Comment j'ai perdu 70% de mon audience et de ma visibilité sur le web.
Dans le cadre de mes recherches en tant que Designer de l'effondrement, j'essaie de comprendre l'évolution des usages du TEMPS des humains online et de leur ATTENTION. En effet, toute l'économie repose sur ces deux aspects de la vie : la quête de l'optimisation de son temps ET capter l'attention des autres. En effet, dans un monde virtuel où il est possible d'accéder à tellement d'informations, de stimulations et de connaissances, difficile de ne pas se faire attraper par le contenu des timelines des réseaux sociaux et difficile de proposer du contenu qui retiendra l'attention des autres...
Comportements sur les réseaux sociaux.
Sur Facebook, Instagram, Twitter et les autres réseaux sociaux, la quantité de temps alloué peut-être très conséquente pour certains (plus de 4h par jour). Malgré tout ce temps, l'attention est très dispersée : pas plus de 30 secondes pour une vidéo, 30 secondes aussi pour du texte et 10 secondes pour une photo.
À ce stade de l'article, déjà 60% des lecteurs auront stoppé et quitté la lecture.
Pour attirer l'attention, il faut ce qu'il faut pour attirer l'œil : animations, couleurs flashs et quelque fois brutales, rythmes intenses, des titres accrocheurs pour sur-vendre le contenu, tout est prétexte à inviter au clic ! Si l'utilisateur clique, alors on débloque 30 secondes supplémentaires de son attention, cette fois en contexte d'un site de vente, d'un article, d'une vidéo plus longue,etc... Tout doit être clairement pensé, préparé et réalisé pour que jamais le niveau d'attention ne retombe, sinon, c'est la dispersion, le fil attentif est rompu et l'utilisateur quitte et retourne à sa timeline principale...
Si vous jouez bien le jeu.
Bravo ! Vous avez certainement augmenté de manière très conséquente le nombre de likes et de followers sur vos pages ! Vous avez peut-être même réussi à retenir l'attention nécessaire pour augmenter les conversions, les achats et autres leads de vos produits. Si vous cherchez plus d'audience pour vendre, alors les techniques de marketing automation et autres expertises social média sont plus que nécessaires. Vous pouvez aussi payer les plateformes régulièrement pour remonter dans les algorithmes, mieux cibler votre audience, etc...
Malheureusement, et suivant quelques études récentes, cette réussite restera très éphémère : une audience qui perd l'attention perd également l'intérêt pour votre marque et vos produits. Il faudra alors se renouveler rapidement, et suivre le rythme des tendances qui s'accélère toujours de plus en plus ! Le client est devenu un consommateur express, il aime pendant 2/3 mois et puis jette pour une nouvelle marque, une nouvelle communauté, etc... Son attention ne peut plus se fixer, il ne peut alors plus s'arrêter très longtemps sur quoi que ce soit : il aime, il n'aime plus, il aime quelque chose de nouveau, il change et ainsi de suite...
Si vous ne jouez pas le jeu.
Peut-être que vous écrivez, que vous partagez, non pas dans l'objectif de vendre ou de gagner en notoriété, mais plutôt parce que vous voulez tout simplement partager de la connaissance, des recherches, des études ou de la création de qualité. Si votre démarche est purement de proposer et mettre à disposition, vous n'avez pas envie de jouer la carte du marketing, vous voulez simplement écrire, réaliser, présenter et partager. Votre contenu se retrouvera alors noyé dans la masse des autres médias, remontera même difficilement aux yeux de vos proches et amis... Il faudra trouver d'autres moyens, pas trop intrusifs, simplement pour exister online : faire pleins de petits groupes sur Facebook, quelques jolies stories sur Instagram, partager vos liens dans des conversations Messenger, etc...
Cependant, en utilisant toujours ces outils de "consommation de contenu de masse", vous resterez soumis aux dures lois de ces environnements : très peu d'attention pour chaque contenu et votre contenu n'est qu'une unité parmi tant d'autres... Si l'audience aime le titre et les accroches, elle like et commence à "consommer", mais malheureusement, elle aura rarement la disponibilité pour se poser au calme et profiter de ce que vous partagez à hauteur de l'intention que vous mettiez dans sa quantité, sa richesse, etc... Même l'article le plus pertinent pour une personne particulière finira dans une liste en "read later", parce que "c'est important", mais ne sera certainement lu que dans 20% des cas...
Continuer à partager, mais seulement en lettres (newsletters).
Dans ce contexte de "crise de l'attention", vous pouvez tenter de prendre le virage que beaucoup prennent : ralentir le partage, l'adapter à un contexte plus lent, prendre le temps et inviter à prendre le temps...
C'est ce virage que j'ai pris il y a 1 mois et demi : j'ai décidé de ne plus apparaitre de manière systématique et à coup de partage et repartage sur les timelines de tout le monde et souvent en doublons ou triplons sur la même semaine (situation forcée pour ne serait-ce qu'être visible par la plupart des gens). J'ai décidé de recentrer ce que je partage sur un format de lettres numériques (newsletters).
Ainsi, plusieurs newsletters, plusieurs thèmes différents, regroupant tout ce que j'écris, recherches, explorations, partages... Pour découvrir tout ce contenu proposé, il suffit de s'abonner aux lettres de votre choix.
La logique par rapport aux réseaux sociaux est alors totalement différente : au lieu de "flasher" continuellement l'œil d'une audience sur-sollicitée, je mets à disposition, à ceux qui veulent, du contenu pensé, préparé et d'intention de quantité et sincère. En général, la fréquence est d’une lettre par mois pour chacun des thèmes. Pas de pub, pas de titre accrocheur simplement pour accrocher, pas de format brutal et agressif, rien à vendre directement. Tout est dans la douceur et invite à prendre le temps : un texte, une petite histoire, quelques liens vers des articles moyens et longs formats, certainement une invitation à passer 25/30 minutes par lettres, à apprendre, explorer, découvrir.
Ainsi, je ne participe plus à la pollution numérique de l'attention et à la dispersion de masse. Moi-même, je ne vais quasiment plus sur les réseaux sociaux, je "follow" surtout les newsletters de ceux qui m'inspirent et qui me font découvrir des recoins de curiosité dont je n'avais même pas idée... Je nage dans un monde de curation et d'intention portée sur la création d'un réseau de connaissances en commun et équilibré.
La crise du temps et de l'attention.
Je reviendrai alors au titre (forcément voulu accrocheur, nous sommes sur LinkedIn) de cet article : en centrant mon partage sur les newsletters, j'ai perdu 70% de mon audience et de ma visibilité sur le web.
Pour gérer la transition, j'ai partagé autant que possible sur tous les réseaux sociaux et j'ai marqué le coup avec un article dédié et une petite vidéo sur Instagram. Pas mal on suivi et ont rejoint certaines des newsletters. Jusque-là, tout va bien.
Ensuite, j'ai lancé les newsletters > 70% d'ouverture en moyenne, ce qui est très correct comme taux d'ouverture. Taux de clics sur les éléments partagés ? 10% max...
C'est là que le bât blesse : même en contexte d'une lecture choisie, sur boîte mail plutôt que sur les réseaux sociaux, la crise du temps et de l'attention est toujours présente. 30 secondes pour découvrir et lire la newsletter, c'est OK. Plus de 2 clics et ajouter 3/4 minutes d'attention, difficile... Je découvre alors après un mois et demi une réduction très conséquente de la visibilité de ce que je partage.
Que faire alors ?
Je n'ai que les réponses de ma propre expérience en cours : accepter ! Accepter de ne plus participer à surcharger, accepter d'être moins visible et que développer mon audience prenne beaucoup plus de temps. Accepter ce sentiment, comme de s'effacer soi-même des internets. Accepter aussi que notre monde soit saturé au point que les codes changent et que tout retrouve un chemin plus organique : peut-être que le bouche à oreille va reprendre son droit dans le partage, d'une personne à l'autre à un rythme très très lent. Ou pas, et ceux qui ne joueront pas le jeu du marketing et de l'influence disparaîtront...
Le retour au local et offline prendra alors toute son importance. Ou pas 🤼.
Il n'est pas évident d'accepter de disparaitre lorsque l'on souhaite partager sa curation justement pour proposer des canaux de qualité en dehors des canaux de masse surchargés...
Je continuerai cependant mes explorations dans ce sens : mettre mon temps et mon attention sur la qualité, la diversité des ressources, les liens et autres articles que je partage. Préparer et partager du contenu pour le contenu et non pas pour gagner en audience. Remettre clairement et radicalement la connaissance et le savoir au centre et l'accompagner d'une forme adaptée pour que ce soit "beau". Faire et proposer du BEAU, parce que c'est ce que mérite notre TEMPS et notre ATTENTION, en dehors de toute pollution supplémentaire.
Continuez de partager, parce que c'est en faisant circuler la connaissance que nous pouvons créer une abondance de savoirs pour tous.
Designer d'experience apprenante Augmenté au service de la transformation IA 🤖 @ BNP Paribas #BivwAk! # 🌍
5 ansBravo pour le sujet #design de l’#attention +1 pour moi
Co-fondateur de TheTandem / Nous accompagnons les entrepreneurs et dirigeants d’entreprise / Spécialiste en transformations
5 ansEt surtout nous avons besoin de contenu de qualité et des bonnes sources et pas d’océans à voler l’attention pour vendre ! Merci :)
TPE-PME Lyon & région : Votre experte communication digitale🌟 Augmentez votre notoriété, développez votre business 👩🦳 Passionnée Web / Entreprises à mission-impact / Silver économie
5 ansBravo d’oser tenter cette expérience de la réelle déconnexion des RS pour un retour contact véritable au genre humain du client-prospect. Nous ne sommes pas que des profils :)
Poulpe chez Flatchr - Head of CSM 🐙
5 ansMerci Fabrice pour ce très bel article en mettant en lumière un retour à l'essentiel, à l'authentique au sein d'un environnement en perpétuelle sollicitation ! (j'atteste ... article lu en entier :) )
😉 D'humain à humain vous allez faire savoir que vous avez un savoir-faire - Business developer
5 ansVotre article que j'ai lu jusqu'au bout, m'a bien parlé. Let it slow !