Chat GPT : un chat qui peut enseigner ?
réalisé avec Da-E de OpenAI

Chat GPT : un chat qui peut enseigner ?

C'est quoi ChatGPT

L'outil est bluffant et tout le monde en parle à raison car il peut bousculer beaucoup de domaines de notre vie économique et sociale.

Il suffit de se créer un compte et vous pouvez commencer à utiliser le Chat GPT en lui posant des questions ou « prompt ».

Comme lui-même se définit : « Je suis un modèle de langage conçu par OpenAI, un laboratoire de recherche en intelligence artificielle. J'ai été entraîné sur un grand corpus de données textuelles, comme des articles de journaux, des livres et des pages web, afin de pouvoir répondre à des questions et fournir des informations sur un large éventail de sujets. Pour fonctionner, j’utilise une technique dite de "transfert de connaissances". Cela signifie que j'ai été préalablement entraîné sur de grandes quantités de données pour accomplir une tâche spécifique (par exemple, prédire la prochaine mot d'un texte), et que j'ai ensuite été adapté à ma tâche actuelle (répondre aux questions des utilisateurs) en utilisant une quantité beaucoup plus petite de données spécifiques à cette tâche. »

À l’origine, OpenAI a été fondée en 2015 par Elon Musk et Sam Altman pour travailler sur une “intelligence artificielle forte”. En 2019, OpenAI est devenue une entreprise à revenus plafonnés - Revenue Cap Regulation). Elle est financée majoritairement par Microsoft. Open AI avait déjà lancé Dall-E, une intelligence artificielle générative capable de créer des images à partir de phrases. Le chat qui illustre cet article a été fait par Dall-E (« chat intelligent avec un ordinateur »).

D’un point de vue technique, Chat GPT utilise GPT3 qui est fondé sur des réseaux de neurones et plusieurs principe d’apprentissage : le transfert learning, les transformers, l’apprentissage par renforcement. Elle (dans les articles on la féminise) s’est entrainée sur une masse de données venant du Web (Bing, Github, Wikipedia) et elle est capable d’utiliser ces contenus pour répondre dans un français quasiment parfait à des questions diverses :

  •  Qu’est-ce que la gouvernance du Système d’Information ?
  • Aides moi à faire des paupiettes de veau.
  • Ecris moi une fable sur un chat et chien à la manière de La Fontaine
  • Donne-moi le code pour calculer un déterminant de matrice en Visual Basic
  • Rédiges moi un article sur tel sujet avec ces 3 parties et des éléments techniques et économiques

Chat GPT réponds vite et très bien en fonction de ce que vous lui avez déjà demandé, elle s’adapte donc à son interlocuteur. Pour l’instant, elle ne répond qu’en texte dans différentes langues.

Il semble qu’elle est été éduquée par un mélange de données, d’algorithmes et aussi d’interventions humaines pour lui apprendre à ne pas donner des réponses inappropriées. Il s’agit bien évidemment pour Microsoft d’éviter le désastre de Tay, le chat bot raciste.


Quelles sont les limites de Chat GPT ?

Les résultats sont vraiment de grande qualité et très rapides, mais il me semble qu'il faille prendre en compte des limites.

Elle ne respecte pas le RGPD car tout est aux USA et elle est peu diserte sur ce qu’elle fait de vos données et des questions que vous lui avez posées.

On ne sait pas exactement quelles sont les origines de ses données et dans tous les cas elles ne sont pas référencées. On obtient donc un contenu non certifié. Plusieurs testeurs ont essayé d’obtenir une bibliographie de ChatGPT est se fut soit un refus poli soit une bibliographie inventée. De ce fait, ChatGPT ne respecte pas le droit d’auteur : son texte final est original mais l’ensemble des données utilisées ne l’est pas.

OpenAI ne dévoile pas son business modèle, donc on ne sait pas comment les actionnaires, dont Microsoft, entendent rentrer dans leurs fonds. Une requête est annoncée couter 10 centimes pour être traitée. ChatGPT deviendra t’elle payante ou inclue dans un service plus large ? Il faudra bien que tôt ou tard quelqu’un paye.

Les réponses de ChatGPT ne sont pas toujours de très bonne qualité, ce qui ne se voit pas de prime abord tellement le phrasé est agréable et le français bon. Les réponses différent d’une fois sur l’autre sans que l’on sache pourquoi, avec une qualité différente. Donc si la qualité globale est là, elle est variable.

Pour l’instant, toutes les données d’apprentissage sont antérieures à 2021. De ce fait à ma question sur la coupe du monde 2022, ChatGPT m’a répondu : « Je suis désolé, mais je ne peux pas analyser la finale de la Coupe du Monde 2022 car ma connaissance s'arrête en 2021 et je n'ai pas accès à des informations sur les événements futurs. »

Enfin comme le dit Laurence Devillers : « Il faut juste qu'on s'assure d'un certain contrôle et éviter trop de manipulation de ces outils. »


Que peut-on faire avec ChatGPT ? Enseigner ?

Je laisse le lecteur piocher dans les multiples articles qui énumèrent toutes les possibles utilisations du chatGPT allant du marketing digital à la veille informationnelle, de la rédaction de post au débogage de code informatique, de la cuisine à l’apprentissage de l’espagnol. Je parlerai ici uniquement sur deux types d’utilisation : la rédaction de post et l’enseignement.

Toutes les entreprises ont besoin de contenu pour alimenter leur présence sur les réseaux sociaux. Même si les stratégies diffèrent, il y a un incontournable qui est de fournir du contenu pertinent, régulier et original : soit des posts et des articles. ChatGPT peut ici être un allié de poids : une simple question avec des consignes de rédaction précises et j’obtiens un contenu original et pertinent. Un petit toilettage pour enlever les répétitions et corriger quelques coquilles, l’ajout de 2 liens et d’une photo et j’ai mon post ou mon article de la journée (pour l’instant gratuitement).

Pour la formation, ChatGPT force l’ensemble de la communauté à se poser des questions de fond sur le rôle et les objectifs de l’enseignement. Je ne parlerai ici que de l’enseignement que je connais : celui fait à l’université.

Nous avons tous connu et subit les mémoires d’étudiants copiés intégralement ou partiellement du web. Wikipedia d’abord, puis tous les blogs et site divers ont été une source inépuisable pour rédiger les 20 pages demandées. Les outils de détection de plagiat nous ont en parti sauvé la mise, mais avec ChatGPT point de plagiat, juste un contenu original auquel il faut rajouter des sources.

Si on reste dans une posture de transfert de connaissances vers les étudiants, cela va être compliqué à deux niveaux. D’abord pour l’intérêt qu’ils vont porter à nos cours : « pourquoi apprendre et retenir quelque chose que j’obtiens en deux minutes sur le web ? » et ensuite pour l’évaluation qui ne pourra se faire qu’en salle d’examen avec un papier et un crayon. Bien évidemment, nous, enseignants, sommes tous plus ou moins passés au transfert de compétences : mettre en action des connaissances dans un contexte donné pour répondre à une question ou un besoin. Mais là, l’évaluation est autrement plus compliquée si on la veut pertinente. Faire un mémoire ? ChapGPT le fera très bien par morceau. Ecrire un programme informatique : ChatGPT le fera très bien. Alors bloquer l’accès à ChatGPT ? Mais ne forme t-on pas des futurs praticiens qui utiliseront ces outils ? Pourquoi les en priver dans leurs études ou leurs examens ?

Des chercheurs étudient depuis longtemps comment utiliser l’IA dans l’enseignement et dès l’apparition de ChatGPT, Ethan et Lilach Mollick (University of Pennsylvania - Wharton School) ont proposés des usages réellement passionnants de cet outil dans l’enseignement supérieur.

L’idée de E et L Mollick dans leur article est de mettre en place une boucle d’apprentissage en utilisant Chatgpt comme un acteur à part entière. L’enseignant pose un problème à l’étudiant qui doit le résoudre avec ChatGPT selon plusieurs scénarios. L’étudiant peut être le professeur du ChatGPT et le pousser à améliorer ses réponses en ajoutant des consignes. Ou alors l’étudiant peut être dans une posture d’évaluation de la réponse du chat en recherchant des biais ou des omissions. Quel que soit le scénario, l’idée est de mettre l’apprenant dans un rôle actif et de considérer chatGPT comme un partenaire. On peut tout à fait imaginer des boucles de ce genre pour l’informatique, l’histoire ou l’apprentissage des langues.


Contrôler ou collaborer ?

En conclusion, ChatGPT est un outil certes mais un outil doté d’une autonomie qui lui permet de devenir un partenaire de l’humain. De son côté outil, il garde les motivations et les intentions de ses créateurs qu’il faut prendre en compte avec lucidité. Son côté acteur nous oblige à repenser les relations que nous pouvons avoir lui : déléguer, piloter ou collaborer.

Est-ce moi qui ai un chat ou mon chat qui accepte d’être avec moi ?

Est-ce moi qui vais maîtriser ChatGPT ou ChatGPT qui me fera croire que je le maîtrise ?

Il faudrait que ce soit une vraie collaboration.

Jean-Louis Peretti

Edupreneur-Anthropologie; Pédagogue expérimental; Digital Humanities & Social Sciences Lecturer-Teacher 🇫🇷🇮🇹 🇪🇺

2 ans

" [...] la révolution numérique oblige l’enseignement à évoluer et à changer de culture éducative. Welcome ChatGPT et ses évolutions (ainsi que ses futurs concurrents)." Tout est dit... Innovation de rupture... évolution sous contrainte...

Yann Gourvennec

Stratégie numérique, Photographie , Marketing de contenu, Auteur, Entrepreneur

2 ans

Intéressant merci pour le partage et le lien vers l’autre billet. Je demande à voir dans quelle mesure cette bête là peut s’améliorer au fil du temps. Et le contenu est « original » car il doit être rephrasé. Pour se prononcer il faudrait connaître l’intérieur de la boîte noire. A tout le moins les turnitin de ce monde ne savent peut-être pas encore décoder les astuces de gpt3 mais ce sera une question de semaines avant qu’ils le soient. Quant à Microsoft je pense que vous voulez dire Ms Teams et non WhatsApp. Zapier permet déjà de connecter les deux ensemble. De quoi alimenter les réunions internes sans inyeeet avec des discussions automatiques sans intérêt non plus. Pour le futur il faudra attendre que la poussière retombe sur les murs. Il y a beaucoup d’affolements autour de la tech mais la prudence est de mise. N’est-ce pas Alain Lefebvre ?

PIerre Berger

Auteur et fondateur chez gouvmeth.com

2 ans

Je vais certainement essayer de jouer. Tant pis pour mes données perso...

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