Comment impliquer des apprenants démotivés ? Synthèse d'une discussion riche...
Il y a trois semaines, je demandais ici-même quelques idées (et un petit remontant), suite à une problématique rencontrée lors d’un atelier auprès de personnes en recherche d’emploi. Je ne m’attendais pas à tant de retours, ni tant de riches contributions ! Mais la communauté des formateurs et formatrices de mon réseau est vraiment nourrissante.
J’avais promis de vous faire une synthèse, la voici. Vous la méritez bien 😊
Tout d’abord, quel était le problème ?
Résumons rapidement en disant que les personnes participant à mon atelier ne semblaient pas vraiment intéressées par le sujet, et que j’ai eu du mal à les impliquer malgré le soin que j’avais apporté à préparer des séquences variées, ludiques, et à donner du sens aux apprentissages du jour.
J’ai donc posé les questions suivantes :
❓ Comment faites-vous pour donner de l’intérêt à un contenu qui peut leur sembler loin de leurs réalités ?
❓ Comment réveillez-vous un groupe peu impliqué ?
❓ Pensez-vous que l’animation peut compenser un manque d’intérêt manifeste pour le sujet, ou qu’on ne peut pas lutter ?
Des réponses nombreuses, riches, et variées
Chaque commentaire qui m’a été fait apporte de la valeur en soi. Même si certaines idées n’étaient pas applicables dans le contexte de cet atelier, elles pourraient l’être dans d’autres circonstances. Je remercie encore et encore chaque contributeur et contributrice pour sa prise de recul et son temps.
En voici les 3 axes essentiels (même si je vous recommande chaudement de retourner lire les réponses une à une, tant elles amènent de détails et d’approches intéressantes) :
1/ Donner du sens pour impliquer, et si besoin… oser challenger son animation et son déroulé
- Bien amener le sujet, ça va de soi : travailler sur les représentations des participant·es, avant même d’entrer dans le vif du sujet, pour créer une forme de rupture avec les idées préconçues et leur faire prendre conscience de leur niveau de connaissance autant que des axes de progrès en la matière
- Fixer des objectifs collectivement, pour se donner les moyens de les atteindre ensemble
- Si vraiment rien ne fonctionne, si la situation semble bloquée, mettre carte sur table, s’affranchir de son scénario pédagogique pour aller chercher les apprenant·es, les questionner, les challenger pour trouver une réponse collective au manque de sens pour eux de l’activité : mettre le POURQUOI au centre des échanges, et s’aider pour cela de tous les outils dont nous disposons dans nos besaces de facilitateurs·trices (outils d’animation collaborative, photolangage, etc)
- Inverser les rôles demandeur d’emploi – employeur pour les mettre en situation de réfléchir autrement et d’adopter un point de vue plus stimulant
- Mettre de l’humour dans tout ça, pour détendre l’atmosphère, dédramatiser le contexte, ouvrir les esprits
2/ Réinterroger le contexte de l’atelier
- Valider en amont avec le commanditaire la pertinence du sujet au regard du parcours des participants, l’adéquation entre le thème de l’atelier et les objectifs individuels des participants ainsi que le timing
- Tenir compte du fait que les participants viennent de leur plein gré ou plus ou moins contraints : cette remarque est revenue très souvent. Contraindre les gens à participer est souvent contre-productif, et rend la session pénible autant pour le formateur que pour l’apprenant. Aux commanditaires de revoir leurs stratégies, et d’avoir une approche plus ciblée, dans une logique de co-construction de parcours. Sur ce plan-là, nous n’avons pas la main, certes, mais il est intéressant de faire ces feed-backs pour faire évoluer les pratiques.
[De fait, je constate que les échanges que j’ai eus en aval de cet atelier avec le commanditaire ont en effet permis d’amener des réflexions plus riches pour un prochain atelier.]
3/ Lâcher prise (ça, c’est pour moi 😊) :
- Non, notre (ma ?) mission n’est pas de convaincre 100% des participants. Non, nous n’avons pas toutes les clés en main : malgré toute l’énergie qu’on peut déployer pour que ça fonctionne, certains facteurs externes empêchent l’atelier de bien fonctionner, et nous ne pouvons pas forcément y faire quelque chose. A partir du moment où l’on est capable de remettre en question ses pratiques pédagogiques, il faut aussi savoir accepter que la cause ne vienne pas (que) de nous.
Last but not least… une analyse de pratique !
Comme si tout cet élan n’était pas suffisant, et sous l’impulsion de Fatiha Merchougui 🙏, nous nous sommes également réunis en visioconférence, pour faire une séance d’analyse de pratique. J’ai ainsi pu profiter du regard affûté de 6 formateurs et formatrices qui se sont penchés pendant un peu plus d’une heure sur le sujet, et nous en avons tiré les hypothèses ou conclusions suivantes :
- Le timing de l’atelier au sein de ce parcours spécifique n’était pas bon. Il n’arrive pas au bon moment pour les participants qui n’ont pas assez de recul sur leur situation professionnelle et sur le monde des réseaux sociaux à ce stade.
- Lorsque ça bloque, lorsqu’on sent un rejet, creuser les raisons du blocage par des questions ouvertes, et déplacer le sujet sur un plan plus fictif que personnel.
- Les mettre devant leurs responsabilités : que veulent-ils ou elles ? Demander un positionnement clair permet d’éviter le triangle de Karpman
- Travailler sur un scénario du futur pourrait permettre à tout le monde de se projeter un peu plus, sans chercher à convaincre mais plutôt à ouvrir les possibles
- Elargir le cadre de l’atelier pour leur proposer d’aller travailler sur des sujets plus en lien avec leurs centres d’intérêt mais connexes au sujet, et refaire le lien avec le sujet de départ à la suite de ce travail
Je ne peux que vous recommander ce type d’exercice, vraiment pertinent et profond.
Voilà pour l’essentiel. C’est trop long et trop court en même temps, il y a tant à dire, imaginer, revoir, interroger, tenter ! Mais je vais m’arrêter là, promis, et vous inviter en guise de conclusion à partager vous aussi vos questionnements.
La transparence amène des réponses sincères et chaleureuses, elle permet de sortir de l’isolement relatif de nos conditions de formateurs, de faire de belles rencontres, et d’apprendre toujours plus.
RDV le 18/02 🤝 J’aide les entrepreneurs sportifs et créatifs à avoir un business qui tourne, facile à gérer et qui leur dégage du temps pour leurs PASSIONS 🌿🏃♂️☀️ | Méthode VAMOS | Coaching Linkedin| Réseau
4 ansTrès bonne idée de contenu Ingrid Sem-Le Tessier Excellent ! Un condensé de réflexions Toujours voir le verre à moitié plein et aller de l'avant
Fondatrice de COLEARNS | Learning Services for Business performance
4 ansSuper d'avoir compilé tout ça 💪 Des idées à garder en tête quand ça ne marche pas comme prévu, et tout ne marche pas comme prévu... Ce sont les risques du métier 🙃 un petit remontant, un brainstorming sur les alternatives et on repart de plus belle en acceptant que faire de son mieux est la seule obligation qu'on peut raisonnablement se fixer !
Consultante-Formatrice-Auditrice QUALIOPI | 💡 Formateurs, OF, je vous accompagne vers la réussite de votre certification.
4 ansMerci pour cette synthèse très riche d'une analyse de pratique à partir d'une situation pédagogique qui apparaît au départ comme non réussie et qui ne peut évoluer que vers une amélioration significative. Super démarche Ingrid.
Cheffe de projets formations, ingenieure pédagogique digital learning
4 ansMerci pour cette synthèse et ce partage!
Facilitatrice en intelligence collective - Formatrice- Consultante - Prévention des risques professionnels ✅ Teambuilding créatif✨
4 ansMerci pour cet intéressant partage.