Changer de carrière pour vivre de votre passion : une idée à faire germer ou enterrer ?
Vous vous interrogez sur votre avenir professionnel et personnel ? Sur le choix d’une carrière plus épanouissante, la création d’une entreprise en lien avec vos centres d’intérêt actuels, ou la réalisation de cette ambition secrète qui pourrait révolutionner votre vie ?
Bienvenue au club. Vivre de sa passion fait rêver et la plupart des personnes que j’accompagne des bilans de compétence partage cette envie. Pour certaines, il s’agit de s’autoriser à renouer avec une vocation enfouie, pour d’autres d’exploiter un talent fraîchement identifié ou encore de creuser un nouveau centre d’intérêt, pour quelques-unes enfin, ce n’est qu’un fantasme confus. Au-delà de l’image d’Épinal gravée dans notre imaginaire collectif, est-ce vraiment une bonne idée ? Et surtout, devriez-vous l’envisager ?
AVEZ-VOUS UNE VOCATION OU UNE PASSION ?
Vous souvenez-vous du fameux « Quand je serai grand(e), je serai… »
La plupart d’entre nous ont oublié la fin de cette phrase, ou bien, elle a changé des dizaines de fois au fil du temps (certains l’utilisent même encore dans leur dialogue intérieur après plusieurs changements de carrières). Mais pour quelques-uns, est restée immuable, une certitude gravée dans leur cœur dès l’enfance ou l’adolescence. C’est ce qu’on appelle une vocation.
Ces personnes ont grandi avec cet idéal omniprésent. Cette idée, apparue très tôt comme une révélation ou une évidence, s’est développée en même temps qu’elles pour se muer peu à peu en projet de vie qu’elles ont alors mis tout en œuvre pour réaliser. Aujourd’hui, leur carrière s’est construite sur leur vocation et on dit qu’elles vivent de leur passion.
Je n’ai pas de statistique à vous offrir sur la proportion de la population que cela concerne, mais j’aimerais partager ma conviction sur le sujet avec vous. Je crois qu’il est possible que chacun d’entre nous naisse, ou en tout cas grandisse, avec une vocation potentielle, mais que cette petite graine passera par plusieurs tamis avant d’arriver ou non dans un terreau fertile qui lui permettra de croître.
Et le tout premier est le filtre parental, suivi de celui du reste de l’entourage, des autres adultes référents comme les professeurs, et de nos pairs du même âge. Cette idée rencontre-t-elle leur approbation ou non ? Est-elle prise au sérieux ou ridiculisée, même gentiment ? L’enfant ainsi confronté à un rejet ou une validation de son instinct décidera, selon son tempérament et son contexte, de continuer à nourrir et donc faire croître cette idée ou au contraire de l’enterrer pour se tourner vers quelque chose qui lui semblera mieux répondre aux attentes de son entourage.
En somme, une vocation est une petite graine plantée très tôt, qui selon les aléas, les opportunités et les apprentissages de la vie, germera et grandira avec la personne, ou non.
Certaines graines peuvent rester en sommeil très longtemps sans pourrir avant de germer, si à me lire, vous sentez en vous cet élan de vie s’éveiller de vos souvenirs d’enfance, ça vaut sûrement le coup d’aller creuser un peu de ce côté-là !
La passion est également une graine, mais celle-ci peut être plantée à tout moment de la vie. Elle se sème au gré de l’éducation, des activités, des rencontres et des partages. On peut se passionner pour une multitude de choses à tout âge et nos centres d’intérêt peuvent évoluer avec le temps ou même changer complètement. De nouvelles expériences de vie vous mettent en contact avec de nouvelles opportunités. Et puis, un jour, c’est la révélation : « Mais bien sûr c’est ÇA que je veux faire ! ».
Ce fut le cas de ma propre transition professionnelle. Petite, je n’avais jamais rêvé de devenir coach, conseillère en évolution professionnelle ou formatrice. Je ne connaissais probablement même pas ces mots. En revanche, à ce moment précis de ma carrière et de ma vie, ça a été une véritable épiphanie. Ça a été très clair pour moi, le moment était venu de changer de cap et de me diriger vers ce nouvel horizon et vivre de ma passion.
Bien qu’elle soit le fruit d’une épiphanie tardive, l’évidence peut être aussi franche que celle d’un môme qui crie sa vocation sans l’ombre d’un doute. Cependant, si vous n’êtes pas au complètement au clair avec vous-même, vos valeurs et vos ressources, elle peut s’avérer plus confuse. Elle peut être obscurcie par des croyances limitantes ou le manque de confiance en vous, surtout si vous vous débattez avec votre perfectionnisme, votre hypersensibilité ou un syndrome de l’imposteur chronique…
En bref, cette nouvelle graine peut se présenter à tout moment, mais pour qu’elle ait la place de pousser, un petit débroussaillage préalable est parfois nécessaire. Il faudra souvent prendre le temps d’observer ce qui pousse dans votre jardin intérieur pour désherber ce qui ne vous sert plus et au contraire arroser ce que vous avez envie de voir fleurir et fructifier. Si avez du mal à identifier quoi mettre au compost et quoi fertiliser, n’hésitez à demander l’aide d’un professionnel.
PEUT-ON TOUJOURS VIVRE DE SA PASSION ?
Toutes les passions ne se transforment pas en métier, c’est vrai. Mais la plupart du temps, il est possible d’exercer une activité en rapport avec notre passion. Il n’est pas toujours nécessaire de viser son expression la plus extrême, ni de devenir l’influenceur phare du domaine, pour en retirer une satisfaction professionnelle.
Par exemple, si vous êtes passionné de sport, vous n’êtes pas obligé de devenir athlète de haut niveau pour vivre votre passion. Vous pourriez devenir entraîneur, coach ou éducateur dans ce domaine, journaliste sportif, ou utiliser ce que votre expérience de dirigeant à la tête de l’entreprise familiale vous a appris pour enfin ouvrir la salle de sport de vos rêves.
Vous pourriez aussi simplement vous inspirer des techniques de préparations sportives pour manager votre équipe au quotidien. Voire trouver une activité professionnelle qui n’a peut-être à première vue pas grand-chose à voir, mais vous permet de dégager du temps et de l’énergie aux bons moments pour aller jusqu’au bout du championnat avec l’équipe de hand-ball junior de votre fille, parce que finalement c’’est ça qui compte pour vous aujourd’hui.
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Vivre sa passion ne nécessite pas toujours de vivre de sa passion.
Même si vous ne pouvez pas vivre de votre passion stricto sensu, identifier les passerelles entre ce qui vous fait vibrer et votre activité professionnelle – actuelle ou future –, vous permettra de nourrir l’exercice de votre métier au quotidien. Votre pratique n’en sera que plus riche et plus satisfaisante ! Par ailleurs, en observant, et aménageant au besoin, la façon dont votre travail peut vous permettre de vous adonner à votre passion, vous pourriez développer un sentiment de reconnaissance tout aussi épanouissant vis-à-vis de votre position. Même si vous en arrivez à la conclusion que votre contexte, ou la nature même de votre passion, ne se prête pas à la professionnalisation de celle-ci, il s’agit quand même de trouver la meilleure manière de la concilier avec votre vie professionnelle pour être en accord avec vous-même, vos valeurs et vos besoins.
En bref, quelle que soit votre situation professionnelle et peu importe votre passion, aussi incompatibles qu’elles puissent avoir l’air à première vue, si la question d’en vivre vous titille, je ne peux que vous conseiller de prendre le temps d’en faire le tour ! Et gardez l’esprit ouvert, il existe souvent de multiples façons de concilier les deux !
MÉTIER PASSION : EST-CE VRAIMENT LA VIE RÊVÉE ?
“Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie.” — Confucius
Vous avez sans doute déjà entendu une version de cette citation souvent attribuée à Confucius.
Alors, certes, lorsque vous êtes passionné par ce qui vous fait vivre, il devient bien plus facile de se lever le matin pour aller travailler. Les heures passent plus vite, les semaines aussi. Et vous n’avez pas ou peu d’effort à fournir pour vous investir à 100 %.
Mais n’en déplaise à Confucius, aussi passionnant qu’il soit, un travail reste un travail. Ce n’est pas parce que vous aimez ce que vous faites que vous devez vous épuiser à la tâche. Or, lorsque nous aimons notre activité et qu’elle nous tient vraiment à cœur, nous sommes plus enclins aux sacrifices et aux prises de risques. Certains peuvent être nécessaires pour transformer nos rêves en réalité, mais ils peuvent très vite nuire à notre vie sociale, familiale, notre stabilité émotionnelle ou financière, voire notre santé.
Quelques symptômes à surveiller de près si vous faites le grand saut vers un métier passion :
Je pourrais continuer la liste, mais je crois que vous voyez le tableau. D’ailleurs, si vous vous reconnaissez déjà, que vous ayez récemment changé de carrière ou non, que vous trouviez (encore) votre boulot passionnant ou pas, il est grand temps de marquer une pause, d’observer votre situation et de demander de l’aide si vous êtes en souffrance.
Vous l’aurez compris, le danger principal du métier passion, c’est la sur-implication. D’autant que, de plus en plus, « tout plaquer pour vivre de sa passion » signifie créer son propre emploi, voire monter une entreprise de plus grande envergure. Ce qui veut dire que vous définissez vous-même votre cadre de travail. Autrement dit, vous n’avez pas d’autres limites que celles que vous vous fixez.
Peut-être êtes-vous déjà indépendant ou à la tête d’une entreprise et cela ne vous fait pas peur. Laissez-moi vous dire, d’expérience, que si vos précédentes expériences étaient le fruit de décisions stratégiques ou d’héritage filial, mais que cette fois-ci vous vous lancez dans ce projet qui vous tient vraiment à cœur, vous risquez d’avoir quelques surprises. À titre personnel, les enjeux ne seront pas les mêmes et votre détachement et votre discipline pourraient bien s’avérer très différents. Il sera donc d’autant plus important de veiller à ce que j’appelle l’hygiène du dirigeant.
Et si votre reconversion vous mène vers un poste salarié, vous n’êtes pas hors de danger pour autant. Certes, l’établissement que vous allez intégrer fournira une certaine distance, au sens figuré et souvent au sens propre, entre votre vie privée et votre vie personnelle. Et vous y serez de facto soumis aux limites de la structure, mais il n’est pas dit que celle-ci soit pour autant sécurisante. Après tout, quel dirigeant n’est pas friand d’employés passionnés et sur-impliqués ! Tout du moins, avant d’avoir à gérer le premier burn-out…
Comme dit l’adage, « à trop tirer sur la corde, elle se rompt ». Et lorsqu’on exerce un métier qu’on aime et qui nous stimule, on peut facilement en oublier de s’interroger sur le reste et ne pas se rendre compte qu’un déséquilibre chronique s’installe entre vie pro et vie perso, surtout lorsque la passion rend la limite entre les deux plus floue. Par ailleurs, les plus grands psychologues s’accordent sur l’importance de l’oisiveté, l’équilibre de tout être humain, même les plus passionnés !
ET SI VOUS DÉVELOPPIEZ UNE PASSION POUR VOUS-MÊME ?
Oui, je sais, dit comme ça, ça fait très égocentrique. Mais c’est en vous montrant curieux envers vous-même que vous serez en mesure de savoir où vous en êtes, s’il est temps de laisser votre vocation première fleurir, ou de découvrir une nouvelle passion. Si vous avez vraiment envie de vivre de votre passion ou simplement de la vivre, ou peut-être d’en ajouter à ce qui vous fait vivre… Et c’est avant tout en restant à l’écoute de vous-même que vous saurez, quel que soit votre choix, respectez à la fois vos limites et vos rêves.
Évidemment, je serais ravie de vous accompagner dans vos réflexions, n’hésitez pas à me contacter !