Coaches : les nouveaux psys...
Effet de mode ? Sans doute. Je dînais l'autre soir chez un couple de jeunes cadres (forcément) dynamiques dans leur nid douillet au coeur du Boboland bastillais et le débat faisait rage sur les bienfaits ou non du coaching.
Un fast-tracker surdiplômé d'un gros cabinet de conseil n'avait de cesse de faire référence à sa coach révérée pour justifier sa trajectoire ascensionnelle, tandis qu'un startuper en plein boom objectait qu'il n'avait pas besoin de béquille (sic) pour réussir. Et les autres convives de se mêler à la discussion pour témoigner de leur propre expérience ou demander des adresses, parce que "justement (ils) y pensaient".
Au royaume des clichés... Ce qui m'a surtout frappé, c'est le naturel avec lequel le sujet est venu sur la table, comme banalisé. L'héritage judéo-chrétien de notre éducation serait-il en train de voler en éclat ?
Parce que, soyons réalistes, se faire accompagner a souvent été perçu comme un aveu de faiblesse qu'il valait mieux garder pour soi. Pendant très longtemps, ceux qui avaient besoin de soutien se réfugiaient exclusivement dans la religion et le prêtre, le pasteur, le rabbin, l'imam ou le bonze les accompagnaient dans leur questionnement.
L'émergence des sciences cognitives et de la psychologie a créé de nouveaux espaces de dialogue et d'échanges et petit à petit, la figure du psy s'est installée dans les sociétés occidentales. Les Américains ont une fois de plus montré la voie et le "shrink" est devenu depuis les années soixante un must dans les "upper & middle classes". Et des intellectuels de tous bords, écrivains, cinéastes (Woody Allen l'a mis en scène à moult reprises) et autres artistes.
En France, la vague psy est plus récente (les trente dernières années ?), mais toute aussi forte. En thérapie, en développement personnel, pour des adultes, des ados, voire des enfants. Un besoin pressant de trouver un espace lieu et temps pour aborder des questions existentielles.
Et puisqu'il existait des experts capables de vous accompagner sur le volet personnel de votre existence, pourquoi ne pas imaginer la même chose sur le plan professionnel ?
De manière certes simpliste, le rôle du coach est donc de vous accompagner dans votre trajectoire professionnelle. On pourrait épiloguer longtemps sur le périmètre d'intervention, les limites à ne pas franchir, mais ce n'est pas mon propos aujourd'hui.
C'est le parallèle qui m'intéresse. Un besoin d'ouverture, de partage et d'échange avec une personne ayant le recul nécessaire et l'écoute pour vous aider à trouver le meilleur chemin, la meilleure posture. Réfléchir à deux à votre trajectoire professionnelle vous fera gagner un temps précieux pour comprendre ce qui vous anime en intégrant toutes les dimensions de votre écosystème personnel et professionnel.
Et si votre performance s'en trouve améliorée, ce ne sera finalement qu'un bénéfice collatéral, certainement pas une fin en soi.
Alors coach et nouveau psy, est-ce vraiment incompatible ?
Marc Saunder
Fondateur de NEXMOVE