Comment être attaché à son travail sans y être enchaîné ?

Comment être attaché à son travail sans y être enchaîné ?

Par son regard muet, le cinéma parvient à saisir le sentiment des travailleurs à l’égard de leur travail simplement en le montrant. L’on peut ainsi observer une réalité paradoxale : quoique la tâche soit difficile, elle sera très souvent effectuée avec justesse et attention. C’est ce que nous suggèrent des films comme Gloria Mundi, Debout les femmes ! ou encore Ouistreham. Apparaît en effet dans ces films de Robert Guédiguian, François Ruffin et Emmanuel Carrère un même phénomène : l’attachement à son travail est bien réel, quelle que soit sa classe sociale. Pourquoi prenons-nous tant à cœur notre travail ? Je crois que c’est la recherche de sens et la volonté d’apporter quelque chose de positif à la société qui motivent les travailleurs (en plus, bien sûr, de la rémunération). En janvier 2022, 76 % des actifs français se déclarent engagés et motivés par leur travail, d’après une étude menée par la Fabrique Spinoza, Norstat France et l’institut Think. Que l’on ait un métier d’agent d’entretien, d’aide à domicile, de soignant ou un tout autre, l’on est d’autant plus en phase avec son travail que l’on peut le faire avec soin. Soigner ses actes permet d’emblée de ressentir plaisir et fierté envers soi-même. Le travail “bien fait” n’est pas une option, mais l’aboutissement et la condition même d’un travail épanouissant.


Or, cet attachement au travail ne peut surgir que si les collaborateurs, managers, clients ou supérieurs accordent leur confiance envers un travailleur. Pour l’engagement et la motivation, il a été prouvé que les contraintes managériales fonctionnent beaucoup moins que les encouragements, le dialogue et l’accord pour plus d’autonomie. En 2021, un baromètre de Swiss Life indique ainsi qu’après les confinements successifs et les perspectives incertaines dues à la crise sanitaire 73,9 % des Français jugent désormais prioritaire leur liberté de choix. Des méthodes trop verticales peuvent même créer plus d’absentéisme qu’auparavant. L’absentéisme n’est pas la conséquence d’une trop grande liberté donnée mais précisément plutôt d’une absence de liberté. Et c’est alors que le cercle vicieux s’enclenche : + de contraintes, - de motivation, + de désengagement, - d’attachement à son travail.


Sisyphe travailleur pourrait-il finalement être heureux ? Qu’est-ce qui pourrait permettre de conserver l’attachement au travail de chacun sans y être pieds et poings liés ? Le scénario pour être attaché à son travail ne peut être écrit à l’avance. L’envie de bien faire - conséquente à l’attachement - ne cesse de renaître. Le sentiment, par définition, se caractérise par sa fluidité. C’est pourquoi l’on ne finira jamais de remercier un auxiliaire de vie, de féliciter ses employés, de repenser ses méthodes de travail, d’élaborer d’autres formes de dialogue. Cette précarité du sentiment d’attachement donne une valeur majeure aux signes de reconnaissance au sein du monde du travail. Et ces trois films le montrent bien : chaque jour qu’un travailleur se lève, il répète sa tâche, rencontre des difficultés - qu’il s’agit bien sûr de limiter - et devant la répétition de ses efforts, il s’agit en retour de reconnaître son engagement. Cette reconnaissance ne lassera jamais car elle peut prendre des expressions multiples. Comment contribuez-vous vous-même à la reconnaissance des gestes de chacun ? Comment restez-vous attaché à votre travail ? La confiance, la reconnaissance, l’autonomie, qu’est-ce qui compte le plus pour vous ? 


#DiscutonsChangement


Alexandre Jost, ambassadeur du changement au travail à la Fabrique Spinoza


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