Chance ou malchance, qui peut le dire ?
Reese Witherspoon en quête d'elle-même dans Wild (2014) de Jean-Marc Vallée

Chance ou malchance, qui peut le dire ?

Cher.e.s lecteurices assidu.e.s, un grand merci pour votre lecture.

Je profite de votre présence pour vous informer que je cherche un poste en tant qu'assistante de production audiovisuelle pour donner vie à toujours plus d'histoires.

Si vous êtes au fait de certaines opportunités, n'hésitez pas à m'écrire ou à m'identifier en commentaire sous les offres. À nouveau, un grand merci à vous.



"Tu n'as pas besoin de connaître le chemin, commence par savoir quel pas sera le prochain."

-Sagesse rencontrée sur les internets


Plus j'écris sur la marche plus le chemin qui se dessine prend des accents spirituels. Les parallèles avec la vie sont nombreux et riches en enseignements. Dans l'épisode "Savez-vous promener votre regard ?", je vous invitais à déceler la beauté dans l'ordinaire du quotidien. J'ai découvert qu'il est tout aussi intéressant d'avancer à l'aveugle. D'ailleurs, les deux démarches ne sont pas incompatibles puisque l'une requière vos yeux et l'autre fait appel à la Vision. Pour cette dernière, on aura davantage besoin du cœur. Voyez plutôt...


Tous les chemins mènent à Rome

J'ai eu la chance de visiter Rome il y a dix ans. Ce qui m'avait frappée - en plus d'avoir découvert que les tomates sont censées avoir du goût - c'était la construction du centre historique. Je suivais une enfilade de ruelles particulièrement étroites et ombragées par la hauteur des immeubles ocres et orangés. Les pavés, le linge qui sèche ici et là, la chaleur. J'étais déjà largement sous le charme et la balade se suffisait à elle-même. Elle n'avait pas d'autre objectif que de glaner les authentiques détails de la capitale.

C'est alors que les murs protecteurs qui m'escortaient s'écartelèrent subitement pour accoucher d'une place dont la surface était presque entièrement mangée par l'immense fontaine de Trevi. J'étais estomaquée : comment pouvait-on avancer dans Rome sans deviner qu'une telle démesure se dresserait d'un instant à l'autre sur notre route ? Le phénomène se reproduisit plusieurs fois par la suite, et même lorsque j'avais l'intention de trouver un monument, le chemin qui y menait était de telle nature qu'il conduisait malgré tout à la surprise. Dans ce cas de figure, elle était bonne - ou en partie car les statues de la fontaine, comme tout ce qui donne l'impression de pouvoir prendre vie, me fichent la frousse.

En me souvenant de cette expérience, je trouvai qu'elle faisait une belle métaphore de l'impermanence de la vie et de son caractère imprévisible. La roue tourne, les choses se renouvellent et de nouvelles opportunités se présentent. Des événements, des personnes, des choses dont on ne soupçonne pas l'existence attendent de croiser notre chemin. Elles auront un grand retentissement qui pour l'heure, reste imperceptible.

Mais s'agira-t-il de bonne ou de mauvaise fortune ?

Lorsque le chemin vers nos objectifs se fait long, il serait rassurant de savoir que le vent va tourner en notre faveur. Lorsque la rue n'a pas encore dévoilé, béante, une énorme fontaine, comment continuer d'avancer ? Comment persévérer sans deviner l'abondance ?

Et si ce n'était pas une belle fontaine mais une catastrophe qui nous attendait ? Ne pas pouvoir deviner, c'est être empêché.e de se prémunir. On pourrait se mettre à avoir peur de vivre normalement.

Qu'est-ce qui peut soulager l'incertitude qui accompagne nos pas ?


Avancer vers sa légende personnelle

Il s'agit donc de croire à ce qu'on ne voit pas encore et d'accepter que ce qui s'en vient puisse être une bénédiction comme une déconvenue. Croire au destin et accepter les coups du sort. Mais bel et bien croire qu'il y aura quelque chose, car depuis le présent dans lequel nous vivons, c'est notre seul recours. Croire. Ainsi, le chemin éprouve notre persévérance et notre foi. Tourné.e.s vers notre avenir, nous sommes toutes et tous pèlerins. Ici, la foi et le courage sont étroitement liés en ce qu’ils demandent de faire malgré l'absence de confirmation et de preuve, avec la peur, avec le doute.

Si comme Saint-Thomas, on ne croit que ce qu'on voit, alors il sera plus facile de croire à notre défaite puisque la route connaît son lot de trous et tremplins. En étant uniquement concentré.e.s sur ce qui est déjà présent, nous devenons tributaires des variations inhérentes à la vie.


« Tout homme a le droit de douter de sa tâche et d’y faillir de temps en temps. La seule chose qu’il ne puisse faire c’est l’oublier. »

-L’Alchimiste, Paulo Coelho


Au contraire, garder un œil sur l'invisible peut nous préserver du découragement. Il y a un petit dicton de grand-mère que j'aime à me rappeler et qui m'a été confié lorsque j'ai entamé ma reconversion professionnelle : "Ça ne se passe jamais comme on croit". Ça ne nous dit pas si ça se passera comme on le veut, mais il y a l'espoir d'être surpris.e. L'espoir que la vie démente nos craintes. C'est le doute qui nous permet de persévérer sur notre chemin. Cette voie et cette voix qui nous invitent à nous réaliser. C'est ce que l'auteur brésilien Paulo Coelho nomme notre légende personnelle dans son livre à succès L'Alchimiste. Comme vous le découvrirez si vous entreprenez sa lecture, la foi et la capacité de s'émerveiller sont deux compagnes de route importantes.

Cette semaine, je vous invite à cueillir le jour en acceptant de ne pas savoir ce que vous récolterez demain. Et puisque vous vous êtes levé.e.s aujourd'hui, réalisez que vous avez la foi. Bienvenue chez les pèlerins.

À mardi prochain pour une nouvelle promenade,

Mathilde.

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