Ce que ma fille de 6 ans m'a appris sur le Digital

Ce que ma fille de 6 ans m'a appris sur le Digital

Il y a 6 ans j'ai eu le bonheur de devenir papa. Et cette petite fille, j'aime à observer ses questionnements et ses étonnements, ses surprises et ses évidences. Déformation professionnelle et passionnelle oblige, en tant que Geek j’aime à avoir la curiosité d’observer certaines de ces réactions face aux outils numériques.

Car ce qui est fabuleux avec les enfants de cet âge, c'est la "plasticité" de leur apprentissage : ce sont des éponges qui captent tout, comprennent tout, avec un point de vue non biaisé par des raisonnements, des a-priori, des "ça n'est pas possible". Tout est faisable pour eux. Il y a une candeur, une fraicheur qui rappellent bien souvent à l'ordre, ou qui augure des évidences à venir.

Je partage avec vous ces bouts de curiosités que j'ai appris d'elle. Peut-être avez-vous vu des choses similaires chez vous...

1- Elle utilise un iPad depuis très jeune, et le tactile est pour elle la norme. Sa dextérité à certains jeux de plateforme me surprend. L'UX de l'interface prouve que même sans savoir lire bien il est possible de l'utiliser. La première fois qu’elle m’a vu sur mon Mac, elle est venu près de moi et a voulu scroller avec son doigt pour dérouler l'écran. Elle s’est rendu compte que ça ne marchait pas, et elle n’a pas compris pourquoi. Or il est totalement logique de joindre le geste à la pensée !

2- Elle sait ce qu’est une télévision mais pas un programme de flux de télévision. Pour elle c’est un grand écran, sur lequel elle retrouve YouTube, Zouzou ou Netflix. D'ailleurs, à choisir elle préfère la tablette ou le smartphone à la télévision pour visionner ses dessins animés : c'est plus simple pour choisir les programmes qu'elle veut, du bout des doigts (ce qui rejoint le point précédent).

3- Elle se fait son propre programme avec son profil Netflix. J’ai éliminé YouTube Kids car pas assez qualitatif et filtré en termes de contenus. Idem pour la musique avec Deezer, elle a un compte avec des contenus pour elle, et notamment des podcasts pour son âge.

4- La première fois qu’elle a entendu la radio dans la voiture, elle m’a demandé « tu peux choisir telle chanson s’il te plait ? ». Il a fallu que je passe 5 bonnes minutes à lui expliquer (allez expliquer simplement quelque chose qui vous parait banal, pas simple !) qu’à la radio on ne pouvait pas choisir ce que l’on voulait, et ça lui paraissait être totalement illogique et d’un autre monde ! On en rigole maintenant à chaque fois qu’elle écoute le poste avec moi. Certaines de leurs évidences ne sont pas les nôtres, tout dépend de son référentiel...

5- C’est normal de faire un FaceTime. C’est un mot commun pour elle. Hier elle a bavardé le plus naturellement du monde avec sa meilleure amie qui est dans une autre école. Et elle me demande d’ailleurs souvent pourquoi il n'y a personne sur l’écran quand on appelle ses grand-parents…

6- Elle aime « discuter » avec Alexa Siri et Google. Elle a bien compris que ce n’était pas de « vrais gens », malgré la voix qui en est proche. Elle m’a quand même posé la question « mais ce sont des humains ? » et j’ai dû expliquer que c’était des robots qui imitaient la voix des humains. Et tant que les réponses données sont souvent à côté de la plaque, ça le restera pour elle ! En revanche pour mettre sa musique préféré, rien de tel que de demander à ces machines. L’interaction vocale est la plus simple même si elle reste encore frustrante. Elle m’a demandé pourquoi elle n’avait pas Google dans sa chambre… avant même de demander un smartphone ! (tout cela ne viendra que bien plus tard, je freine clairement là dessus).

7- Justement… Quand je ne sais pas quelque chose, je fais en sorte de chercher moi-même la réponse pour la lui donner. Et un jour elle me sort « Demande à Google ! ». J’ai rigolé… jaune. Car le fait que Google devienne son oracle et son encyclopédie m’embêterait fortement, pour des raisons de facilité et d'appauvrissement de la curiosité. Donc je fais en sorte de lui donner la réponse sans quelle demande à l’IA. Et si c’est le cas, nous le faisons ensemble. Tout en lui disant bien de dire « merci » à la fin ;-) (oui je sais que ce point est un grand sujet de discussion car pour certains dire merci équivaut à rendre humain une machine. Ca se discute. J’en reste pour ma part pour le moment à l’apprentissage « global » de la politesse).

8- Pas facile de lui expliquer quand il n’y a pas d’internet que je ne peux pas l’inventer ! Certes pour le moment la notion de connexion et de données reste un concept vague pour elle, mais c’est une évidence comme l’eau ou l’électricité. C’est là. Donc quand ce n’est pas là, ce n’est pas normal, il faut chercher un moyen d’en avoir. J’ai eu cette discussion avec elle dans le train il y a quelques jours : j’ai dû lui expliquer que je ne pouvais lui trouver ce qui n’existait pas, à savoir un réseau wifi :-)

9- Enfin, contrairement à tout ce que j'ai pu vous parler avant, l'objet qui la suit partout depuis ses 3 ans n'est pas connecté. Et pourtant elle a développé avec lui une grande proximité car il lui donne la possibilité de développer ses imaginaires en construisant une histoire au fil de l'eau. C'est certainement le meilleur jouet qu'a pu produire la French Tech, et il s'appelle La Fabrique à Histoires (ceci n'est pas un placement produit). Je vous le conseille.

Ma conviction est que le digital n'est pas antagoniste avec le développement des enfants. Tous les discours récurrents alarmistes autour des écrans (qui sont légitimes quand on dépasse un volume horaire assez conséquent), ou le fait de répéter inlassablement la légende comme quoi "dans la Silicon Valley Steve Jobs ne donnait pas d'écran à ses enfants" me gonfle au plus au point. Car OUI il faut faire attention au dosage de ses outils, notamment quand ils sont en jeune construction, et cela peut être aussi de fabuleux outils pédagogiques. Ce ne sont pas des nounous numériques. L'éducation est un tout (le nombre d'heures que je suis resté le mercredi après-midi devant un la télé n'a pas fait de moi un bulot !), et tant qu'elle chérira ses livres "en papier"et qu'elle adorera découvrir Astérix, je me dis que le meilleur est à venir.

Il y a certainement plein d'autres choses à dires sur les enfants et le digital. C'était d'ailleurs ce matin le sujet de l'excellent podcast #BonjourPPC "Le Digital pour tous" (disclaimer : je fais partie de l'équipe éditoriale de ce média), je vous laisse découvrir plein d'autres choses que les enfants nous cachent ou peuvent nous apprendre !

PS : je vous conseille aussi un livre, celui de Matthieu Chéreau "Préparons nos enfants à demain", il est passionnant.

Ecran or not écran telle est la grande question pour les parents !  Pour ma part, j'étais plutôt de votre avis : il faut les adapter au monde moderne et sans excès mais sans trop de contraintes... et j'ai constaté les mêmes choses... jusqu'à ce que mon fils de 8 ans manifeste des soucis de concentration à l'école! Depuis 6 mois, nous avons donc instauré la balance suivante = zero écran les jours d'école, on limite les autres jours mais c'est OK.  Les jours d'école c'est donc encore plus qu'avant : livres, jeu de société en famille, dessin, sport et lego qui ont pris la place des écrans et je pense sincèrement que c'est une bonne chose avec le recul.  Les autres jours, mes 2 loulous de 8 et 5 ans utilisent Netflix (pas plus d'une heure par jour), la tablette (pas plus de 30 minutes dans une journée) et Alexa pour lancer leur Spotify, poser des questions, écouter des histoires ou réviser les tables de multiplications.

Gilles Masson

chargé d'agrément France - Agences de voyages chez SNCF

5 ans

Je comprends pourquoi lire (avec des vrais livres) Sylvain Tesson me fait tellement de bien. 

Marilyne Sullet-Duverbecq

Data Protection & Compliance Officer chez Crédit Agricole FinTech | CRAFT SAS

5 ans

Damien Douani excellent article, merci! N oublions pas, par ailleurs, de protéger nos enfants contre l utilisation de leurs données personnelles (pas simple le concept, pour un enfant...ni pour certains parents d ailleurs!), car les IA évoquées dans votre article ont démontré que tout ce qu elles font ne se limite pas toujours à ce qu'on leur demande et les traces laissées par nos enfants sur le net ne sont pas toujours maîtrisées. Des violations de données, il y en a tous les jours. Et aucun parent n aimerait comprendre combien son enfant a été et/ou est exposé à des dangers que l on soupçonne difficilement. Bien évidemment qu'on ne peut couper nos enfants des évolutions technologiques, mais protégeons leur...candeur.

Emmanuelle PETIAU 💙💛

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5 ans

Mon.fils a commencé à 2 ans avec sa tablette .4 ans maintenant et dont maman a installé des jeux éducatifs only. Et pas plus de 2 heures par semaine . Cela lui apporte beaucoup sur les labyrinthes et les exercices complets. Je pense que c'est un.vrai plus en support.. Damien Douani

Florenti lavall de montbram

Chef de Projet digital. (4 hire) Transition digitale, écologique et le droit qui va avec.

5 ans

Pour mon arrière-grand-père père, l'apparition d'un poste de radio et de la voix qui en sortait était de la sorcellerie (dixit ma mère). Pour elle, c'était naturel. Elle a vécu l'apparition de l'eau courante au robinet. Pour moi, c'est naturel.  J'ai connu l'apparition de l'informatique familiale (sans souris), puis l'apparition des souris, puis du tactile. Ma descendance connait les trois car je tiens à leur donner une connaissance historique de ce qu'ils utilise. D'ailleurs, je leur inflige aussi le fait d'aller chercher de l'eau au puit, et le téléchargement d'un jeu sur C64 à cassette. Histoire de...

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