Comment ça, "Pour ou contre l’empathie" ? Halte à la pensée binaire :)
Vous avez peut-être vu ressurgir, suite à des recherches récentes par un psychologue américain, des échanges sur les risques liés à l’empathie…
Comme le pointe Ghislain Deslandes dans un billet récent, Peter Bloom (de l’université de Yale) déroule son approche à ce sujet et « nous conseille de nous appuyer sur notre intelligence plutôt que sur notre sensibilité ».
Vraiment ?
En prenant position « contre l’empathie », Peter Bloom affiche un parti pris qui vise sans doute à stimuler les réactions -ce qui a des vertus ! En revanche, si nous formulons l’alternative issue de sa recommandation de la même façon pour la questionner, cela donne : faut-il s'appuyer davantage sur notre intelligence rationnelle ou sur notre sensibilité ?
Ce débat existe depuis des siècles... Comme chacun sait, Descartes avait promu la raison et rassuré les plus rationnels d'entre nous. Spinoza a développé une pensée différente, qui préfigure la vision contemporaine de l'intelligence émotionnelle, et autorise à sortir d'une vision binaire du sujet. Ce n'est pas sur l'une ou l'autre de ces intelligences qu'il faut s'appuyer, il s’agit bien de conjuguer les deux ! Et de passer d'une vision analytique à une vision systémique, comme pour toute problématique complexe...
En quoi cela éclaire la question de l'empathie et de ses risques supposés ? Il faut bien sûr éviter les amalgames (empathie versus sympathie, etc.) et il y aurait beaucoup à dire à ce sujet. Nous ne sommes pas tous égaux sur ce plan, certains d’entre nous ayant davantage de facilité à se mettre à la place des autres. Il y a cette fameuse découverte sur les neurones miroirs qui nous éclaire davantage depuis quelques années, apportant une preuve que nous pouvons comprendre le ressenti des autres et parfois même le vivre par procuration… Nous savons aussi que notre capacité empathique croît envers les personnes qui nous sont chères et diminue à l’inverse lorsqu’il s’agit d’inconnus.
L'empathie simulée est un biais, certes. Tout comme la complaisance, cette pseudo bienveillance qui donne bonne conscience sans régler les problèmes...
Plus que de militer pour ou contre l’empathie, ces débats me donnent envie de repenser à quelques « précautions d’usage », afin d’employer notre aptitude à l’empathie à bon escient.
Une clé me semble incontournable pour que l'empathie apporte de la valeur ajoutée à notre façon de communiquer : c’est le feedback !
C'est une façon rapide et efficace de vérifier que l'on a bien compris ce qui se passe pour l’autre -car oui, on peut projeter sur autrui des ressentis qui sont en réalité les nôtres. Sortir des non-dits et des interprétations hasardeuses grâce au feedback est une voie royale pour conjuguer intelligence rationnelle et émotionnelle !
Solliciter du feedback, au lieu de se plaindre de l'absence supposée d'empathie chez l'autre par exemple, est également une excellente manière de faire progresser la qualité de la relation. Et par là-même la confiance mutuelle…
Ces débats, aussi anciens soient-ils, s’enrichissent à la lumière de découvertes récentes. Nos études et enquêtes permettent aussi de « dépoussiérer » notre regard. Une bonne nouvelle : nous avons encore beaucoup à apprendre sur ces sujets !
Chef de projet Développement Durable
5 ansC’est ça, questionner puis faire reformuler 👍
Business Coordinator & Chargée de recrutement senior chez Robert Walters
5 ansWell done Cécile!
L’Energie Communicative. Coaching & Formation. Certifié Qualiopi. Quimper
5 ansBravo Cecile 😉
Conseiller en Insertion Sociale et Professionnelle
5 ansL'empathie et l'écoute sont, pour moi des qualités importantes au même titre que la tolérance ! Les responsables devraient avoir un minimum d'empathie face à des situations très dures quand ils doivent licencier pour des raisons financières et capitalistes ! Mais l'empathie et l'écoute ne font pas bon ménage avec le capitalisme !