Chronique d'une vi[ll]e adorée...
Le 18 novembre 2021, Catherine Verrier du ZEF - qui m'est chère depuis 15 belles années au service de Plan d'Aou [Mon Amour] - m'a fait l'amitié de m'inviter à une table ronde dans le cadre de la "semaine folle" précédant la représentation de la trilogie "Des territoires" de Baptiste Amann.
Voici ce que j'y ai dit... Merci à Farida de m'avoir poussée à le partager...
Des Territoires….
A Baptiste Amman
Et ses invités
Le ZEF – Gare Franche
Mon Territoire…
(mon introduction)
Avec cette proposition de table ronde, Baptiste Amann et le ZEF nous offrent la possibilité de profiter d’un moment suspendu, autour d’une réflexion sur Des Territoires.
En découvrant son travail si singulier, je me suis souvenue, et [je] me suis très vite rendue à l’évidence : j’avais des choses à dire.
J’ai passé les plus belles et les plus exaltantes années de mon enfance à Saint-Denis, cité Allende, Bâtiment B12 très exactement.
Je me souviens…
- Du salon qui surplombait le vélodrome (l’autre)
- De France Inter dans la cuisine américaine – déjà
- Des pêches à la ligne dans la cave de l’immeuble, organisées par l’amicale des locataires
- De mon école. De madame Guedj, qui m’a appris à lire. De madame Mascio, qui m’a appris à utiliser mon énergie
- De Paul, de Zohra, de Yen-Mi, de Paula, de Delphine aussi
- Du bol de chocolat chaud et des churros de Madame Lépine, notre gardienne
- De la découverte de Jacques Prévert, Maurice Carême et Paul Eluard
- De luges de fortunes dans des sacs poubelle sur la pente de l’espace public du quartier
- De la drogue, à la fin,
- De l’assassinat du gérant du Shopi, à la fin,
- Du suicide de cette dame du 15ème étage du bâtiment A, à la fin
- De l’élection de François Mitterrand, chez les voisins de palier, parce qu’ils avaient la télé en couleur
- Des 14 juillet à la Bastille
- Des vitrines de Noël, sur les grands boulevards
- Du Roi et l’Oiseau [au cinéma], sur les Champs Elysées
- Des vacances en Normandie
- De deux familles qui continuent à jalonner ma vie
Je me souviens de mon désarroi, en arrivant dans une petite ville du sud, d’être mise au ban.
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Je me souviens de mon vœu de contribuer, un jour, à fabriquer une ville comme celle que j’ai connue, mais en mieux.
Ce Territoire…
(quelque chose de Plan d’Aou)
Un texte que j’aime beaucoup, écrit par Jean Brémond, sociologue, avec qui j’ai travaillé pendant 10 ans sur Ce Territoire.
REf : texte FPU 2012 - Saint-Antoine et Plan d’Aou… Un peu d’histoire….
(je le publierai dans un article séparé pour cause d'incompétence informatique avérée ;-)
Nos Territoires…
(ma conclusion)
Avec des Territoires, Baptiste Amann nous fait part d’une inquiétude personnelle : quelle sera la révolution du XXIème siècle ?
A la lecture de deux de mes plus grands complices professionnels (en dehors des acteurs Du territoire !), se conforte un horizon, et l’envie d’avoir un peu d’espoir.
ELLE : [Je ne sais pas si c’est ce que tu attends mais voilà ce que cela m’inspire de bon matin]
« Les parfums, les ambiances, les lignes d’horizon s’impriment en nous dès nos premiers pas et nous offrent une mémoire qu’on ne voudrait pas voir disparaître. Les parfums, les ambiances, les lignes d’horizon se transforment et nous offrent un avenir qu’on voudrait infini. Choisir le mouvement ».
LUI : [Re contextualisation…]
« Une société qui s’adapte aux évolutions urbaines ou des évolutions urbaines adaptées à la demande sociale ? Tel est un des enjeux, selon moi, pour éviter de tomber dans le piège qui pourrait opposer nostalgiques et visionnaires (quoique les deux sont compatibles pour moi mais ça demanderait un peu plus de développement). Mais quelle est la légitimité des visionnaires face à ceux qui n’ont jamais (pu) imaginé(er) leur futur et ne voient que les traces du passé (même « mauvais ») disparaître ?… La nature humaine est toujours très ambivalente, entre désirs d’avenir et conservatismes rassurants… l’urbanisme est un des rares exercices (ce n’est pas une discipline en tant que telle puisqu’elle les conjugue toutes) à la portée de tous (collectif) et à la portée d’aucun (individuel).
C’est remettre l’être humain au cœur des transformations urbaines, c’est penser la ville pour accompagner l’évolution humaine. [C’est] Un programme politique ! »
Mais revenons à Baudelaire (qui m’a donné du fil à retordre)
« La forme d’une ville change plus vite, hélas, que la cœur d’un mortel »
A qui – anachronisme – je serais bien tentée de rétorquer aujourd’hui
« …. Mais par chance, l’esprit d’un mortel peut être animé à la fois d’une saine nostalgie, et d’un élan vers la vie ».
Me concernant, je dirai donc très simplement : prendre soin du vivant ET choisir le mouvement. Parce que je crois que c’est le sel de la vie.
Belle année à tous.
Rêvez, effrontément
Ne soyez pas trop sages
MAIS prenez soin du vivant
ET choisissez le mouvement
(la semaine prochaine, je vous parlerai de coopération dans l'action publique)