Les harceleurs

Assis derrière mon écran d’ordinateur, je scrollais tranquillement le réseau. On voyait y défiler des tonnes d’informations différentes, comme les actualités, les vidéos de chat, les photos des uns et des autres, leurs vies et j’en passe. Alors parfois, je mettais un commentaire bien piquant pour les faire réagir. Mais, la plupart restaient silencieux.

Alors, je me tournais vers ma bande de potes. On avait créé un groupe spécialement pour ces types de commentaires. On discutait, ensemble, des cibles et des personnes que nous nous amusions à provoquer. D’ailleurs, depuis quelque mois, un petit nouveau était arrivé dans l’école. Nous nous amusions à le bizuter durant les heures d’intercours et parfois bien après.

Il était tellement facile à provoquer que cela en devenait hilarant durant nos moments d’ennuis. Actuellement, nous cherchions son pseudo sur le réseau pour le retrouver et parler avec lui. Bien entendu, il n’était pas question de le faire avec nos profils et nous avons donc créé un profil fictif pour lui parler.

Depuis des semaines que je cherche et aujourd’hui à l’école j’ai découvert son journal intime. Caché dans son casier, je l’ai forcé et pris en photo quelques pages. Il y parlait de ses propres pensés et de sa solitude depuis qu’il avait déménagé, suite à la mort de son père. À l’intérieur, il parlait de son pseudo pris pour aller sur les réseaux : le nom de son père. Une histoire bien triste, alors pourquoi ne pas le bousculer pour tourner la page.

Alors, avec le groupe, nous avons commencé notre petit jeu sur le réseau, en plus de continuer à l’école. Je pris le faux profil pour lancer les premières pages photographiés. J’ai même tagué l’ensemble des élèves de l’école pour que tous les voient. Après quoi, nous n’avions plus rien à faire.

Tout le monde prit le relais. Certains en ayant pitié, d’autres en critiquant. Enfin, beaucoup en critiquant et insultant sans arrêts. Au bout de quelques semaines, il commença à manquer les cours, et son compte fut supprimé. Mais, à l’école et dans la rue, les injures et les moqueries fusaient de plus belles.

Cette histoire finit par prendre tellement d’ampleur, que les journaux s’en mêlèrent lorsque le drame est survenu.

Une fin de journée d’école ordinaire, c’est à la sortie qu’une élève a criée. On c’est tous retournés, juste le temps de le voir sur le toit avant le grand saut. La vision et le bruit sourd bouleversèrent et retournèrent l’ensemble des élèves.

C’est un drame qui survient comme tant d’autre. La police retrouva la trace des photos du journal, des insultes et des moqueries lancées par le faux profil. Ma bande et moi-même furent jugés au tribunal. Nous avons pris que du sursis et nous continuons tranquillement notre scolarité.

Notre groupe et profil ont été supprimés, mais bientôt, nous pourrons en recréer un autre avec des noms différents.  

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