreuses analyses et solutions proposées.

 Elle ne se sent pas écoutée, ne se reconnait pas comme une collaboratrice mais comme une simple exécutrice. Lors de son dernier entretien individuel professionnel, elle me dit avoir exprimé ses attentes et que depuis désormais 9 mois rien a changé malgré les engagements pris par sa direction, lors de l'entretien.

 Elle me confit « Je ne tiendrai pas longtemps Céline, je dois partir, mon soucis, c’est qu’il m’est impossible de démissionner ou encore impossible de partir comme ça du jour au lendemain pour prétendre à un abandon de poste et être licenciée. J’ai plus de force non plus pour aller me vendre chez un concurrent ou trouver un autre emploi, même le temps de… J’ai besoin de temps, j’ai besoin de partir et de mettre de mon côté, toutes les chances pour prétendre à une reconversion en douceur, sans contrainte, sans heurts.. »

 Face à son discours, je suis comme sous le choc. Je me demande encore comment une entreprise d’à peine 15 salariés peut encore s’autoriser ce type de management non participatif. Bref. Mon souci, c’est que je suis aussi et surtout face à Sophie, complètement désemparée, à bout de souffle et sur le point de craquée. Au bord du burn out, vous savez celui dont on souffre lorsque l’on est plus considéré, lorsque l’on est plus entendu, comme transparente, pas celui relatif à la charge.

 Je vous laisse imaginer le désarroi qui s’empare de moi à l’instant où je lis le mail, où s’enchaine une conversation téléphonique de 57 minutes, parce que je comprends rapidement l'urgence d'agir, la détresse et un contexte particulièrement difficile.

 Et là ! Oui ! On a pris le temps qu’il fallait pour se voir dans les meilleures les conditions. Elle est d’abord partie en vacances avec ses enfants et son mari, puis on a pris rendez-vous, on établit un plan d’action, on a revu sa stratégie personnelle, on a enrichi son intelligence émotionnelle.

 Je vous mentirai en vous disant que tout s’est super bien passée. Il y a eu quelques étapes complexes plutôt compliquées je dirai. Le 30 juillet à son retour de vacances, il fallait commencer à annoncer à l’entourage sa prise de décision. Car oui, on décide seule, mais ensuite on s’entoure des bonne personnes pour faire face à l’événement qui va arriver.

 Le plus dur pour moi dans cette expérience, c’est que Sophie ne se sentait pas non plus considérée à la maison. Donc j’ai pris le temps nécessaire et on a d’abord réglé ce point. Partir sur une rupture de contrat sans le soutien de son mari, c’était pour moi inenvisageable. Je tenais à ce que Sophie ne sente pas seule, une fois que je ne serai plus dans sa vie, je tenais à ce qu’elle puisse compter sur son époux.

 Puis, on a préparé toutes les étapes :

-         Demande de rendez vous

-         Préparation de l’entretien

-         Remise en main propre du courrier officiel

-         Premier entretien officiel

-         Deuxième entretien officiel     

 Et nous en sommes là ..

 Ce mardi 25 septembre : la rupture est officiellement accordée par sa direction et son dossier est partie auprès des services concernés de l’état pour l’homologation. D’ici 15 jours à 3 semaines, ce sera définitivement clôt.

 Au 15 octobre, Sophie, ne fera plus partie de l’entreprise, pourra prendre du temps pour elle et envisager sa reconversion sans contrainte ni pression.

 Projet de départ en douceur réussi et Sophie soulagée qui continue à aller au travail, cette fois-ci sans aucune souffrance et surtout avec le soutien de son mari et du reste de la famille.

Ce que j'ai appris grâce à Sophie, c'est cette capacité à garder son calme. Cette fille, c'est une pluie de douceur. Je la remercie encore pour sa confiance et pour cette facilité fascinante à s'exprimer avec patience.

Belle histoire humaine ...

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