Comment arrêter de penser à la place en gardant les mêmes bénéfices ?

1. Je pense donc je suis.

Je pense, enfin je crois...

Je sais très bien ce que vous allez me dire parce que je vous connais :

« Oui alors voilà on ne peut plus rien faire ! Si on ne peux même plus penser ! Mais on va où ?? »

Enfin c'est ce que j'aurai peut-être pensé si je m'étais aventurée à penser à votre place. Je connais depuis longtemps le sujet de la lecture de pensées car c'est le premier mécanisme que j'ai démonté au cours de ma psychanalyse.

Demandez-vous :

🚩Combien d’espace mental sous-louez-vous aux pensées des autres ? ❓Pensez-vous souvent à la place en étant convaincu·e que vous avez raison ?

Je crois donc je pense... à la place

Lorsqu'on a une estime de soi faible, c'est-à-dire qu'on trouve, par exemple, peu de choses dont on est vraiment fière ou qu'il nous arrive de dire tout haut « Rhoo mais je suis nul·le ou quoi ?», tout un tas de mécanismes de défense peut se mettre en place. C'est le cas pour le mécanisme de "penser à la place".

➖Comme j'ai peu de certitudes sur qui je suis, ce que je pense, pourquoi en aurais-je sur ce que pense l'autre ? Du coup zapper l'autre, son opinion, ses paroles, ses pensées parait logique. On n'en ressent pas le besoin.

🔺Ce n'est pas qu'on fait davantage confiance à ce que l'on pense, non, il ne s'agit pas d'une attitude hautaine, il s'agit simplement d'une habitude défensive.

Je sens donc je sais

Il est primordial de distinguer "se mettre à la place", qui est une posture enpathique et "penser à la place" qui est une posture défensive. Se mettre à la place de quelqu'un induit que l'on porte de l'intérêt à l'autre et penser à la place de quelqu'un induit qu'on n'a pas besoin que l'autre s'exprime pour créer des pensées à sa place.

🚀Bref : empathie oui, supposition non.

Pourriez-vous kidnapper quelqu'un ? Pourriez-vous faire un hold-up ?

2. Qu’est-ce que penser à la place de ?

Une interprétation

La lecture de pensées est une distorsion : une déviation entre les données des faits, d'une situation réelle et l'interprétation que nous en faisons.

Vous entendez des paroles, vous voyez des gestes. Vous les mettez dans votre être : le temple de vos expériences, de vos perceptions. De là nait votre interprétation. C'est un mensonge involontaire.

Nous tirons tous des conclusions en fonction de notre propre système de pensées. 

Mais je sais que vous le savez déjà. Vous avez lu plein de truc là-dessus. L'histoire du prisme qui déforme ce que vous croyez avoir compris. LES BIAIS ! Vous le savez déjà que ça vous prend la tête dans le sens littéral du terme, du cerveau disponible en moins.

Combien d'embrouilles dues à des « je me suis dit que...vu que...». Combien de malentendus parce qu'au lieu d'écouter pleinement l'autre vous avez pris des raccourcis, les fameux biais cognitifs qui font gagner du temps à votre cerveau pour faire des conclusion hâtives (et souvent fausses).

Je le connais depuis plus de 10 ans.

Je sais ce que vous allez me dire : votre instinct vous trompe rarement. Vous avez souvent raison lorsque vous supposez parce que vous avez une sorte de...super pouvoir.

Cependant malgré votre perspicacité combien de fois vous êtes vous trompé juste parce que vous avez pensé à la place ?

Évidemment qu'instinct ➕ expérience donnent de bons résultats. Nos proches n'ont presque pas de secret pour nous. Mais est-ce que bien connaître quelqu’un vous donne le droit de penser à sa place ? Rien n'est moins sûr !

La télékinésie n'existe pas. Et entre nous ce n'est pas plus mal....

Revenons à votre prisme. Lui aussi vous pensez bien le connaître n'est-ce pas ?Savez-vous que chaque mot que vous entendez, chaque geste que vous percevez est soumis à votre prisme et à votre humeur, votre état d'esprit et celui de toutes celles et ceux que vous avez croisez dans votre journée. Et chaque mot, chaque froncement de sourcil de votre interlocuteur est également la somme de ses expériences passées et l'aléatoire mouvement de ses humeurs.

Les interprétations que vous faites dépendent de votre humeur, de ce qui vous traverse l’esprit à ce moment-là, de ce que vous avez déjà vécu comme expérience avec telle ou telle personne. Imaginez ces infinies possibilités.

3. Qu'est-ce que le mindjacking ?

Un vol

"Penser à la place" c'est voler la liberté de penser de l'autre. Et prendre la liberté de l'autre c'est prendre le pouvoir sur l'autre. C'est involontaire, n'est-ce pas ? Anticiper c'est logique, et puis il faut bien que vous vous prépariez. À répondre, à agir. Et puis sans anticiper comment répondre à l'attente de l'autre ?

D’ailleurs, quelle est votre intention quand vous faites de la lecture de pensées ? Vous protéger face à une éventuelle attaque ? Correspondre au mieux à ce que vous pensez que l’autre attend de vous ? Imaginer tous les scénarios possibles pour être prêt·e à réagir ?

Un détournement

Si vous avez quelque chose à dire, dites-le sans priver l’autre de sa liberté de réponse. Comment pourriez-vous anticiper toutes les réactions de tout le monde ? Aimez-vous les probabilités à ce point là ? Si vous avez un doute sur ce que quelqu’un a dit, posez une question pour vous assurer d’avoir bien compris.

Poser une question ce n'est pas ne rien avoir compris au propos de votre interlocuteur, mais oui c'est un risque : le risque de dévoiler que vous avez besoin de quelque chose venant de l'autre.

Poser une question c'est une posture qui peut être compliquée pour les personnes qui revendiquent fort leur indépendance, leur autonomie et/ou qui ont une faible estime de soi.

Vous allez voir, vous vous porterez bien mieux et vos relations aussi par ce mouvement de balancier allant de votre interlocuteur à vous.

4. Suis-je un·e Mindjackeur·se ?

Encore faut-il le savoir

🚩Vous utilisez comme moi au début de cette article des bout de phrases comme "je sais ce que tu vas me dire" ou "pas besoin de me le dire, je sais très bien ce que tu en penses".

🚩Vous ressentez une courte gêne lorsque vous n'avez pas compris parfaitement ce qu'on vous demande de faire mais vous êtes vite rassuré·e par votre tête qui vous dit que vous allez très bien vous débrouiller (seul·e).

🚩Vous êtes doué·e pour ressentir ce que ressente les gens depuis bien longtemps tant et si bien que vous n'interrogez plus ou très peu votre interlocuteur qui n'a plus la possibilité de s'exprimer pleinement, par lui-même.

🚩Vous aimez les stratagèmes et les phrases de logiques conditionnelles "si je fait ceci alors cela sauf si donc...et comme ça tout ira bien".

Encore faut-il le reconnaître

Depuis le début de cet article, je vous répète que "penser à la place de" c'est voler et voler c'est mal. Mais je sais que ce type d'argument n'est pas suffisant car il est très facile à nier, il est facile de dire qu'il s'agit de mon point de vue, d'une opinion plutôt que d'une vérité. Il en serait de même si j'avais des chiffres pour porter mon propos car "On fait dire ce qu'on veut aux chiffres".

Du coup j'ai décidé de faire appel à votre ressenti :

🚩si durant la lecture de cet article vous avez pensé ou dit "ah ça c'est vrai que des fois je le fais" vous êtes pleinement concerné·es. Et il n'y a rien de mal à ça car remarquer et/ou ressentir que vous pourriez avoir recours à ce mécanisme c'est un levier d'attention pour la prochaine fois où ce réflexe viendra parasiter votre système de pensée.

5. Comment arrêter de penser à la place et garder les bénéfices que vous y trouvez.

Les bénéfices à penser à la place (avant)

Oui, il y a des bénéfices à penser à la place sinon pourquoi continuer à le faire.

➖ Vous avez plus de chance de plaire et moins de chance de déranger.

➖ Vous évitez de vous ridiculiser à poser 36 questions comme si vous étiez un·e idiot·e.

➖ Vous restez dans un mécanisme sûr car aucune autre personne que vous n'entre dans l'équation pour vous influencer.

➖ Vous restez dans un mécanisme rassurant car vous êtes le maître de ce processus.

Vous voyez, il y a un jeu de protection de votre intégrité, de protection de votre espace mental, de votre équilibre intérieur, équilibre qui n'a pas du être facile à atteindre. On va garder cette protection dans le changement ne vous inquiétez pas.

Et maintenant on arrête (pendant)

Arrêter c'est un changement et un changement demande du temps mais rien n'est figé. Certains arrêtent de fumer du jour au lendemain d'autres font des essais avant d'y arriver. Un changement n'est pas une transformation, ça n'est pas une révolution, ça ne va pas vous éloigner de vous-même, bien au contraire.

Vous aimez anticipez, vous aimez avoir un contrôle fort sur votre environnement, alors vous allez pouvoir continuer d'avoir ce fonctionnement qui vous appartient en vous débarrassant de l'habitude parasite de penser à la place.

Vous n'allez pas perdre votre pouvoir, vous allez juste rendre le sien à votre interlocuteur.

Voici ce qui peut se passer lorsque vous allez actionner le changement (et c'est valable pour d'autres démarches vouées au changement)

👉Nier : vous n'êtes pas concerné, d'ailleurs vous n'avez certainement pas lu l'article jusqu'ici la 1ère fois. D'ailleurs dès que le mot changement apparaît ça vous agace. D'ailleurs les bénéfices du changement qui arrivent au paragraphe suivant ne sont pas extraordinaires que ça. D'ailleurs vous allez fermer cet article et faire autre chose.

👉Négocier : vous voyez bien qu'il y a matière à discuter, vous avez même lu quelques phrases pleines de bon sens. MAIS de là à changer votre système de pensée...c'est un peu intrusif. Vous pensez déjà à faire la part des choses et peut-être même que vous êtes en train de vous persuader que vous êtes davantage empathique que voleur de pensées. Du coup il n'y aurait pas grand changement à enclencher voire aucun.

👉Navrer : vous acceptez qu'en effet ce mécanisme est présent dans votre fonctionnement de pensée et cela vous touche profondément comme si vous vous découvriez un défaut innommable. Vous acceptez de vous en défaire. Cela vous peine.

👉Nover (Substituer une vision nouvelle à une vision antérieure) : vous vous adaptez au changement d'abord en notant lorsque le mécanisme se met en place puis progressivement en le remplaçant par le système de questions, par exemple. Le changement apporte de nouvelles compétences et de nouveaux comportements.

Les bénéfices d'arrêter (après)

🚀Vous gagnez de la place pour vos propres pensées, vos pensées prennent plus d'ampleur, votre mode de pensée se développe, vous êtes plus efficace dans toutes les sphères de votre vie, plus créatif·ve aussi.

🚀Votre confiance en soi (vous/les autres) n'est plus malmenée par des doutes et des peurs. Elle peut s'étendre à toutes les sphères de votre vie.

🚀Votre estime de soi (vous/vous-même) arrête de s'effriter. Vous allez pouvoir la développer et tenir une posture plus digne.

🚀 Vos relations sont plus saines et pérennes. Moins de malentendus c'est moins de conflits, moins de frictions négatives, moins de stress, de regrets aussi.

Épilogue

Il y a diverses façons de "penser à la place".

Il y a les stratégies d'anticipations, il y a les raccourcis limitants que vous faites avec les personnes que vous connaissez, il y a le malaise de demander des précisions qui vous fait rester seul·e dans votre tête à faire des suppositions.

“Lorsque nous ne comprenons pas une chose, nous faisons une supposition quant à sa signification, et, lorsque la vérité se fait jour, la bulle de notre rêve éclate, et nous découvrons que les choses n’étaient pas du tout comme nous le pensions.”

Les 4 accords Toltèques. Don Miguel RUIZ

🔮Je sais que nous sommes à une époque où faire des prédictions est la clé d'une certaine réussite financière. Cependant calquer des mécanismes économiques sur des relations humaines ne rapportent pas le même succès. Lorsqu'on pense à la place de on s'enferme dans un mécanisme de réflexions à huis clos, un mécanisme de vol de pensées. Les 2 parties sont lèsées.

Vous n'aurez jamais la masse totale des informations concernant l'autre, aussi proche soit il.

🔺Vous vous êtes reconnu·e dans ce mécanisme de pensée mais vous n'avez lu qu'à moitié cet article ? Je vous conseille de le relire dans son intégralité lorsque vous prendrez le temps car il est construit de façon à ce que vous conscientisiez les méfaits de penser à la place de et les avantages de s'en libérer. 🔝

🔺Vous vous êtes reconnu·e dans ce mécanisme de pensée et vous avez besoin de vérifier si en effet votre estime de soi est atteinte par ce mode de pensée parasite ? Je vous invite à faire l'autotest Échelle de Rosenberg pour obtenir votre quotient d'estime de soi cela vous permettra d'être pleinement conscient·e du niveau de votre besoin de changement. Laissez-vous guider.

🔺Vous êtes passé·e par là ? Témoignez en commentaire, votre expérience peut servir à ceux qui n'en sont pas encore là.🔜