Coaching normal

 « Au début, j’ai bien voulu venir au coaching parce que ça me faisait louper le cours d’espagnol. Et puis vous m’avez posé plein de questions chelou et j’ai voulu revenir pour avoir les réponses. »

 En ce mois de septembre, mois où l’on voit reparaître sur le chemin des écoles les élèves avec leur sac à dos, je pense aux jeunes collégiens que j’ai accompagnés en coaching l’an dernier, et à ceux que je vais rencontrer dans l’année qui vient et que j’ai hâte de connaître.

Il y a un peu plus d’an an, une consœur m’a parlé d’un dispositif de lutte contre le décrochage scolaire dans le Val d’Oise et m’a dit : « le cabinet qui intervient dans les collèges cherche des coachs ; je trouve que ça t’irait bien, tu devrais les appeler. ». J’ai alors contacté le cabinet Selec+ , sans aucune idée préconçue, et même sans trop savoir à quoi m’attendre, mais simplement motivée et enthousiaste à l’idée de coacher, d’accompagner.

C’est ainsi que j’ai commencé à coacher des élèves de 4ème et de 3ème, âgés de 13 à 15 ans environ, seuls et en groupes, dans différents collèges. Le coaching leur est proposé par les enseignants soit pour les aider à retrouver un sens au fait de venir à l’école soit pour les accompagner dans la résolution de certaines difficultés (confiance en soi, violence à l’école, intégration, difficulté à établir un projet d’orientation, etc.).

Un échange avec les enseignants est prévu en amont du coaching. Les parents sont également conviés à la première séance. En effet, l’accompagnement de personnes mineures, dans le cadre scolaire qui plus est, implique nécessairement des décisions, des autorisations, portées par des adultes. Cela signifie notamment que la demande et la présentation de la situation de départ sont formulées par d’autres que celui qui sera accompagné. Ce fut mon tout premier constat et il a dicté le point fondamental dans ma posture de coach avec les jeunes : les accueillir, les écouter, les regarder, EUX, bien plus que ce qui m’est dit SUR EUX. Aider ces jeunes à avoir confiance en eux, à trouver leur voie, à trouver un sens à leur parcours, c’est d’abord pour moi les reconnaître dans leur autonomie. Sans cela, comment les aider à être auteurs et responsables de leurs choix ? De cette responsabilité peut émerger la motivation… et la réussite d’un projet à soi.

J’ai donc très vite pris le parti de n’obtenir que le minimum d’informations nécessaires sur les élèves avant de les rencontrer. Et de leur porter un regard de personne à personne, un regard de confiance qu’ils ont souvent eux-mêmes perdue. Confiance en leurs qualités et en leurs capacités, confiance aussi en leur parole.

Je me rappellerai toujours ma toute première séance en collège : le jeune garçon que j’accompagnais répondait « normal » à presque toutes mes questions. « Comment vas-tu » ; « normal ». « Comment tu te sens au collège ? » ; « Normal ». Etc. J’ai été frappée par sa difficulté à exprimer une réponse à lui et j’ai bien sûr interrogé cette « normalité » pour l’aider à formuler ses propres réponses, et déjà ainsi gagner en autonomie.

 Je leur dis souvent que je les coache exactement de la même façon qu’un dirigeant. Ils trouvent cela incroyable, mais c’est vrai ! Un coaching… normal.

La suite, très vite, dans mon prochain article…

Estelle Cauvin, septembre 2018